vendredi 18 décembre 2015

La 3ème dimension


Le biomimétisme




L’équipe de Technologie du Gymnase Jean Sturm est maintenant dotée d’une nouvelle imprimante 3D BQ WitBox. Petit bijou de Technologie, cette imprimante 3D à grand volume d’impression, permet de réaliser des pièces en différents matériaux notamment : en plastique PLA, en bambou, en cuivre ou en plastique mou. Grâce à ce nouvel équipement, les élèves vont découvrir le prototypage rapide dans le cadre de projets innovants et à la pointe de la technologie.

En classe de 3ème
Les élèves se sont lancés dans un projet de bio mimétisme. Le bio mimétisme est le fait de s’inspirer du vivant afin d’améliorer et de réaliser des objets plus performants, le terme est apparu pour la première fois dans l’ouvrage de Janine M Benyus: « biomimétisme : quand la nature inspire des innovations durables». Leur projet consiste à réaliser un robot marcheur de télésurveillance, s’inspirant du monde des  insectes.
Par ailleurs, les élèves vont concevoir et réaliser des pièces de robots afin que ce dernier réalise des actions complexes, comme par exemple : 
 - Attraper et soulever un objet vers une zone définie
              - Déplacer un objet en suivant une trajectoire.
L’objectif est d’étudier le fonctionnement des robots qui nous entourent de plus en plus comme les robots aspirateurs par exemple.

La BQ WitBox

En classe de 4ème
Les élèves vont concevoir et réaliser en impression 3D des éléments permettant d’automatiser la mini serre présente en salle de technologie.
Au programme sur les deux niveaux : Conception assistée par ordinateur , impression 3D, programmation en langage C et langage picaxe, Programmation en langage python sur carte Raspberry pi
 L’équipe pédagogique de Technologie du Gymnase :

Mme Hanne, M. Nominé,  M. Baert 

Adventsrätsel












 Le réseau PASCH, dont le Gymnase fait partie en tant que "DSD-Schule" (école préparant au Deusche Sprachdiplom), organise un concours  sous la forme d'un calendrier de l'Avent. Sur le site de PASCH « Partner der Zukunft »






se trouve un calendrier, où chaque jour représente un établissement appartenant au réseau. Il en existe dans le monde entier.
Le Gymnase est cette année l'un des 24 établissements internationaux dont les élèves sont appelés à deviner le nom. Le portrait de l'établissement, déjà présent sur le réseau depuis quelques années et réactualisé, y est affiché.

 Contact: Mme Jouanneau-Hedinger

Un mobile qui mobilise



Installation géante des élèves de seconde

Plus de 600 images composent « Imagine », au Gymnase. L’œuvre réunit les images qui parlent aux élèves de seconde.

 « Quand je suis entrée lundi matin, j’ai été émerveillée, j’ai trouvé ça sublime », s’extasie Laura Sgambati, qui enseigne les sciences économiques et sociales au Gymnase Sturm, à Strasbourg. Sur trois étages de hauteur, la cage de l’escalier monumental sert d’écrin à une création de la trentaine d’élèves de seconde suivant l’option « arts plastiques ».
Intitulé « Imagine », le mobile géant fait tournoyer plus de 600 images collées sur des cartons gris. Dans les huit classes de seconde, chaque lycéen de l’option a proposé à ses camarades de fournir, de manière anonyme et volontaire, une ou plusieurs images « qui les interpellent ».

« Un tourbillon de pensée »
Jouant avec la lumière, se montrent aléatoirement un hamburger, David Bowie, un dauphin, un Rubik’s cube, un tableau de Klimt, le Taj Mahal, le massacre de Tian’anmen, un Teletubbies, la saisissante affiche en noir et blanc de la saison du TNS, un dessin d’enfant et les mots malhabilement écrits « papa », « maman », et plusieurs fois la photo du petit Alan (initialement orthographié Aylan), ce petit Syrien d’origine kurde mort noyé en Turquie.
« C’est un tourbillon de pensées », résume Sauveur Pascual, le prof d’arts plastiques à l’origine du projet. « Il y a des bouts de réalité qui nous échappent parfois, pour des ados », réfléchit-il à haute voix en contemplant certaines images tournant doucement. « Il ne se dégage pas une impression de pessimisme, c’est extrêmement réconfortant », estime-t-il.
Avec ce travail, les lycéens se sont initiés à la démarche de projet, laissant une part de hasard dans la mise en espace. « Ce qui semble insignifiant au départ peut prendre sens parce qu’on lui a donné cette dimension artistique », explique celui qui plaide pour « inscrire les arts plastiques dans le domaine du champ social ».
L’équipe d’élèves a passé une bonne partie de son samedi à mettre en place toutes les suspensions.
Jeunes et enseignants s’arrêtent au hasard d’une image, se mettent à échanger entre deux marches. « On a créé beaucoup de lien social », sourit Sauveur Pascual. Ce qu’il souhaite : « Rendre nos élèves responsables du monde qui les entoure. »
Extraits de Ch. Dorn_DNA 2 décembre 2015

Duwig Adèle 2°7 et Suvanto Eeva 2°3, actrices du projet témoignent :
Pour commencer, nous avons demandé à nos camarades de classe et à notre entourage personnel de rapporter une ou plusieurs images qui les ont interpelés.
Il n'y avait pas de thème précis, les images ont été remises individuellement sous enveloppe anonyme. Ce travail artistique  est le résultat d'une participation collective, permettant d'exprimer les émotions de chacun. Toutes ces images ont été suspendues sous forme d'installation,  dans l'escalier monumental, en faisant jouer le hasard.
Imagine est un tourbillon de pensées ...

Pierre Antony au CNRS
















J-F Surmin, professeur de SVT au Gymnase jusqu’en 2009, témoigne de la grande joie d’avoir été invité, début décembre, à une cérémonie rare: la soutenance « d'Habilitation à Diriger les Recherches" de Pierre Antony.

Cet ancien élève du Gymnase a une carrière de chercheur exemplaire car il souffre d'une maladie invalidante; malgré ce lourd handicap il a réussi à montrer auprès de l'Université Louis Pasteur, puis le l'IGBMC de Strasbourg, ainsi que l'Université VanderBilt de Memphis, ses capacités de travail qui ont abouti à cette soutenance.
Ce jeune ingénieur-docteur du CNRS est d'un enthousiasme débordant, J-F Surmin en veut pour preuve ses interventions auprès de ses élèves lorsqu’il était encore en activité au Gymnase.
Après sa soutenance, Pierre Antony a organisé un symposium dont il a dirigé les débats sur le thème: Lipids and Lipidomics in Health and Diseases. 

Il est depuis peu secrétaire de la Société de Biologie de Strasbourg, qui a pour objet la diffusion et la promotion du savoir scientifique en biologie


Les Alumni se réjouissent de ce beau parcours et en félicite vivement Pierre Antony.

Elèves engagés

Invitation à la remise des prix de 1789
















Le 17 octobre dernier, l'Association des Alumni a participé à la remise des prix du Gymnase. L'Association, représentée par Anne Pascual, Adèle Riou et Sophia Huynh-Quan-Chiêu, a choisi de distinguer trois élèves pour leur engagement vis-à-vis des autres et leur savoir-être en communauté. 

Les Alumni du Gymnase souhaitent mettre en valeur des personnalités et des actions qui sortent du cadre purement académique. C'est grâce à des choix courageux, altruistes et originaux dans leur quotidien, que les élèves d'aujourd'hui deviendront les acteurs engagés de demain. 


 - Stéphanie SUTEU s'est engagée auprès de ses camarades pour soutenir l'Action de Noël. Elle a su mobiliser de très nombreux élèves des différentes classes de lycée, ce qui a facilité la préparation et la distribution des cadeaux. Son engouement a permis de doubler le nombre de cadeaux destinés aux enfants du quartier de Cronenbourg.

 - Olivier VOLKRINGER, très sensible et attentionné vis à vis des autres, a soutenu et aidé un élève en difficulté tout au long de l'année scolaire. Son écoute et sa persévérance ont été remarquables.

 - Lilian GROSS s'est fortement impliqué au sein du Conseil de la Vie Lycéenne. Son travail de rédaction très minutieux a permis une visibilité de plus en plus pertinente des actions et
des projets menés.

Ces trois élèves méritants, qui ont su donner l'exemple, se sont vu offrir un chèque-cadeau Fnac. Au-delà même du plaisir à remettre ces trois prix, les membres de l'Association qui étaient présentes à la cérémonie ont éprouvé une forme de nostalgie. En effet, quelle émulation, quelle fierté n'auraient-elles pas ressenties, si, élèves, elles avaient pu elles aussi vivre ce moment !

Cet agréable moment fut également l'occasion de faire connaitre, grâce à l’intervention remarquée de Sophia Huynh-Quan-Chiêu, les actions de l'Association Gymnase Alumni aux nombreux élèves, parents et amis présents dans l'amphithéâtre de l'Ecole de Management de Strasbourg.


Vivement l'année prochaine !

En action pour Noël




De nombreux Gymnasiens se sont engagés dans une très concrète « action de Noël », accompagnés de professeurs et animateurs.

Au sous-sol de la paroisse protestante de Cronenbourg-Cité, domaine de l’association Les Disciples, sont entassés des centaines de sacs remplis de cadeaux. Chacun d’entre eux est destiné à un enfant du quartier, dont le prénom est inscrit sur le paquet… Et, sauf exception, chacun trouvera son destinataire : le système est très bien rodé.

« C’est la 35année que Les Disciples organisent cette opération de Noël ; les familles sont repérées au travers de notre action sociale : le vestiaire, la banque alimentaire ou le soutien scolaire », explique Marc Ostertag, coordinateur de l’association. « Le cadeau, c’est le moyen, mais le véritable objectif, c’est la rencontre », insiste-t-il.

Faire le chemin vers l’autre
Cette année, près de 350 jeunes se sont portés volontaires pour prêter main-forte à l’association. Ces adolescents, scolarisés dans divers lycées et collèges du département, ne sont pas venus les mains vides : ils ont procédé eux-mêmes à la collecte des jeux et jouets. « Ils font le chemin vers l’autre de A à Z », sourit le pasteur Gérard Haehnel.
Catherine est là en tant que maman d’une élève de Truchtersheim, pour encadrer les collégiens. Issue d’une famille de réfugiés vietnamiens qui vécut dans cette cité, elle fut de l’autre côté de la porte, voici 33 ans. « J’avais 10 ans et je me souviens de l’importance de cette visite pour nous, de l’échange humain, de la gentillesse sans arrière-pensée religieuse. J’ai eu le sentiment que nous n’étions pas mis à l’écart, que l’on pensait à nous », se remémore-t-elle avec émotion.
Mise en paquet au Gymnase

Collèges et lycée n’ont eu aucun mal à recruter des bénévoles, tant cette opération suscite l’enthousiasme. « C’est une bonne action qui nous fait aussi plaisir à nous », avoue Lisa, en classe de première au lycée Jean-Sturm. « J’ai voulu revenir, car il y a un lien qui se créé : l’an dernier, nous avons joué avec les enfants après leur avoir offert les cadeaux. »

Bénédicte et Charlotte, elles aussi, reprennent du service. Les deux lycéennes sont membres actives de l’association Les Disciples, où elles viennent trouver de l’aide pour leurs devoirs – auprès d’enseignants et d’étudiants – et aussi donner un coup de main. Pour aller frapper à la porte de deux familles logées dans une tour de la rue Keppler, elles font équipe avec Hélène et Clémence.
Bénédicte, Charlotte, Hélène et Clémence frappent ainsi à la porte d’un appartement où vivent deux familles géorgiennes. Les quatre enfants trépignent d’impatience, surtout les deux garçons, âgés d’une dizaine d’années.
« C’est le plus cadeau que j’ai jamais reçu ! », s’exalte Lucas, dans un français parfait, après avoir déballé un waveboard, dont l’instabilité semble inquiéter sa maman… L’accueil est tout aussi chaleureux dans le deuxième appartement, où vit depuis deux mois une famille d’Arméniens, eux aussi demandeurs d’asile.
La maman, la grand-mère et une voisine, qui fait l’interprète, insistent pour servir un café, accompagné d’une orange coupée en rondelles et de chocolat noir. La conversation s’engage, elle porte sur les traditions de Noël en France et en Arménie, ou l’avenir professionnel de ces jeunes femmes et filles… La mère de famille aimerait venir faire du bénévolat au sein de l’association Les Disciples, dont Bénédicte lui note les coordonnées. Chacun se quitte, ému. « Je ne m’attendais pas à vivre cela, c’était formidable », lance Hélène, sur le chemin du retour.


DNA 13/12/15

lundi 16 novembre 2015

A la communauté éducative du Gymnase

Voici le message diffusé par la feuille d'information hebdomadaire du Gymnase:



              N° 394 du 16/11/2015 au 21/11/2015

La gravité des évènements du vendredi 13 novembre à Paris impose une contextualisation. La barbarie déployée au nom de la caricature d’une religion, le manichéisme simpliste d’une idéologie délétère pour les individus qui y adhèrent aussi bien que pour les sociétés qui en sont les victimes méritent d’être explicités et dénoncés.
 
Mais c’est d’abord aux familles et aux amis des victimes que nous pensons. Nous nous associons à leur peine et leur témoignons toute notre compassion.

Dans notre pays libre et démocratique, des personnes viennent d’être assassinées. Elles l’ont été au nom d’un Dieu qui n’existe pas et n’a jamais existé, un Dieu qui n’existe que dans l’esprit fanatisé et manipulé de quelques-uns. Notre rôle aujourd’hui est de porter les valeurs qui nous animent ; humanistes, chrétiennes et républicaines. L’ouverture et  la tolérance qui en découlent sont un antidote puissant aux valeurs de haine et de violence que véhicule l’idéologie des barbares qui ont agi ce vendredi 13 novembre. Les valeurs portées par le Gymnase, qui sont par ailleurs un ciment de la société française nous permettront de surmonter cette épreuve collective et de ne pas céder à la terreur que de tels actes peuvent inspirer.

Il nous faut décliner au quotidien ces valeurs et de façon encore plus marquée encore, dans nos enseignements et dans nos modalités de prise en charge de nos élèves. Il faut impérativement que ceux-ci puissent bénéficier d’une éducation leur permettant d’approcher la complexité d’un monde en pleine mutation, et de maîtriser les outils ou concepts académiques facilitant leur compréhension d’autres cultures. Il faut que notre vision  d’une société où le « vivre ensemble » est une évidence, où les origines, la couleur de peau, la culture, les convictions ou la religion de l’autre ne séparent pas mais enrichissent  . . . que cette vision s’impose pour chacun d’entre eux, contre tous les obscurantismes, tous les fanatismes régressifs.

C’est notre mission, nous l’assumerons au quotidien avec énergie et conviction.

Guy Mielcarek

Directeur du Gymnase Lucie Berger- Jean Sturm

jeudi 12 novembre 2015

Une religion 3.0 ?




Les religions ont connu trois étapes. D’abord, les polythéismes, suite logique du chamanisme, qui ont culminé sous les Romains et les Grecs. Ensuite, le monothéisme des religions du Livre.



Aujourd’hui émerge un troisième âge: l’homme-dieu. Pour les transhumanistes, la boutade de Serge Gainsbourg – «Les hommes ont créé Dieu, le contraire reste à prouver» – est une évidence. Dieu n’existe pas encore: il sera l’homme de demain, doté de pouvoirs quasi-infinis grâce aux nanotechnologies, biotechnologies, ­informatique et sciences cognitives (NBIC).
L’homme va réaliser ce que seuls les dieux étaient supposés pouvoir faire: créer la vie, modifier notre ­génome, reprogrammer notre cerveau et euthanasier la mort. Ray Kurzweil, ingénieur en chef de Google, a déclaré en octobre: «Dès les années 2030, nous ­allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir ­démiurgique (Godlike).» Cette vision de l’homme du ­futur, tout-puissant et immortel, rappelle les scénarios hollywoodiens du type Transcendance (Wally Pfister, 2014) et fait sourire. Elle traduit toutefois un mouvement de fond. Pour la première fois, un mouvement philosophique prétend arracher l’homme à sa condition d’objet ballotté par la nature et la transcendance pour lui donner un rôle moteur dans l’évolution.

Modifier le destin de l’Univers
Certains transhumanistes, comme le philosophe ­Clément Vidal, envisagent même de se servir de nos futurs pouvoirs pour modifier le destin de l’Univers tout entier. Pour les transhumanistes, il serait rationnel, et non d’une vanité ultime, de rendre l’Univers immortel pour assurer notre propre immortalité. En réalité, le transhumanisme traduit, comme pour les religions polythéistes et monothéistes, les interrelations entre nos capacités et nos croyances. Une religion prométhéenne exaltant la toute-puissance de l’homme face aux éléments était inconcevable avant le triomphe des NBIC.
Les religions actuelles veulent bien nous aider à supporter notre mort – dans la foi –, mais en aucun cas nous aider à la supprimer! 
Pour la plupart des trans­humanistes, les NBIC vont décrédibiliser Dieu et le remplacer par l’homme-cyborg. La religion de la technologie est-elle en train de remplacer la religion traditionnelle? Y aura-t-il de violentes oppositions, voire des guerres de religions entre transhumanistes et techno-conservateurs, ou une transition douce? En fait, de premiers ponts apparaissent entre transhumanisme et religion: le dalaï-lama se passionne pour la neuro-théologie et le contrôle cérébral des sentiments religieux. Le bouddhisme sera-t-il la religion intermédiaire avant l’ère transhumaniste?
Ce troisième âge religieux est lourd de menaces. Dans sa passionnante conférence de 1972, à l’université de Louvain, Jacques Lacan expliquait pourquoi la mort nous aide à vivre et pourquoi la vie serait terrifiante si elle était sans fin. Quand tout est possible, l’être ­humain devient fou. La psychanalyse nous a appris à quel point l’absence de contraintes est source de ­désarroi. L’idéologie transhumaniste, qui magnifie nos fantasmes de toute-puissance, est porteuse de bien des pathologies psychiatriques. Le transhumain vivra dans l’illusion de sa toute-puissance, qui est ­mortifère pour notre psychisme. Une chose est sûre, les psychiatres ne vont pas chômer !
Laurent Alexandre (chirurgien urologue, président de DNAVision)
Publié dans Ethique, Philosophie, Art le 03.11.15


http://www.humanite-biodiversite.fr/article/le-transhumanisme-une-religion-3-0

Alcalins ? Grands-Orientaux ?





Sophia Huynh-Quan-Chiêu, (Bac 1993) « nameuse » indépendante strasbourgeoise, donne son point de vue sur les éventuelles dénomination de la future « grande région » qui naîtra en janvier 2016.


 « Quand on entend ALCA ou ACAL, on pense plutôt à des noms de médicaments. Mais dès qu’on glisse sur le nom que prendraient les habitants de la grande Région, c’est la référence aux piles Wonder qui s’impose. Or, le gentilé doit être au cœur de la réflexion sur le choix du nom », estime la créatrice de noms de marques et de produits, qui officie sous le nom « SHQC » : « C’est plus facile de s’identifier si on peut dire “Je suis… alsacien/breton/auvergnat”… Si la région s’appelle Grand Est, on appellera les habitants les Grands-Orientaux ? Les Grands-Estiens ? » Et d’ailleurs, ils s’appellent comment les habitants de PACA ?
Les acronymes ALCA et ACAL paraissent « assez naturels, on est dans la prononciation la plus simple. Ça a le mérite de mettre tout le monde d’accord et de ménager les susceptibilités. Mais à entendre ça n’est pas très élégant », poursuit Sophia HQC.

Que la région qui naîtra le 1er janvier n’ait toujours pas de nom, « ça ne m’étonne pas vraiment. Le nom « Pôle emploi », par exemple, a été choisi au dernier moment, même s’il concernait des millions de personnes. Parce qu’on sait qu’un nom nouveau, même s’il heurte l’oreille quand il apparaît, les gens s’y habituent très vite. Au bout de six mois, personne n’y fait plus attention. »

La grande Région, poursuit la « nameuse », a juste besoin d’un nom à mettre sur son logo. Créer une identité de marque serait superflu : « La Champagne ou l’Alsace ont déjà des identités touristiques très établies, et il n’y a pas de raison de vouloir plaquer dessus une entité administrative. Regardez, Ceylan est devenu le Sri Lanka mais on boit toujours du thé de Ceylan. Les identités peuvent se superposer. »
Et puis, quoi qu’il en soit, « les gens se sentiront toujours Alsaciens, Lorrains, Ardennais ou Champenois. Ce n’est pas un nom administratif qui leur fera perdre leur identité. »

DNA 3 nov 15

Anticiper la transition














Michel Hutt nous propose son dernier roman « le Cri du Colibri », préfacé par Pierre Rabhi, qu’il souligne avoir été nourri par l'humanisme protestant cultivé entre les murs du Gymnase entre 1976 et 1987.


Faire sa part
Dans un futur proche, à la veille dune crise généralisée, se croisent un quadra parisien stressé aux prises avec une ado rebelle, un vieux menuisier oublié des siens, une fille des banlieues qui fuit le machisme et la violence, un trader qui perd les pédales, un notaire amateur de rocknroll et une jeune maman un peu provocatrice éprise de littérature. 
Tous ont entendu à un moment ou à un autre le Cri du Colibri, et décident de « faire leur part » avec confiance et lucidité, au coeur dune vallée alsacienne en quête davenir. 
Ils choisissent de cultiver la bienveillance, la solidarité et lenthousiasme plutôt que le repli sur soi ou la résignation.


Michel Hutt, baccalauréat 1987

Au sacré, par la musique


Festival unique en France, les Sacrées Journées de Strasbourg bousculent les conventions autour de la musique des religions du monde. En organisant une succession de concerts thématiques dans les lieux de culte d'ordinaire réservés aux communautés de croyants, elle initie des rencontres inédites par le biais de la musique, langage universel allant au-delà des mots de la foi.

Avec le Temple Neuf, le Gymnase a organisé une promenade musicale le mercredi 11 novembre 2015 sur le thème « Cinq salles, cinq religions » : dans chaque salle un ensemble musical. Au total, cinq formations artistiques ou chorales ont fait partager leurs approches musicale et spirituelle :

Kinan Alzouhir de Damas (chrétien)
Moines du Ladakh (bouddhistes)
Astrid Ruff (juive yiddish)
Fils Gnaoua de Tanger (musulmans)

Abhisek Lahiri et Parthasarati Mukherjee (hindous)

Syrienne et si forte, en exil à Strasbourg




À 15 ans, elle tente de contenir ses émotions et de « faire avancer le monde ». Malgré la déchirure de l’exil et de la guerre. En 3e au Gymnase Sturm à Strasbourg, elle se raconte, avec ses mots d’ado.




Derrière ses lunettes, ses grands yeux noirs vous harponnent, avec tellement de choses à dire. « Dès que je pense à la Syrie, je sens l’horreur se déchaîner dans mon cœur. Je sens la douleur des gens. » Le rose lui monte aux joues, les larmes lui montent aux yeux, mais elle veut parler. Line Chehadeh se souvient précisément du 30 juin 2012 à 18 h 46. « Parce que j’étais vraiment triste. » À cet instant, elle quitte son pays pour débarquer avec son père à Strasbourg.

« La guerre, elle m’a fait perdre mon innocence »
« J’ai dû faire ma valise en un soir. On m’a obligée à me détacher de tout. » Elle laisse derrière elle Alep, ses racines familiales ancestrales, trois grands frères et sœurs restés au pays, et une vie aisée.
C’est au mois de mars précédant l’exil que la fillette d’alors (11 ans) a rencontré la guerre. « On traversait la route [en bus] et je vois des sortes de barrages avec des hommes armés », raconte Line en triturant le trou de son jean noir. « On nous a dit de fermer les rideaux. J’ai compris qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. »
Les deux ou trois semaines suivantes sont bizarrement calmes, se souvient-elle, « mais on sentait déjà la haine ». Et puis « il y a eu la guerre partout. Alep, c’est plus une ville. Il y a des morts partout. L’odeur est affreuse. »
La mère de Line, qui lui manque, se partage entre ses enfants, entre la France et la Syrie, où elle apporte aussi son aide. « Il n’y a pas de nourriture. Il n’y a vraiment plus rien », lâche Line en hochant la tête.
« La guerre en Syrie, elle m’a fait perdre mon innocence. Je me fais trop de soucis, parfois je deviens paranoïaque. » Le feu d’artifice du 14-Juillet lui évoque le terrible bruit des bombardements.

« Un mental de bouledogue »
« Il faut vraiment avoir un mental de bouledogue pour tenir ! », assure Line en riant. Un mental comme celui de son père, par exemple, qui a vu détruire son entreprise de savon et l’a reconstruite à Strasbourg.
« On est arrivé ici sans logement, poursuit-elle. On a dormi deux mois à l’hôtel. J’ai pris 10 kg. Je ne connaissais personne. » Tout au moins avait-elle déjà commencé à apprendre le français en Syrie.
« Aucun établissement ne m’avait acceptée. On ne savait pas vraiment mon niveau. » Quand elle entre au Gymnase, elle a 8,8 de moyenne. « Sturm m’a toujours appris à me relever, même quand j’étais au bord de l’échec. »
« Au début, j’avais beaucoup de mal à m’adapter. Tout ce qui venait de se passer ne me quittait pas. Je n’arrivais plus à avancer dans la vie. Je me disais : des gens de mon peuple se font exterminer. Où est l’avenir dans tout ça ? »
Aujourd’hui en 3e , ses camarades la questionnent sur la Syrie. « Dans la guerre, personne n’est bon, prévient-elle d’un ton catégorique. Tant qu’on tue des gens et qu’on n’essaye pas de parler, on est des sauvages. Les seuls êtres humains qu’il reste aujourd’hui en Syrie, c’est les civils », accuse-t-elle.

Sentiments ligotés
Pour supporter le conflit qu’elle a emporté dans son cœur, elle a sa technique : « J’ai bloqué mes sentiments et mes souvenirs. Si je me replonge dans tout ça, c’est pire que de l’alcool. Limite, je me fais un alzheimer toute seule », image-t-elle avec son langage d’ado. « J’essaye de dominer mes émotions. »
Elle qui sourit tout le temps ne s’apitoie pas non plus sur son sort. « Il y a pire. J’ai des amis, leurs parents sont morts. Même si dans ma famille aussi il y a eu des morts. Moi j’ai vraiment de la chance d’être en France. Maintenant je me sens mieux, je me sens accueillie. »
Un jour, un prof lui demande ce qu’elle compte faire plus tard. « Là, j’ai réalisé que je suis une adolescente, mais je suis l’homme de demain. Je n’accepte pas que les choses se passent comme ça. J’aime la justice. J’aime défendre. Moi, franchement, je veux vraiment faire avancer le monde. »

DNA 11/11/15


http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2015/11/11/syrienne-et-si-forte