vendredi 11 mars 2016

La révolution numérique leur donne des ailes


Les jeunes actifs plutôt optimistes 
face à la quatrième révolution industrielle

La révolution numérique leur donne des ailes. En moyenne, les deux tiers des jeunes entrant dans le monde du travail débordent d’optimisme quant à leur avenir professionnel, selon une étude diffusée lundi 18 janvier par l’indien Infosys, société prestataire de services informatiques. Mais les Français, comme souvent dans les sondages, se distinguent par leur pessimisme relatif : seulement 9,75 % se déclarent « très optimistes » et 43,06 % « assez optimistes ». Seuls les Australiens se montrent encore plus négatifs.
Infosys a interrogé dans neuf pays, en novembre, 1 000 jeunes actifs âgés de 16 à 25 ans sur la manière dont ils voyaient leur avenir dans la perspective de la quatrième révolution industrielle, thème sur lequel va plancher le forum économique mondial de Davos à partir de mercredi 20 janvier. A l’ère de l’intelligence artificielle, du big data ou de l’imprimante 3D, les jeunes sont conscients de la menace : en moyenne 4 sur 10 imaginent que leur emploi pourra être remplacé par un robot d’ici dix ans.

Pour autant, ils restent optimistes sur leur capacité à se faire une place au soleil. Avec néanmoins deux camps bien distincts. « Les quatre pays émergents surpassent les cinq économies développées quant à leur vision positive sur leur emploi futur », souligne l’étude, qui voit les pays émergents aborder la quatrième révolution industrielle avec une « longueur d’avance ».

« Débloquer cette nouvelle génération »
Ce sont les Brésiliens qui ont le plus confiance en leur avenir, suivis des Sud-Africains, des Indiens et des Chinois. « Cela s’explique notamment par le fait que les jeunes dans les pays émergents accordent une plus grande valeur à leurs études », analyse Emmanuelle Blons, chez Infosys. Surtout, dans les pays émergents, la génération Y prévoit que les compétences en matière de nouvelles technologies seront décisives. Or, ils s’estiment bien préparés sur ce plan. Ainsi, enInde, 60 % des jeunes interrogés jugent avoir les compétences nécessaires pour réussir leur carrière, contre 25 % en France.
La morosité ambiante dans l’Hexagone n’explique pas tout. Alors qu’Infosys établit cinq profils en fonction des aptitudes revendiquées et de l’intérêt pour les nouvelles technologies, c’est la France qui arrive en queue de peloton. Au pays des ingénieurs et de la sélection par les maths, seul un jeune Français sur 8 figure dans la catégorie des « gourous de la tech », contre 45 % en Inde, 35 % au Brésil ou 27 % en Chine. En moyenne, 20 % des sondés dans les pays développés sont considérés comme des mordus des techs. A l’autre bout du spectre, les « illettrés de la tech » sont les plus nombreux en France (28 %), contre une moyenne de 10 % dans les pays développés, et seulement 2 % en Inde.
« Il ne s’agit que d’une perception, mais il n’y a pas de raison que les jeunes Français soient classés à ces niveaux. On a tout ce qu’il faut en France », s’alarme Mme Blons : « Il faut renforcer l’apprentissage des nouvelles technologies mais aussi aller plus loin et apprendre à apprendre afin de débloquer cette nouvelle génération. » En moyenne, 65 % des 16-25 ans interrogés considèrent avoir fait des études qui les arment suffisamment pour faire face au changement : ils sont 70 % en Afrique du sud, Chine et Brésil et seulement 51 % en France.

Inégalités homme-femme
La création de la grande école du numérique par le président Hollande en septembre 2015, qui vise à labelliser une cinquantaine d’établissements, constitue une réponse, mais très partielle. Car, au-delà de la formation, la grande différence entre les pays se situe au niveau de l’appétit des uns et des autres pour l’informatique. « Là où 75 % des jeunes en Inde et en Chine ont envie d’améliorer leurs compétences en matière d’analyse des données, ils sont seulement 47 % en Allemagne et en France », souligne l’étude.

Autre divergence inquiétante, celle entre les hommes et les femmes. Là encore, si la différence, en Inde ou en Chine, est ténue, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, les garçons sont deux fois mieux classés que les filles sur l’échelle du « geek ». Et ce sont les jeunes Françaises qui réalisent le moins bon score parmi les neuf pays…
En clair, au moment où les sociétés tentent de réduire les inégalités de genre dans le monde du travail, la quatrième révolution industrielle promet au contraire de les accroître. « La seule manière d’y remédier est de former de plus en plus tôt aux nouvelles technologies pour que “tripatouiller” un ordinateur devienne naturel à tous », conseille Mme Blons d’Infosys.

LE MONDE ECONOMIE | 18.01.2016 à 11h05 • Par Isabelle Chaperon

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/18/les-jeunes-actifs-plutot-optimistes-face-a-la-quatrieme-revolution-industrielle_4849024_3234.html#g4RE2WACuojyowhe.99