Henri Edouard Loux (1873-1907) passe ses premières
années à Sessenheim où son père est instituteur. Son enfance champêtre et
heureuse, notamment pendant les vacances dans la ferme de son grand père à Routzenheim, va marquer profondément
l'œuvre de l'artiste.
Henri Loux poursuit ensuite ses études au Gymnase
protestant de Strasbourg où il se rend en train avec son frère. Jugeant Henri peu apte à enseigner – pour suivre la
voie paternelle - mais particulièrement talentueux en dessin comme en peinture,
son professeur de dessin, Edouard Weissandt, réussit à convaincre le père
d’autoriser Henri à suivre ses cours du soir de peinture.
Le dessin d’un paysage champêtre, qu’Henri réalise en 1889 et le portrait de son grand-père effectué sous la direction de Weissandt, persuadent son père à renoncer à en faire un instituteur. En 1890, à l’âge de dix-sept ans, il est inscrit à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg, la «Kunstgewerbeschule», crée en 1889, il fait la connaissance de Léo Schnug et du céramiste Léon Elchinger. Il s'inscrit ensuite à l'Académie des Beaux-Arts de Munich, où il assiste à
Ces illustrations représentent surtout des scènes
campagnardes et villageoises avec des maisons à colombages typiques de l'Alsace
vers 1900. Le succès de cette vaisselle est tel qu'il va éclipser le reste de
son œuvre en tant qu'illustrateur et aquarelliste. On lui connaît quelques
rares peintures à l'huile qui semblent dater de la période 1895-1900.
Henri Loux meurt en 1907 à Strasbourg, dans le
quartier de Neudorf. Il est inhumé au cimetière du Polygone, au sud de
Strasbourg.
À la suite du rachat de la faïencerie Utzschneider & Cie à Sarreguemines par la famille Fenal en 1978, par ailleurs actionnaire de la Faïencerie de Lunéville-Saint-Clément, c'est cette dernière qui poursuit jusqu'à ce jour la fabrication des décors « Obernai ».
L’association des Amis de Henri Loux, fondée dans les années 1990, s’escrime à ranimer sa mémoire. Paul-André
Béfort en est un des membres fondateurs, Fernand Gastebois l’a présidée jusqu’à
son décès. Son fils Frédéric a pris sa succession, avant de disparaître à son
tour. En janvier, Hubert Siegfriedt, un des plus grands collectionneurs de
Henri Loux, a repris le flambeau.
« Il dessine ce qu’il voit, une Alsace rurale qui disparaît avec l’ère industrielle. Ces hommes et ces femmes, au travail ou à la fête, sont le témoignage d’une époque, mais aussi l’image de ce que l’homme a d’universel», se souvient le docteur Paul-André Béfort.
En 1985, avec Fernand Gastebois , il publie un
premier livre consacré au service de table « Obernai », emblématique
de la faïencerie de Sarreguemines. « C’était la première fois qu’on
fabriquait un service complet, avec des assiettes, des plats, des chopes… Il
existe environ 200 pièces, décorées de 52 dessins de Henri Loux. Il avait été
commandé par un restaurateur d’Obernai. »
L’ensemble du service est encore produit
Reconnaissables avec leurs scènes alsaciennes, leurs décors floraux en
quatre vignettes et leurs bords crénelés, les assiettes ont connu un succès
immense. Rares sont les buffets alsaciens qui n’en contiennent pas, quand elles
ne décorent pas les murs des salons des grands-parents. Les modèles d’avant
1945 peints à la main sont recherchés.
Les dessins de Henri Loux montrent fidèlement l’Alsace, du nord au
sud : Sessenheim où il a grandi, Wissembourg avec les courses de chevaux
du lundi de Pentecôte, une rue de Bouxwiller où l’église et l’enseigne existent
toujours, Murbach, Riquewihr… Une attention particulière est portée à la nature
et aux costumes.
Charles Spindler, Gustave Stoskopf, Léo Schnug… Le travail de l’artiste était reconnu par ses pairs, avec qui il partageait une identité alsacienne forte, mais le grand public l’a oublié. Ses œuvres, dispersées dans des collections privées, sont difficiles à recenser. Ses amis ont réalisé à sa mort un livret, qui a permis d’en repérer une partie. Quatre sont au Musée d’art moderne de Strasbourg.
Sources :
- Article rédigé par Marie Gerhardy pour les DNA du 4 mars 2023
- Surtout: http://www.alsace-collections.fr/Monographie%20Henri%20Loux.html