mardi 30 janvier 2024

Maeva Rautmann (bac 2009), Directrice territoriale Alsace pour APF France Handicap, partage ses engagements

 

J'ai eu la chance d’être au collège et Lycée au sein du Gymnase Jean Sturm jusqu'à l'obtention de mon baccalauréat scientifique en 2009. J’ai très vite constaté la qualité des enseignements dispensés malgré mon jeune âge : par la bienveillance des professeurs et leur demande de rigueur, par la variété des supports et interventions proposés.  

J’ai réalisé par la suite à quel point cela m’avait été utile et m’a permis d’apprécier l’apprentissage grâce aux méthodes transmises, à l’écoute dans un collectif, au soutien des élèves pour qu’ils deviennent le meilleur d’eux-mêmes. 


Ce que je retiens est que l’exigence attendue était bien présente mais que tous les moyens étaient apportés pour que chacun développe ses connaissances et ses compétences. En plus de poser des bases solides théoriques, ces années d’adolescence vers l’âge adulte permettent d’apprendre énormément, la personnalité et le caractère se forgent autour de valeurs individuelles partagées et d’une ouverture d’esprit qui a été possible grâce à cet établissement. Les voyages organisés, les échanges dans d’autres pays, les travaux de groupe, la vie dans l’école sont des souvenirs inoubliables tout comme la fusion avec Lucie Berger que j’ai vécue en 4ème et qui a contribué à dynamiser mes années lycées.  

Cela m'a beaucoup marqué et apporté dans ma vie professionnelle et dans ma vie d'adulte aujourd'hui.  Je suis infiniment reconnaissante d'avoir pu effectuer la scolarité au sein du Gymnase, j'ai développé des savoirs-être et des amitiés précieuses toujours d'actualité. 

Mon choix d’orientation 

Un élément important a orienté ma trajectoire professionnelle.  Lorsque j’étais en 4ème, une intervention au sein du Gymnase a été organisée dans le cadre d’un cours qui s’appelait à l’époque « regards croisés » : elle a retenu toute mon attention. Il s’agissait du témoignage d’une personne devenue non voyante à 20 ans et qui a fait preuve d’une résilience et d’un courage inspirants pour obtenir de nombreux diplômes en nous expliquant que tout était possible, il suffisait de trouver les moyens de s’adapter. Par la venue et l’intervention de cette personne et le témoignage de son parcours, j’ai constaté que l'inclusion de personnes touchées par un handicap faisait partie du projet éducatif du Gymnase. J’ai particulièrement été touchée par la possibilité de militer et soutenir des droits pour des personnes qui au-delà d’un handicap ou d’une différence sont tout d’abord des citoyens qui devraient accéder aux mêmes possibilités : l’éducation, la culture, le logement, l’emploi et bien sûr la santé.  


J’ai commencé par m’inscrire au Secours Populaire Français en tant que bénévole pour du soutien scolaire à des élèves qui avaient de lourdes pathologies puis j’ai poursuivi cet engagement en passant mon diplôme des premiers secours à la Croix Rouge. Toutes les personnes rencontrées ont renforcé mon envie déjà présente de trouver un métier avec une utilité sociale qui ferait sens, pour allier convictions personnelles et ambitions professionnelles.  

 Après le Gymnase 

Au cours de mes années d’études, j’ai pu bénéficier d’un cursus
pluridisciplinaire : d’un baccalauréat scientfique à une prépa HEC puis un double master 2 à Science Po Strasbourg et en Droit Economie et Gestion, mes affinités avec le secteur du médico-social se sont renforcées au gré de mes stages et de ma curiosité. J’ai eu l’opportunité d’effectuer un stage au sein de l’Etablissement Français du Sang à Strasbourg. J’ai pu comprendre le fonctionnement d’un centre de prélèvement et de traitement du sang avec l’humain au cœur du processus. J’ai effectué un second stage aux Hôpitaux
Universitaires de Strasbourg dans la Direction Qualité, qui m’a
permis de comprendre des mécanismes d’une administration de santé publique, d’acquérir le langage professionnel adapté et de saisir les ,enjeux de gestion associés à l’accompagnement de patients : j’ai réalisé mon mémoire sur la prise en charge de la douleur et déjà ces thématiques m’interpellaient, je confirmais mon projet professionnel de m’engager dans une structure médico-sociale tournée vers l’humain.  
A la fin de mes études, lorsqu’on m’a proposé un poste au sein d’un cabinet d’audit et d’expertise comptable : j’ai saisi l’opportunité. Cela m’a permis d’acquérir une méthodologie de travail précise en développant mes connaissances en finance mais surtout dans la gestion d’une équipe sur des semaines de travail de 65 heures. Je me suis attachée à organiser mes missions par une démarche d’écoute active en apportant confiance et accompagnement sur mesure.  

Je poursuivais toujours à cette époque l’idée de trouver ma place au sein d’une organisation plutôt médico-sociale et c’est ainsi que j’ai postulé à l’offre de chef de projet régional sur le Grand Est au sein d’APF France handicap après deux ans chez KPMG. J’ai réalisé à quel point le secteur de l’économie sociale est solidaire était important et pouvait mener aussi à de belles carrières : je suis devenue après quelques années Directrice Territoriale Alsace pour APF France handicap (association nationale de 550 structures et 14 000 salariés de défense et représentation des personnes handicap et leur famille). 


Mon cursus universitaire est une base solide qui me permet d’avoir les capacités d’apprentissage et de travail indispensables à l’exercice de mon poste actuel : j’ai pu acquérir des compétences en gestion de projet et en pilotage des organisations et j’ai surtout appris à trouver des solutions : ce qui est indispensable pour répondre aux attentes des bénéficiaires en situation de handicap et pour répondre aux exigences de l’environnement dans lequel s’inscrit une association nationale reconnue d’utilité

publique depuis 90 ans. J’ai à cœur d’être force de propositions, je mets en œuvre des initiatives en développant les ressources financières en coopérant avec les salariés, élus, bénévoles, adhérents et en échangeant avec les acteurs politiques et institutionnels alsaciens.   

Ces compétences que je mets en œuvre en impulsant et coordonnant différents projets ; en me basant sur un fonctionnement participatif et démocratique. Nous avons pour exemple conçu élaboré et fait financer un Escape Game pour sensibiliser aux handicaps. Ce dispositif ludo-pédagogique du nom d’Handigmatic se déplace à ce jour partout en France pour intervenir auprès de structures comme les DNA, Disneyland, Orange ou même le PSG. 

Les évolutions de mon domaine professionnel

Le secteur de l’économie sociale et solidaire e
n France représente 10 % du PIB et près de 14 % des emplois privés1Ce secteur compte environ 200 000 entreprises et structures et 2,38 millions de salariés (source economie.gouv) il permet de d’exercer au service de la communauté et de soutenir un secteur durable et innovant. Un secteur sans cesse en mouvement nécessitant un apprentissage continu tout au long de sa carrière, rendant encore plus riche la pratique quotidienne de ces métiers aux cent visages. Les opportunités de postes y sont nombreuses mais nécessite aussi patience et adaptation, la législation l’encadrant doit encore parfois être améliorée et il peut s’avérer parfois difficile de se heurter à des réalités précaires.    

Quels conseils pourrais-je donner ?  

La formation doit être en adéquation avec le projet professionnel d’une personne, projet qui se doit parfois d’être muri et peut demander des changements d’orientation. L’important est de trouver les interlocuteurs compétents dès le collège, lycée afin d’identifier les compétences et qualités innées déjà présentes pour les révéler et les développer. Il n’y a pas une qualité personnelle meilleure qu’une autre, car chacune permet de trouver son domaine d’excellence. Il convient d’être attentif à ce qui nous correspond vraiment sans se comparer : la compétence personnelle la plus importante est la bienveillance tout d’abord envers soi puis envers les autres. 

L’importance des expériences et les réflexions sont essentielles pour relever n’importe quel défi, tout est possible !  

lundi 29 janvier 2024

« Personne n’a rien vu » : la réalisatrice strasbourgeoise Clothilde Leclercq (bac 2016) signe un premier film remarqué

 

Le premier long métrage professionnel de Clothilde Leclercq a récemment été sélectionné du Festival international du film indépendant de Bordeaux. Une première consécration pour la jeune réalisatrice strasbourgeoise de 25 ans.

Personne n’a rien vu fera date. Ce faux documentaire satirique de 61 minutes marque un tournant dans la jeune carrière de Clothilde Leclercq. Quatre ans après la fin de ses études de cinéma, cette diplômée de l’Esra Paris (école supérieure de réalisation audiovisuelle) signe un premier long métrage distingué par ses pairs - après la réalisation d’un long métrage auto-produit et quelques courts et moyens métrages.

Sa présentation fin octobre au Festival international du film indépendant de Bordeaux dans la catégorie Contrebande lui offre un public et une visibilité professionnelle. « J’ai toujours travaillé dans le but de faire un objet filmique qui me plaît et que je suis fière de montrer. Cette sélection au festival est l’aboutissement de mon travail. Il offre une dimension professionnelle au film », apprécie la Strasbourgeoise, « heureuse et émue » de cette consécration.

 « Ça donne une énergie extraordinaire »

Lors de sa projection dans les salles obscures bordelaises, Personne n’a rien vu a reçu un « bon accueil », selon cette fan des réalisateurs espagnol Luis Bunuel et français Louis Malle. Aussi bien des spectateurs que du monde du cinéma. « Il y a des gens à qui ça plaît et qui sont touchés. Ça motive à 2 000 %. Ça donne une énergie extraordinaire », s’enthousiasme-t-elle.

Clothilde Leclercq, réalisatrice et scénariste de « Personne n’a rien vu », entourée par deux des comédiennes du film Léana Montana (à g.) et Mathilde Riu (à d.).  

Et pour cause, ce film atypique jouit d’une écriture qui ne laisse pas indifférent. Les personnages sont mis en abîme, entre passé et présent, entre fiction et réalité. Ces dualités questionnent les protagonistes du film autant que les spectateurs et interpellent sur la vie quotidienne. Il « porte un message fort qui concerne notre génération, avance la jeune femme de 25 ans. Ça touche les jeunes qui s’identifient beaucoup aux personnages. »

Le long métrage offre également pour originalité sa réalisation sur un temps long et entrecoupé. La première partie du film a été tournée pendant trois semaines fin 2019 et la seconde partie trois ans plus tard, pendant deux semaines en janvier 2023. Cette volonté assumée permet à Clothilde Leclercq de jouer sur la double temporalité, entre avant et après. « Cela donne un modèle hybride, avec une forme particulière de montage et de mise en scène », explique celle qui a étudié le cinéma au lycée Sturm à Strasbourg, dans les cours de Vincent Grossmann, un prof qui lui a donné le goût du septième art.

Les seize comédiens et huit techniciens de l’équipe, « des bénévoles motivés par un projet aussi jeune », ont joué le jeu, dès le départ. « Intrigués par le fait de reconstruire une trame avec quelque chose fait il y a plus de trois ans », ces jeunes professionnels rencontrés sur les bancs de l’Esra lui ont fait confiance, acceptant les contraintes d’un tournage en deux temps. Leur engagement sans faille a porté ses fruits.

 Une envie de projeter son film à Strasbourg

Forte d’un film abouti, Clothilde Leclercq envisage désormais la suite de sa carrière avec ambition. Elle aimerait organiser une projection de son œuvre à Strasbourg, dans sa ville. Et « envisage de nouvelles formes de création ». La cinéaste travaille sur un nouveau projet, déjà bien avancé dans l’écriture.

Extraits d’un article de Guillaume Erckert paru dans les DNA du 06 déc. 2023

 Brève biographie

Après avoir grandi à Strasbourg , et suivi une formation Cinéma Audiovisuel au Gymnase Jean Sturm (*), Clothilde Leclercq rejoint l’ESRA Paris en 2016. En parallèle de ses études, elle écrit et réalise plusieurs courts métrages, puis passe au long métrage avec un premier film auto-produit Unique La Voilà avec Loulou Hanssen, Eléonore Auzou et Yannick Gonzalez. Dans la même année, elle écrit et fabrique Poetry (2019), son nouveau long métrage indépendant. En 2023 Clothilde lance le projet Personne n’a rien vu un faux documentaire satirique, sélectionné en compétition Contrebande du Festival International du film indépendant de Bordeaux, avec, au casting, Léana Montana, Églantine Perreau et Mathilde Riu.

 

2023 : PERSONNE N’A RIEN VU - Clothilde Leclercq - Réalisatrice

2020 : POETRY L’ENFANT SOIR - Clothilde Leclercq - Réalisatrice
2019 : UNIQUE LA VOILÀ - Clothilde Leclercq - Réalisatrice
2018 : AURORE (CM) - Clothilde Leclercq - Réalisatrice
2017 : DO NOT MISS (CM) - Clothilde Leclercq - Réalisatrice
2016 : EMMA (CM) - Clothilde Leclercq – Réalisatrice
 (*) Extrait du Yearbook des Terminales 2016.

La date marquante de ma vie : "le jour où j’ai réalisé que j’étais vouée à faire du cinéma".

 

Estelle Job (bac 2010), née sourde et actrice du changement


 Estelle Job a été scolarisée sur les sites de Lucie Berger et de Jean Sturm de 2003 à 2010, année de sa réussite au baccalauréat en série ES. Son lourd déficit auditif a été pris en compte pour l’accompagner au mieux dans sa scolarité: boucles auditives – ou boucles à induction magnétiques - dans les salles de classes, initiation à la langue des signes pour les professeurs, par exemple.

Les Alumni sont très heureux de la suite de son parcours, mis en valeur par un post récent qu’Estelle a diffusé sur LinkedIn. 

Laissons-lui la parole :

Est-ce que j’ai l’air moins efficace au travail qu’une personne non handicapée ? C’est la question que je me posais assez souvent, et maintenant elle est au cœur de cette campagne.

Je suis très fière de partager avec vous le lancement de la nouvelle campagne AXA Diversité & Inclusion: « Voices for disabilities », à laquelle je suis ravie d’avoir pu participer !

Ensemble, nous sommes acteurs du changement, et nous pouvons construire le monde de demain dans lequel chacun d’entre nous se sent inclus. Chaque voix, chaque histoire compte, et je voulais partager la mienne avec vous.

Je suis née sourde, c’est un handicap invisible qu’on oublie souvent. Pour moi, chaque mot que je peux comprendre est une victoire, car chaque jour, je dois lire sur les lèvres pour comprendre, ce qui est particulièrement difficile et épuisant. Mais personne ne peut le voir, car mes appareils auditifs sont invisibles et je donne toujours l’impression d’avoir compris le sujet, même si je n’ai compris que quelques mots. 


C’est pourquoi il était important pour moi de montrer mon implant cochléaire, qui est généralement caché sous mes cheveux. Pour la première fois, vous pouvez voir mon handicap.

Chez AXA, je suis très fière d’être un acteur du changement, d’être force de proposition de progrès sur le thème de l’inclusion, de l’accessibilité de notre futur siège social à Paris, ainsi que de la proposition d’un programme d’intégration dédié aux personnes en situation de handicap.

Les mots ne suffiront pas pour exprimer ma gratitude aux nombreuses personnes qui m’ont soutenu tout au long de ce parcours.

Ensemble, nous pouvons sensibiliser au handicap et briser les stéréotypes !