jeudi 30 septembre 2021

Des Lumières dans la Nuit. Les Justes parmi les Nations d’Alsace

 


Face à la barbarie nazie, ils prirent tous les risques pour sauver des juifs.

Devenus pour Israël « les Justes parmi les Nations », ces hommes et femmes furent comme « des lumières dans la nuit ». Et 78 d’entre elles brillèrent en lien avec l’Alsace.

À Strasbourg, une exposition leur rend hommage actuellement dans l’aula du Palais Universitaire jusqu’au 5 octobre du lundi au vendredi, de 9 h à 20 h.

Un livret, qui en restitue le contenu et que préface Frédérique Neau-Dufour, ancienne directrice du Centre européen du Résistant déporté, a également été édité (47 pages, 6,50 €).


Deux anciennes élèves de Lucie Berger figurent parmi des héroïnes discrètes :

      Alice Rosensthiel et Danielle Chamant  

 Alice Rosensthiel, née à Strasbourg en 1906, passe un diplôme de « jardinière d’enfants » au Collège

Lucie Berger de Strasbourg. A 25 ans elle prend la responsabilité de la crèche de l’usine Carmichael, près d’Amiens.

En 1943, son amie infirmière Jeanne Boullen-Neumann fait appel à elle : son fils, Samuel, âgé de 4 mois, a été circoncis, ce qui la plonge dans une grande inquiétude. Le 14 juillet 1943, Alice Rosenstiehl part pour Marseille et ramène le bébé après un voyage éprouvant sous les bombardements. Pendant les deux années qui suivent, elle prend soin du petit Samuel avec affection et dévouement. Durant la journée, il est à la crèche; le soir, elle le prend chez elle.

Samuel grandit sans savoir qu'il avait été sauvé sous l’Occupation. A l’âge de 53 ans, marié, père de famille, il se rend à Paris pour voir son frère. C’est alors qu’il trouve, dans le bureau de sa mère, décédée quelques années auparavant, un paquet de vieilles lettres. Il découvre alors l’histoire de sa petite enfance. Lorsqu’il demande à Alice Rosenstiehl, retrouvée, pourquoi elle avait pris un tel risque, elle lui dit simplement « parce que mon amie me l’a demandé ».


 En juillet 1940, Danielle Chamant, âgée de 18 ans, trouve refuge en Haute-Garonne avec sa famille expulsée de Moselle après avoir été élève au Collège Lucie Berger.

Elle devient assistante sociale et se trouve affectée au Secours National de Carcassonne dont le directeur est Georges Roty. Elle y est chargée de l'action sociale.

C’était une organisation offrant des services de protection sociale, créée par le gouvernement français dans les premiers jours de l’occupation allemande. Durant la guerre, Jean Georges Roty et Danielle Chamant aidèrent René Klein et Nicole Bloch, membres de La Sixième, une organisation de résistance juive établie par les EIF (Eclaireurs Juifs Israélites) dont la mission principale était de cacher des enfants juifs.

Danielle Chamant accompagnait souvent les enfants juifs dans leur cachette dans des pensionnats catholiques malgré les risques encourus et leur donnait des cartes d’alimentation.

Lorsque Nicole Bloch sera à son tour traquée, c'est Danielle Chamant qui lui offrira un abri chez elle.