mardi 12 septembre 2017

On se refait la rentrée de 1985 au Gymnase ?



Il était une fois, en 1985, un (jeune) professeur épris de modernité et de technicité qui souhaitait rendre plus aisée l’intégration des nouveaux élèves de 6ème au Gymnase.
Marc Zillhardt le pensait. Il le fit.
Voici ce petit bijou d'époque qui vous plonge dans une rentrée d’autrefois au Gymnase. Des générations d’anciens élèves y retrouveront bien des visages, des locaux, des ambiances… Et pour ceux qui n’ont pas connu cet univers, voici l’occasion de plonger dans la mémoire des lieux et des esprits qui les ont animés.


Mais cette présentation n’aurait aucun intérêt sans donner la parole au réalisateur :


Cap sur la 6, juin 1985, moyen métrage de 28 mn et quelques secondes, tourné en super-8 à l’aide d’une caméra Braun Nizo 6056   sur pellicule Kodachrome sonorisée a posteriori en stéréo par double piste magnétique, à l’exception de deux séquences d’interview   filmées avec prise de son en direct…
Un peu rébarbatif certes, mais voilà pour l’aspect technique, aux concepts étrangement (délicieusement ?) obsolètes.
D’un point de vue plus historique, disons que ce petit film d’amateurs est sans doute le dernier avatar remarqué d’une expérience pédagogique intitulée « Langage de l’image et communication  audiovisuelle » dans laquelle s’était engagé le Gymnase dès l’année scolaire 1983-1984, sous l’autorité et avec le soutien de son Proviseur, M. Jean-Paul Weber. 

C’est dans ce cadre précis que, secondé par une petite équipe d’élèves motivés, j’avais conçu et réalisé ce film. L’objectif en était assez simple : il s’agissait de fournir une sorte de guide pratique au nouvel arrivant, au seuil de son entrée en sixième, tout en utilisant au maximum, fût-ce maladroitement, les ressources de la communication audiovisuelle telles qu’on pouvait les concevoir à l’époque. D’où par exemple les deux voix off, alternativement féminine et masculine, apostrophant  à la 2e personne du singulier le personnage de l’élève (incarné alternativement par Pierre et Alban). D’où également le scénario de la dramatisation humoristique de l’élève-qui-arrive-en-retard et la course contre la montre dans le labyrinthe des couloirs et des salles, figures métaphoriques d’un emploi du temps désormais caractérisé par la valse des matières et le défilé subséquent des professeurs. Pour donner plus de force expressive au propos, nous n’avions pas hésité à recourir à quelques « effets spéciaux », trucages rudimentaires, voire cascades audacieuses comme cette  chute contrôlée dans le grand escalier. Il est vrai que nous avions poussé le perfectionnisme jusqu’à vouloir synchroniser l’apparition rythmée des lettres du générique avec le fond sonore musical des Carmina Burana
Un vrai travail de moine, que le montage fastidieux de  ces dizaines de coupures aux images minuscules, collées bout à bout à l’aide de petites vignettes  ad hoc ! On avait beau entrevoir les prémices de la numérisation,  c’était encore l’époque du « cousu main » !

Se pourrait-il qu’il y eût dans cette  exclamation comme une once de regret ?
Nous y voilà ! Nostalgie, quand tu nous tiens ! Elle se manifeste dès les premières images et les premiers accords : yesterday, nostalgie de la fin des grandes vacances, nostalgie du cocon rassurant des classes primaires (tous les jours le même maître dans la même salle de classe !).
Mais au-delà de la nostalgie plus ou moins liée à toute rentrée (voire non-rentrée, quand on est retraité !), il y a la magie de l’apparition mystérieuse du film-cadeau offert au jeune Pierre tel un sésame pour ouvrir l’avenir…Qui sait,  peut-être cette  magie opère-t-elle toujours, autour d’une vieille bobine de cinéma oubliée, au discours daté et dont le décalage nous porte à sourire. Elle nous replonge aujourd’hui dans un passé merveilleusement idéalisé, avec nos frais visages d’enfants ou de jeunes profs, encore préservés pour quelque temps par ces quelques mètres de fragile pellicule. 

Film dans le film et temps dans le temps, il se pourrait bien  que l’alchimie de cette double mise en abyme ne fût pas tout à fait étrangère à la douce émotion que, de l’avis de nombre d’entre nous, nous pouvons encore éprouver devant ces quelques images sauvées momentanément de l’oubli.

Marc Zillhardt
12 septembre 2017




dimanche 10 septembre 2017

De Neudorf à Berkeley, via le Gymnase

Trajectoire peu ordinaire que celle de Baran Iscen. Ses résultats scolaires en collège n’ayant pas conduit à une admission directe en 2de au Gymnase, il obtient un entretien avec le Directeur.  Ce dernier se laisse convaincre par la détermination et la capacité de réflexion de Baran.

Les débuts en classe de Seconde s’avèrent difficiles, mais l’acharnement au travail du jeune Gymnasien et ses capacités d’assimilation des connaissances lui permettent de surmonter les obstacles et de combler ses lacunes, notamment culturelles. Le cycle Première et Terminale est franchi sans encombre pour atteindre une mention TB au baccalauréat de la session 2015.


Voici le récit d'un parcours singulier, illustration d’un « élitisme républicain », composante essentielle dans une démocratie.

Fils de restaurateurs de Neudorf, Baran Iscen a été accepté au sein de la prestigieuse université de Berkeley, aux États-Unis. Il s’envole ce dimanche pour deux ans d’études et rend hommage à ceux qui jusqu’ici ont pavé son chemin.

Il n’est pas trop du genre à se mettre en avant. Quand Baran Iscen nous a contactés une première fois, il y a quelques semaines, c’était parce qu’il ne voyait plus d’autre solution qu’un financement participatif pour boucler son budget, les frais de scolarité à Berkeley, où il venait d’être accepté dans le cadre d’un double cursus proposé par Sciences Po Paris, s’élevant à près de 100 000 $ pour deux ans.

Puis il s’était ravisé, estimant la démarche potentiellement « indécente », « […] beaucoup étant aujourd’hui dans notre pays bien plus légitimes, qu’il s’agisse des migrants ou des étudiants précaires ». Exit, donc, la cagnotte Leetchi. D’autant qu’après de longs mois de recherches, il avait enfin – « et par relations uniquement » – trouvé une banque prête à le suivre dans ses projets États-Uniens. De quoi compléter la subvention de 45 000 € que lui avait déjà octroyée la Fondation de la Légion d’honneur (dans le cadre de ses parrainages d’élèves méritants).

Guidé par ses rencontres
Ce mercredi, attablé à la terrasse du restaurant familial, rue de Thann, devant un père enthousiaste, fier et très ému à l’idée de voir l’aîné de ses trois enfants partir étudier dans une prestigieuse université californienne – 3e mondiale au classement de Shanghai 2016 –, le jeune homme de 19 ans prône une fois encore la modération et fustige les « excès de romantisme » du papa. Oui, il est heureux de partir vivre « l’aventure américaine » ; mais non, il n’a pas le sentiment d’être exceptionnel. Tout au plus s’estime-t-il « extrêmement chanceux » et admet-il l’importance des rencontres qui ont jalonné son jeune parcours.

À commencer par ses parents, Zahide et Wali, tous deux d’origine kurde. Arrivé en France en 1990, le père a un temps travaillé pour le patron du Napoli, avant de lui racheter le restaurant en 1998. « Baran est né dedans », résume celui qui, malgré des moyens modestes, a toujours voulu donner à ses enfants « une vie meilleure et un autre horizon ». « J’ai vécu l’envers du décor du restaurant », explique Baran. « Et très tôt, comme l’écrit Sartre dans « Les Mots », j’ai eu le goût de lire et d’apprendre… »
Il fréquente l’école du Neufeld, puis l’école Sainte-Anne, avant d’intégrer en seconde le Gymnase Jean- Sturm. Il se souvient encore de son premier entretien avec le proviseur, M. Mielcarek. « Il m’avait prévenu que je serai confronté à beaucoup d’élèves au profil sociologique différent du mien, que je devrai être très déterminé, mais ne pas faire des autres mes ennemis. Parce qu’on ne réussit pas contre quelqu’un, mais pour soi. » Baran a emporté cette réflexion dans sa besace, comme il a su tirer parti d’autres rencontres.

« J’ai toujours eu la chance de croiser des professeurs qui m’ont soutenu et élevé », explique-t-il. Ainsi de M. Alati, qui lui a fait aimer les mathématiques en les enseignant « de manière plus ludique, avec de la musique classique en fond sonore ». Ou de Mme Carthé, son professeur de français en première, « qui a su [nous] transmettre son amour de la littérature ». Avec elle, il a découvert Michel Serres, Voltaire, mais a aussi pu partager ses coups de cœur pour Kundera, Philip Roth ou l’écrivain kurde Yachar Kemal. Quant à Mme Valero, en le poussant à s’inscrire au Concours général en terminale, elle lui a permis d’approfondir sa connaissance de la langue anglaise, ce qui en Californie lui sera bien utile.

« L’école devrait permettre à chacun de trouver sa voie »
Baran a obtenu une mention Très Bien au bac (S), a longtemps hésité entre une prépa à Henri IV et Sciences Po. « J’ai fait mon choix en raison du caractère public de l’école et du côté transdisciplinaire des enseignements. Des horaires aussi, qui laissent du temps à chacun pour cultiver son jardin. » Durant ses deux premières années d’étude, il a effectué des stages au cabinet du président de la République – « sous François Hollande, une autre rencontre marquante » – et à celui du ministre de l’Économie et des Finances, à Bercy.

À Berkeley, il a choisi les mathématiques et l’économie comme matières principales. Baran aborde aujourd’hui son « aventure américaine » plein de confiance et d’optimisme, conscient que, même sous l’ère Trump, « la Californie reste un Eldorado ». Convaincu aussi qu’il reviendra en France. « J’estime que je dois quelque chose à l’État et, quoiqu’il arrive, je voudrais être utile au plus grand nombre. » Et qui sait, une autre rencontre guidera peut-être ses pas… À 15 ans, impressionné par son livre « Demain, qui gouvernera le monde ? », il avait écrit à Jacques Attali. Étonné, ce dernier lui avait répondu, et avait noué une relation épistolaire avec le jeune homme avant de l’inviter à le rencontrer.

« Aujourd’hui, j’ai plein d’idées et de projets. Mais l’école devrait permettre à chacun de trouver sa voie, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. Mon parcours n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il y a plein de voies possibles et une fois que l’on a trouvé la sienne, quelle qu’elle soit, chacun peut réussir ! »

Valérie Walch - DNA 13 août 2017

Le Gymnase, atout international de Strasbourg

Le Gymnase continue de développer son offre de formation internationale. Il s'agit de porter le plus loin possible les jeunes qui lui sont confiés. Mais aussi d'appuyer les efforts de Strasbourg et de sa région dans l'accueil de cadres d'entreprises internationales, les universitaires, chercheurs voire migrants dont les enfants sont scolarisés en langue anglaise. 
L’Américaine Janel Hooven-Boulogne, responsable de la filière anglaise du Gymnase, 
accueille les premiers élèves qui passeront le bac international (IB) à la fin de l’année prochaine
La durée de séjour de ces professionnels, habituellement limitée à peu d'années, leur fait rechercher pour leur famille des solutions internationales qui leur permettent de se réinsérer aisément. Il s'agit prioritairement de scolarisation en anglais, offre inexistante en Alsace jusqu'à présent en collège et en lycée. Seuls des établissements scolaires suisses et allemands répondent à cette demande.

L'article de Charlotte Dorn, paru dans les DNA du 6/09/17 récapitule les efforts du Gymnase pour s'impliquer dans ces enjeux.
 L’arrivée de l’International Baccalaureate (IB) au Gymnase en 1re
Plus qu’une langue, c’est une nouvelle offre éducative qui voit le jour au Gymnase. Dix élèves du niveau première ont fait leur rentrée lundi dans la première classe du baccalauréat international, qui n’existait pour l’instant pas à Strasbourg (*).
Ils passeront leur International Baccalaureate (IB) l’an prochain, selon le contenu qu’ils auront adapté à leur projet personnel, en choisissant six matières, à des niveaux différents, en français et en anglais. Ce nouveau cursus de Sturm – entièrement hors contrat puisqu’il n’applique pas le programme de l’Éducation nationale mais celui d’une organisation internationale – intègre à la fois des nouveaux venus et des lycéens issus de la filière anglaise du Gymnase, entièrement revue par la même occasion.

 Une possibilité d’école 100 % anglophone
La Bilingual International School of Strasbourg (Biss) qui scolarise à Lucie-Berger et à Sturm (les deux composantes du Gymnase) des élèves anglophones de la maternelle au bac, se découpe désormais en Biss Primary School, Middle School et High School. Sur le principe des filières bilingues paritaires franco-allemandes, elle accueille les enfants à mi-temps en français (sous contrat avec l’État) et en anglais (partie hors contrat, avec une pédagogie par projet).
Elle permettra désormais, pour les élèves demandeurs, de suivre une scolarité intégralement anglophone à tous les niveaux, avec un enseignement à 50 % en présentiel et à 50 % en partenariat avec un site pédagogique en ligne américain permettant un enseignement certifiant

(*) Le bac international est un examen reconnu dans tous les pays, né en Suisse en 1968, à ne pas confondre avec les sections internationales, dont les élèves passent le bac du système français, L, ES ou S, avec une option internationale.