jeudi 2 juin 2022

Paroles croisées d'anciens élèves et amis à Ralph Boetzlé …


Bonjour,

J'ai appris avec beaucoup de tristesse le départ de Ralph Boetzlé, le professeur qui a le plus marqué mon parcours de lycéenne au Gymnase Jean Sturm.

R. Boetzlé était bien plus qu'un professeur d'allemand. Il a eu cœur de nous faire découvrir certains des plus beaux textes et poèmes de la littérature germanophone, mais nous aussi beaucoup fait réfléchir et développer notre esprit critique. Je lui suis profondément reconnaissante pour son enthousiasme et la passion des auteurs germanophones qu'il nous a fait découvrir et partager.

J'ai eu le plaisir, il y a quelques années, de "retrouver" Ralph Boetzlé sur LinkedIn et pouvoir lui témoigner (un peu, sûrement insuffisamment) mon  meilleur souvenir et ma profonde reconnaissance.

Ilona S. - Promotion  Bac 1985


Vielen Dank M. Boetzlé

En allemand, M. Boetzlé ne nous a finalement guère appris qu’un mot : denken.

Eric S. - Promotion Bac 1977


M Ralph Boetzle, professeur extraordinaire

 Quelle triste nouvelle ! J'ai eu la chance d'être son élève de 1978 à 1985, de la 6e à la Terminale. Il avait accepté de conserver peu ou prou le même groupe, sous sa férule exigeante mais toujours bienveillante et certaines amitiés nouées durant ces années sont intactes,  toujours aussi fortes 40 ans plus tard. 

Il nous a enseigné l'allemand, bien sûr, avec rigueur et passion mais bien plus encore: l'histoire, la géographie, la culture des pays de langue allemande, leur littérature et leur philosophie. Faust, qu'il nous a fait découvrir, reste l'œuvre qui m'a marqué le plus profondément. Il transmettait le meilleur des traditions et valeurs humanistes qui font partie du socle d'excellence de notre Gymnase. Dans sa classe, on pouvait parler de tout.

M Boetzle connaissait nos forces et aussi toutes nos faiblesses. Il prenait le temps de s'intéresser à nos personnalités, nos centres d'intérêt et savait trouver des ressorts de motivation que nous ne devinions pas nous-mêmes pour nous faire progresser. J'étais paresseux, dilettante, dissipé et souvent mal dans ma peau. Il comprenait tout cela car comme il aimait à nous le répéter: <<j'ai été élève avant vous>> . Aucune de nos ruses ou astuces ne lui était inconnue. En étudiant avec lui, la motivation et le désir de bien faire étaient naturels. Je ne les ai jamais ressentis comme des pensums.

Pour ma part, je lui dois énormément puisque ma bonne maîtrise de l'allemand a été un facteur important pour décrocher mes premiers emplois.

J'ai eu le plaisir de le revoir lors de quelques carrefours-carrières et d'échanger par e-mail avec lui il y a quelques années. Laborieusement, j'ai écrit le message en allemand (que je n'ai plus l'occasion de pratiquer) en commettant sûrement plusieurs fautes. Avec sa gentillesse et sa subtilité coutumières. il ne les a pas relevées. Au contraire, il m'a invité à une visite du nouveau Gymnase lors d'un prochain passage à Strasbourg. On sentait dans ses lignes la fierté du travail accompli et l'enthousiasme suscité par les progrès et transformations de l'institution à laquelle il a consacré énormément de temps et d'énergie. Je regrette beaucoup que ce joli projet de visite ne puisse se réaliser. L'expatriation a aussi ses coûts et ses revers.

Je n'ai pas eu la chance de connaitre sa famille; qu'il me soit permis d'exprimer ici mes très sincères condoléances et ma vive sympathie a sa femme et ses fils.

Reposez en paix, cher Professeur (c'est plus sympa que Herr Professor, un peu trop rigide à mon oreille). La gratitude et le respect de vos élèves ne sont pas près de s'éteindre.

David B. - Promotion Bac 1985

J’ai eu la chance d’avoir M. Boetzlé comme professeur d’allemand, en classe dialectophone. Pour moi, c’est le meilleur professeur que j’aie jamais eu, toutes disciplines confondues.

Je me souviens encore avec précision des outils mnémotechniques qu’il avait inventés, pour nous rendre plus aisée la tâche d’apprendre la grammaire allemande qui est réputée si difficile: le « RESE, NESE, MRMNN….. ».

Je me souviens aussi de la « Clé » qu’il avait dessinée, pour nous expliquer la fin de certains mots en « n » ou « en ».

M. Boetzlé était un formidable pédagogue, il y mettait toute son énergie, toute sa passion, et je lui suis infiniment reconnaissante pour tout le savoir qu’il a transmis à ses élèves. Il avait aussi contribué à la rédaction de notre manuel d’allemand « Rolf und Gisela ».

Je me souviens aussi d’un poème de Hans Magnus Enzensberger, intitulé « Freizeit » qu’il nous avait enseigné, et qui m’est resté en mémoire :

« Rasenmäher, sonntag
der die sekunden köpft
und das gras.

Gras wächst
über das tote gras
das über die toten gewachsen ist.

Wer das hören könnt!

Der mäher dröhnt,
überdröhnt
das schreiende gras.

Die freizeit mästet sich.
wir beißen geduldig
ins frische gras”.

M. Boetzlé nous avait expliqué le sens caché derrière ces paroles, le poids de l’histoire, du sens de la culpabilité du peuple allemand après la 2è guerre mondiale. Ses cours étaient très intéressants.

Je vous serais reconnaissante de bien vouloir transmettre mes condoléances les plus sincères à son épouse et à ses deux fils. Je me souviens encore lorsqu’ils sont nés, nous l’avions félicité en classe, il était si heureux…

Avec mon souvenir ému,

Stefania A.-K. - Promotion Bac 1992


Bonjour 

Beaucoup de souvenirs et d'émotions avec le départ de Ralph. Si j'avais des nouvelles régulières, au début par Maman puis par Martine Altschuh j'ai partagé beaucoup de moments forts de ma vie avec lui, que ce soit au Gymnase ou à Bachat Bouloud dans les colonies de vacances qu'il dirigeait et où j'étais monitrice.

Mais le moment marquant que je souhaite partager c'est celui de l'échange qu'il a organisé entre le Gymnase et le lycée d'Heikendorf/ Schleswig Holstein en 1978.

44 ans plus tard j’y vais toujours régulièrement, Svea est devenue ma meilleure amie, elle est professeure de français dans un lycée et à son tour organise des échanges linguistiques, consciente de la richesse qu'ils apportent. Une très grande amitié ......grâce à Ralph qui avait composé les "binômes".

Résidant à l'étranger, et ne pouvant venir ce jour,  je vais écrire à Frédérique et ses enfants, mais cette partie de vie de Ralph est une de ses petites graines qu'il a plantée comme professeur d'allemand au gymnase et qui grandit toujours que je voulais partager.

En pensée avec vous ce jour, 

Avec mes meilleures pensées.

Anne-Catherine R. - Promotion Bac 1982

  Nous sommes les parents de Aurore B., une « ancienne de Sturm »…c’est avec une grand émotion que nous apprenons le départ de Monsieur BOETZLE qui avait si bien su nous accompagner lors de l’inscription de notre fille dans cet établissement prestigieux…. Toujours présent, toujours disponible… c’est grâce à lui aussi  que notre fille est devenue une belle personne, et médecin apprécié de ses supérieurs et de ses patients…..merci pour tout

 Très sincères condoléances à sa famille….

Parents d’Aurore B. - Promotion Bac 2007


Ralph, mon ami Ralph,

Toi aussi, tu t'en es allé danser avec les étoiles. Tu t'es réveillé du rêve de la vie pour entrer dans le domaine des certitudes absolues, comme le dit si bien le poète.

Nous sommes arrivés ensemble au Gymnase en 1974. Un an plus tard, c'est Frédérique qui est venue , que tu allais épouser, avant d'avoir avec elle deux beaux enfants, Pierre et Thomas. 

Tout en rappelant l'infinie tristesse de ton départ, je veux leur souhaiter beaucoup de force et de patience comme de trouver le réconfort dans le souvenir inépuisable de l'homme de bien que tu es, que tu as été. 

Pour moi, cela a été une grande chance de faire la connaissance d'une personne avec laquelle il a été possible d'avoir de grandes et belles discussion portant sur la vie, l'enseignement, l'histoire, la culture, la politique, la pédagogie , le sport . Ensemble, nous avons organisé et mené de nombreux voyages scolaires à Florence, à Venise, à Grenade, Séville et Cordoue. A chaque fois, c'était l'occasion de voir que derrière l'homme de bien, de culture, il y avait aussi et surtout l'humain, qui appréciait ses semblables et diffusait la chaleur de l'amitié. J'ai aussi découvert très rapidement le remarquable pédagogue dans sa discipline, l'allemand, à la fois passionnant pour ses élèves par son dynamisme et incroyablement efficace . 

Moi qui étais rétif à la langue allemande, à cause de l'histoire du nazisme (comment une immense culture n'a-t-elle pu empêcher une aussi sombre et tragique barbarie ?), j'ai découvert grâce à toi et surtout grâce à ta merveilleuse diction de l'allemand, la musicalité et la poésie mélodique de cette langue, qui pour moi, spectateur de films, avait fini par devenir une langue qui s'aboie dans la bouche de la soldatesque nazie ("Streng verboten !"). Une langue dont la riche culture avait été confisquée par la monstruosité nazie, redevenait, en t'écoutant parler allemand, la langue de la finesse et de tous les possibles, langue bienveillante pour l'humanité. Le simple souvenir de toutes les larges fenêtres que tu as su ouvrir à tes élèves et à tes amis ne pourra assurément pas s'effacer ni avec ton départ, ni avec le temps.

Repose en paix, l'ami. Nous avons eu la chance de croiser ton chemin, ta présence, ton humanité, et cela rien ni personne ne pourra nous l'enlever bien que nous pleurions une étoile qui a filé. 

Faruk G. - Promotion Bac 1967


Témoignage partagé de Jean-Claude Graeff et Jean Pierre Perrin

Temple Neuf – 23 mai 2022

[JPP]

Mon cher Ralph,

Oui, je sais, à nous voir arriver tous les deux, Jean-Claude et moi, et nous adresser ainsi à toi, j’imagine ton sourire un peu ironique et la malice qui se glisse dans tes yeux : « qu’est-ce qu’il vont encore me demander ? »

Il est vrai que tu as été beaucoup sollicité, en bien des domaines, et que ta réponse a été généreuse, après les protestations d’usage auxquelles nous étions habitués. 

[JCG]

Tu as commencé par être ce germaniste reconnu dans l'équipe de l'Inspecteur Georges HOLDERITH qui dans les années 70 a révolutionné l'enseignement de l’allemand pour les enfants dialectophones d'abord ... puis les autres. Il se dit même que ton prénom a servi, un peu modifié, à un des personnages emblématiques (Rolf) de la méthode

     Pédagogue dynamique, tu as animé des sessions de formation pendant des années. C'est d'ailleurs dans ce contexte que je t'ai connu avant de travailler ensemble sous la houlette de l'Inspectrice pédagogique régionale Marlène DESBORDES. Et c'est toi qui m'a sollicité pour venir au Gymnase et c'est grâce à notre proximité que j'ai répondu positivement

[JPP]

Je ne t’ai pas connu comme enseignant. Mais, au risque de brusquer ta modestie, j’ai été frappé par ce qui se passait lors des journées portes ouvertes. Nous savions que lorsque tu étais présent sur le stand des anciens élèves, la fréquentation était assurée. Non pour l’affichage de nos informations, mais tes anciens élèves, ravis de te revoir, affluaient auprès de toi.

[JCG]

Tu as été le magicien des "zetteler"-comme tu disais, ces petits cartons de toutes les couleurs qui te servaient pour la confection des emplois du temps dans ton bureau de Proviseur-adjoint qui deviendra le mien lorsque tu as migré dans celui de Proviseur.

     Durant cette année de service, tu t’es attaché à écouter tous les personnels dans le but de pacifier l'ambiance et de ramener la sérénité... Et je crois sincèrement que tu y a réussi !

[JPP]

Effectivement, lorsque le Gymnase a traversé une période plus délicate, au début de ce XXIème siècle, tu es celui qui a su maintenir le cap, agit sans relâche pour préserver la cohérence de la communauté éducative. Par ton intelligence de la situation et ton souci de l’intérêt collectif tu as fortement contribué à la création du nouvel ensemble scolaire, acceptant d’assumer la direction du Gymnase Jean Sturm en 2002-2003.

[JCG]

Puis tu as partagé avec nous toutes les étapes de la création du Pôle Jan Amos Comenius( futur Gymnase - Lucie Berger & Jean Sturm). En compagnon de route, tu as participé après ton départ à la retraite et pendant plusieurs années aux réunions de l'équipe de direction du lundi après-midi et tu y as même rempli la fonction de secrétaire

[JPP]

Par ailleurs tu as aussi accepté de présider le Foyer Socio-Educatif de l’ensemble scolaire jusqu’en novembre 2010.

Ton dévouement t’a conduit à accepter, dans l’urgence, de remplacer le directeur défaillant du Collège Cévenol au Chambon sur Lignon en 2008. Il fallait un courage certain.

Nous ne saurons dire assez combien tes conseils, ton regard distancié et lucide, ton expérience et ton humour nous ont été précieux. En toute discrétion, comme d’habitude.

 Et après cette 2eme retraite, tu as accepté de continuer notre compagnonnage au sein de l’association des anciens et amis du Gymnase, fidèle jusqu’à une date récente aux réunions dans des locaux que tu connaissais si bien. Tu en as été la mémoire vivante par ta connaissance de tant d’élèves.

 Merci à toi, Ralph, pour tout ce que tu as donné, avec une exigence constante et une modestie peu fréquente. Nous associons ton épouse Frédérique à nos remerciements : nous l’avons souvent privée de ta présence.

[JCG]

Tu fus notre ami .... même si nous nous étions un peu perdus de vue (la vie des retraités n'est pas un long fleuve tranquille !!!),  nous nous savons liés par une communauté de valeurs et de vie .

 Mais même si tu n'es plus parmi nous aujourd'hui, ce lien n'est pas coupé !

[JPP]

Au revoir Ralph, tu resteras présent dans nos mémoires tant par ton esprit que ton regard sur notre monde.

mercredi 1 juin 2022

Bertrand Perret (bac 1987), coach globe-trotter

 

Après une scolarité presque complète au Gymnase (11ème à la Terminale de 1973 à 1987) et une formation au CREPS, Bertrand Perret forge son métier au TC Lingolsheim, de 1991 à 2011. Il y lance Paul-Henri Mathieu. Après un tour par l’ISP Tennis Academy, de Sophia Antipolis, dans le sud de la France, il rejoint Moscou pour coacher un jeune espoir russe, Gregory Mamourin.

C’est le top départ de son tour du monde.

Depuis plus de dix ans, Bertrand Perret (54 ans), né à Strasbourg et citoyen de Bischheim, vit ce nomadisme de la petite balle jaune, rythmé par les

contrats qui se concluent et qui se rompent au gré des humeurs et des résultats du champion ou de la championne qu’il entraîne.

Sur le circuit WTA qui quadrille la planète, beaucoup de joueuses ne voyagent pas seules. Maman, papa, sœur, frère, époux, petit ami, agent, animal de compagnie sont dans les parages. Et il y a l’entraîneur pour celles qui ont les moyens de s’en payer un.

Il a travaillé aux côtés de joueuses pas, peu ou très connues. Il y a eu la Mexicaine Renata Zarazua mais aussi et surtout la Chinoise Shuai Peng – dont la carrière professionnelle a pris fin suite à ses accusations contre des officiels chinois et leur écho mondial - et la Tunisienne Ons Jabeur, l’une des grandes joueuses du moment sur le circuit WTA.

 « On a la même vision du jeu »

Fin janvier 2020, Jabeur met fin à leur collaboration. Deux mois plus tard, la planète se confine et Bertrand Perret est à l’arrêt. Quand le tennis redémarre, l’Alsacien doit éviter le pire : rester dans l’ombre. « Les gens peuvent t’oublier facilement, il faut faire savoir que tu es disponible. »

En attendant, il fait des piges à gauche, à droite. Assiste une Chinoise dont le coach est bloqué au pays, rejoint le Marocain Elliot Benchetrit puis remet l’Allemande Tatjana Maria en selle après la naissance de sa deuxième fille dont il est le parrain. Ces lignes s’ajoutent à son CV déjà bien garni et ce sont sans doute elles qui lui ouvrent les portes d’une nouvelle expérience.

« En septembre (2021), Louis-Paul (le père et ex-coach de Caroline Garcia) m’a téléphoné », raconte-t-il. « On discute, on se connaissait, on a la même vision du jeu de “Caro’’ ». Quelques semaines plus tard, Perret devient le nouvel entraîneur de la Lyonnaise. Un joli coup du destin.

 « Je pense que j’ai été choisi parce qu’on était sur la même longueur d’ondes », avance le Bischheimois. « Caroline est une attaquante, l’idée est de la remettre dans ce chemin. On est synchro là-dessus. Là, elle revient de blessure, alors il faut s’adapter. Quand sa direction de jeu sera retrouvée, les résultats suivront. »

Son expérience lui permet d’être clairvoyant. Avoir parcouru la planète tennis lui a donné une fine connaissance des mentalités et des cultures. Il sait que les Chinoises sont des travailleuses forcenées, que les Russes sont des combattantes dures au mal, que les Latines sont davantage dans les sensations et dans l’affirmation de leur personnalité.

« Caroline a encore besoin de quelques jours », explique-t-il à propos du retrait de sa protégée des IS. « C’est vrai qu’on arrive à Roland-Garros sans repères. On verra bien… » On parie qu’avec Perret à son chevet, Garcia ne tardera pas à refaire des étincelles.

 Extraits de l’article de Christophe SCHNEPP pour les DNA du 16 mai 2022