dimanche 24 février 2019

Jean-Matthieu Grappe (Bac 2008): entreprendre au Mexique !



 C'est finalement depuis São Paulo que je trouve le temps de vous répondre, quelques heures avant de repartir pour Bogotá.

Rapidement, je vous retrace mon parcours depuis le Gymnase.
Après mon Bac ES en juin 2008, je suis parti au Canada pour continuer mes études à HEC Montréal et obtenir un master en Technologies de l'information (IT) & Management. Je me suis épanoui dans le système universitaire nord-américain, spécialisé dans des domaines très spécifiques et j'ai continuellement travaillé en parallèle de mes études. De 2011 à 2012, j'ai rejoint Bombardier Aéronautique à temps plein et continué mes études en prenant des cours du soir. Découvrant le Mexique lors d'un de mes voyages je me suis passionné pour ce pays et j'ai décidé d'apprendre l'espagnol et de partir finir mes études au TEC de Monterrey dans la ville de Querétaro à 250 km de Mexico.

Diplôme en poche, j'ai vendu mes affaires et pris la route pendant 1 an pour réaliser plus de 16 000 km de stop en solitaire en traversant du Nord au Sud toute l'Amérique Latine. Une très belle aventure, forte en émotions et en apprentissages.

De retour au Mexique, je commence à travailler pour une société française, Netgem en tant que chef de projet Télévision numérique. Ce projet me permet de découvrir un nouveau domaine et d'acquérir une expertise.

La volonté d'entreprendre a toujours été très présente en moi et je décide de me lancer dans un nouveau projet, Decidata (https://www.decidata.tv/). Je programme depuis mon adolescence et cela me permet de développer les premiers algorithmes de la société en quelques mois. Il s'agit de détecter en temps réel la publicité qui passe à la télévision et de la synchroniser avec une campagne digital sur Facebook et Google afin de maximiser l'impact.

Peu à peu l'entreprise grandit dans mon appartement et nous passons de 3 à 10 en quelques mois pu
is de 10 à 17 avant de réaliser une levée de fonds en 2017. Aujourd'hui l’entreprise compte plus de 30 employés répartis dans nos différents pays d'opérations : Mexique, Colombie, Pérou, Argentine, Brésil et Chili.

Le Mexique est un pays dynamique, en croissance, grand comme 4 fois la France et avec une population de plus de 140 millions d'habitants.
Terre d'opportunités, le Mexique rayonne par son influence et sa puissance économique sur l'Amérique Latine.
7e pays au monde en quantité d'ingénieurs formés par an, c'est un réservoir de talents.

L'entreprise forme gratuitement les employés à la programmation, aux langues (Français, Portugais et Anglais) et à la gestion de projet agile afin de permette à chacun d'acquérir de nouvelles compétences. Nous souhaitons avoir un impact social et nous pensons que l'apprentissage permet de faire une différence.

Nous avons gagné plusieurs prix depuis la création de l'entreprise:
Mais globalement que fait-on ?

Nous analysons en temps réel et grâce à des algorithmes d'intelligence artificielle ce qu'il se passe sur plus de 1300 chaines de télévision.
Cela sert deux grandes verticales, une qui s'adresse aux marques et aux agences de Marketing et l'autre, aux chaines de Télévision et aux fournisseurs d'accès internet.
  • Pour les chaînes de télévision, nous analysons la qualité de leur retransmission et nous détectons la publicité où le contenu inséré.
    Cela est très important durant les campagnes politiques et aussi pour détecter les fraudes ou les problèmes internes.
    Cela permet aussi aux chaînes de télévision de facturer plus rapidement leur clients et de leur fournir une preuve que leur publicité a été diffusée.
  • Pour les fournisseurs d'accès internet nous avons un système d'insertion de publicité ciblée pour la télévision (Programmatic TV) et sur les supports OTT (streaming).
    Nous travaillons en partenariat avec Amazon Web Services (AWS) afin d'offrir cette solution à de nombreuses entreprises du numérique.
  • Pour les marques, nous détectons la publicité que fait sa concurrence à la TV/Radio et nous activons en temps réel la publicité digitale de la marque sur Google/Facebook.
    Nous mesurons aussi l'impact qu'à une publicité TV/Radio sur les ventes en ligne de la marque. C'est ce qu'on appelle l'attribution TV.
Pas beaucoup de temps pour s'ennuyer et beaucoup de projets à gérer. Une belle aventure, prenante mais passionnante !


Voilà pour mes quelques nouvelles ! Si vous avez des questions, n’hésitez pas!
J'espère que tout se passe bien à Strasbourg et que le Gymnase, fidèle à ses traditions humanistes, continue de former des citoyens du monde.

Je vous remercie,
Jean-Matthieu


samedi 9 février 2019

Adèle Schramm (Bac 1996), championne du ciel


Originaire de Strasbourg-Neudorf et installée à Obernai, Adèle Schramm, 38 ans, est l’une des meilleures pilotes françaises en navigation aérienne sportive.
Un peu comme Obélix, elle est tombée dans la marmite quand elle était toute petite. Comme d’autres pouvaient accompagner leurs parents sur des terrains de foot, la jeune Adèle suivait son père à l’aérodrome du Polygone à Strasbourg-Neuhof.
« Il volait le week-end et j’étais tout le temps avec lui », se remémore l’intéressée, aînée d’une fratrie de trois enfants (deux filles et un garçon).

Contrôleuse aérienne à Entzheim
Le pneu installé sous ses fesses dans le planeur, c’est un peu sa Madeleine de Proust à elle. Sur le bitume devant le local de l’aéroclub Polygone 67, elle a appris à marcher puis à faire de la bicyclette. C’était un peu sa deuxième maison, à 500 mètres à peine de sa résidence principale située dans le Neudorf. « Dès que j’avais du temps, j’allais là-bas. »
En France, on ne peut voler avant l’âge de 15 ans. Le jour même de son quinzième anniversaire, les bougies du gâteau encore chaudes, elle a donc accompli son premier vol. « J’attendais ce moment avec beaucoup d’impatience, se souvient l’ancienne collégienne du Gymnase Jean-Sturm. Quand on vole, on a un sentiment de liberté, c’est fabuleux. »
Celle qui voulait devenir astronaute puis pilote de ligne a finalement embrassé la carrière de contrôleuse aérienne. Une profession qu’elle exerce depuis 2003 à l’aéroport d’Entzheim.
En parallèle, elle continue de voler régulièrement, notamment au-dessus du Haut-Koenigsbourg, des Vosges ou encore du Mont Sainte-Odile, ses « spots » de référence.
Il y a quatre ans, elle découvre l’existence de compétitions en sport aérien. Un tournant dans la vie de cette ancienne judokate ayant participé à plusieurs championnats d’Alsace avec le kimono du SUC.


Atterrir dans un couloir de 12m
« Voler est ma passion et je suis compétitrice dans l’âme, c’était donc fait pour moi », en sourit aujourd’hui la jeune femme qui navigue à bord d’un avion de tourisme (Cessna 152 ou 172).
Adèle Schramm pratique trois disciplines. Avec Alexis Fuchs, elle est d’abord co-pilote en rallye aérien. Des check-points sont installés sur un tracé. Il faut les activer en un temps limité. Aussi, des photos illustrent des endroits qu’il faut retrouver et placer sur une carte pendant le vol. Le duo a fini 5e aux championnats du Monde 2018 en Slovaquie et 2e par équipes avec la France.
Le binôme s’aligne aussi en « Air Navigation Race » (ANR). Cette fois, c’est Adèle qui pilote. « Un tuyau est matérialisé sur une carte, on doit toujours naviguer dedans. On prend des pénalités quand on en sort. Celui qui en a le moins gagne », souligne la médaillée de bronze dans cette discipline aux Mondiaux 2017 en Espagne.
Enfin, la mère de trois enfants (Célian 13 ans, Amaury 11 ans et Charline 6 ans) concourt, en solo, en pilotage de précision. Il s’agit de suivre un tracé aérien en un temps chronométré, alliant donc la vitesse à l’habileté en vol. Comme en ANR, l’atterrissage est évalué. « On doit toucher les roues sur un couloir de 12m de large. » Adèle a pris la 3e place aux Mondiaux 2017.
En pleine saison (d’avril à octobre), l’Obernoise vole toutes les semaines pour son plaisir et/ou l’entraînement. En 2019, l’élite mondiale du pilotage de précision sera réunie à Castellòn (Espagne).
En rallye aérien, ce sera en 2020 en Afrique du Sud. La navigatrice de 38 ans joue cartes sur table. « Quand je m’inscris à une compétition, c’est pour gagner. » Ainsi va la vie d’Adèle.


Décision contestée
Dans les compétitions hexagonales, la Fédération française aéronautique (FFA), dont Adèle Schramm est élue au comité directeur, a décidé, l’année passée, d’opérer la distinction entre hommes et femmes dans les classements. La pilote originaire du Neudorf est « totalement contre » cette décision.
« C’est ridicule de faire une différence, fulmine-t-elle. Dans nos disciplines, le côté physique n’est pas très présent, les filles ne sont donc pas désavantagées. J’espère qu’on reviendra vite en arrière. »
Lors des derniers championnats de France de pilotage de précision, il n’y avait que quatre engagées et Adèle a gagné. « Ce que je retiens, c’est ma 2e place au classement scratch. C’est ce résultat-là qui a un sens. ». En plus d’être compétitrice, la pilote est aussi perfectionniste.

 Titulaire d’une licence de pilote, Adèle Schramm utilise également ses talents en vol pour découvrir la planète. En touriste, la jeune femme a réalisé un tour de France avec moult escales mais aussi volé en Europe de l’Est (Estonie, Lettonie, Lituanie, Croatie, Slovénie…).
Avec deux amis, elle a également parcouru toutes les îles des Caraïbes il y a quatre ans. «On allait d’île en île à bord de l’avion qu’on pilotait, se souvient Adèle. On dormait dans des gîtes la nuit et on faisait des visites durant une partie de la journée. C’était incroyable. L’avion te permet de découvrir l’endroit de façon totalement différente. En plus, quand c’est ta passion, c’est le top. »

DNA 16 janvier 2019