vendredi 10 mai 2019

Les Alumni explorent le grand musée de la 2e guerre mondiale, MM Park


Camarades, l’heure est grave. Les chars sont aux portes de Strasbourg. Si l’on ne fait rien, tout le centre-ville sera envahi. Et au centre du centre-ville, comme chacun sait, trône le Gymnase (Sturm, pour les intimes – et pour les moteurs de recherche, pour qui cette parenthèse a été doctement pensée).
En ce 3 mai 2019, n’écoutant que leur courage, prêts à combattre l’envahisseur à mains nues, une vingtaine d’Alumni se sont dirigés vers La Wantzenau, bravant qui les pistes cyclables étrangement boueuses, qui les routes étrangement ralenties. On aurait voulu bloquer notre progression qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

Conseil de guerre sur le point de rassemblement – un parking. C’était ici une imprimerie, maintenant un char nous accueille.

Plus loin, un canon bouge automatiquement si on ose l’approcher. Camarades, affirmatif ! L’ennemi guette à l’intérieur. Qui va se coltiner la première approche ? Je vous le donne dans le mille : nos deux généraux 5 étoiles, MM. Flurer et Perrin.
Disons ici tout haut ce que tout le monde pensait tout bas : notre troupe de choc a vite été repérée. Comment l’a-t-on su ? Le premier guide nous annonce d’emblée qu’il est le voisin de Fabienne – elle est l’un des piliers du secrétariat du Gymnase depuis une bonne trentaine d’années. Et le deuxième guide nous apprend sans plus de précaution qu’il est, lui aussi, un Alumni (promo 1964). Un infiltré !
Soulagement. Nous sommes en terre amie ! Les 120 chars ne risquent pas de monter de sitôt sur la chaire de Calvin. Les 400 uniformes conservés à l’huile essentielle de lavande (le top de l’antimites) ne vont pas resservir.
Et le bateau allemand qui récupérait les pilotes de chasse restera bien sagement dans sa piscine, construite exprès pour lui !



Les 7000 mètres carrés du site, baptisé « MM Park », abritent depuis 2017 un musée, véritable joyau pour collectionneurs passionnés (notamment Éric Kauffmann, le fondateur), avec des espaces ludiques un peu partout, dont un grand pour s’essayer au tir et faire de l’accrobranche – et bientôt un restaurant à l’occasion de la prochaine extension. Le tout est consacré à la Deuxième Guerre mondiale : armées alliées comme armées ennemies, Malgré-Nous, troupes coloniales... Des uniformes – classés par État – aux véhicules (chars, voitures, et même un avion), vous ne trouverez nulle part ailleurs une telle concentration de mémoire de la guerre. À vous en donner le tournis !

À signaler aussi, le musée dans le musée, celui de l’opération Sussex : des volontaires étaient alors enrôlés pour faire du renseignement afin de préparer le Débarquement.
Une collection que l’on doit à Dominique Soulier, notre guide du jour, dont le père Georges fut parachuté à Nantes dans le cadre de ce plan. Papier-poudre qui s’autodétruit à l’approche d’une cigarette, chevalière avec ampoule du cyanure pour se faire hara-kiri en cas de danger, mini-scie d’évasion : il faut le voir pour le croire.
Alors courez-y (et plus vite que ça !) : MM Park, 4 rue Gutenberg, 67610 La Wantzenau.

Signalons au passage deux ouvrages du même modeste et passionnant Dominique Soulier : « Le Plan Sussex : Opération ultra-secrète tripartite américano-franco-britannique, 1943-1944 », Éditions Ronald Hirlé (2009) ; « Le Plan Sussex, guerre secrète en France occupée », Histoire et Collections (2013).

À noter aussi la parution (mi-mai 2019) de « La décision secrète d’Eisenhower » à La Nuée Bleue, de Dominique-François Bareth, qui sort un véritable scoop dans l’historiographie française : c’est à Saint-Dié qu’Eisenhower, alors chef des armées alliées, a fait un choix stratégique crucial pour la fin de la guerre en Europe.
Antonio Lagala, mai 2019