jeudi 7 janvier 2016

L'IB, un autre bac au Gymnase



Le Gymnase se prépare à ouvrir une nouvelle classe de première et terminale, préparant au bac international. Une offre éducative jusqu'ici inédite à Strasbourg, dans le prolongement de la filière bilingue anglaise.
Strasbourg va vraisemblablement devenir la ville de province avec l’offre éducative internationale la plus variée dans le secondaire. Aux formations qui existent déjà (lire ci-dessous) devrait s’ajouter en septembre 2017 la préparation du bac international (International Baccalaureate ou IB), pour laquelle candidate le Gymnase Jean Sturm.
Pour l’instant, les plus proches établissements proposant ce diplôme reconnu dans le monde entier se situent à Paris, Lille ou Lyon. Il en existe seulement 13 en France, mais 70 en Allemagne et 4 200 sur la planète. Né à Genève en 1968, ce cursus apatride s’était donné pour ambition de « créer un monde meilleur à travers l’enseignement ».

« L’élève peut construire un contenu adapté à son projet »
« Ces programmes encouragent les élèves de tout pays à apprendre activement tout au long de leur vie, à être empreints de compassion et à comprendre que les autres, en étant différents, puissent aussi être dans le vrai », déclare l’organisation dans sa mission. Des mots qui résonnent avec les valeurs humanistes du Gymnase, explique son directeur Guy Mielcarek, et plus largement avec l’une des priorités de l’éducation nationale depuis le choc des attentats.
Si sa candidature est bien validée (ce qui devrait intervenir au plus tard en janvier 2017), l’établissement compte scolariser une quinzaine d’élèves en première et une autre quinzaine en terminale en 2017-2018.


« L’élève peut construire le contenu du bac adapté à son projet », explique Janel Hooven-Boulogne, chargée de mission à Sturm. Chacun doit choisir six cours dans cinq ou six grands domaines, à des niveaux différents, en français et en anglais. En plus de ces connaissances « à la carte », un tronc commun les fait réfléchir sur la façon de construire le savoir, rédiger un mémoire sur une recherche personnelle et participer au programme « créativité, action, service », qui s’étendra d’ailleurs à tous les élèves du Gymnase. Ce module permet de valoriser un engagement associatif, une activité physique ou une exploration artistique, en faisant réfléchir les jeunes à ce qu’ils font d’eux-mêmes en dehors des cours.

C’est la section bilingue anglaise qui a déclenché ce projet de bac international à Sturm. Scolarisant 140 élèves du CP à la terminale, sous contrat avec l’État pour sa partie francophone, elle s’appuie sur une pédagogie anglo-saxonne, notamment en travaillant par projets et non par matières. Sauf qu’arrivés en seconde, les élèves découvrent « le système à la française ». Sa norme en rassure certains, « mais d’autres vont passer une énergie folle à résister à un système qui ne leur convient pas », explique Janel Hooven-Boulogne. Or, le sésame pour les études supérieures reste un « bon » bac. Qu’il soit français ou international. Les élèves de la section pourront donc choisir celui qui correspondra le mieux à ce qu’ils sont et aux études qu’ils veulent poursuivre. Et l’option sera ouverte à d’autres jeunes (avec un bon niveau d’anglais) qui misent sur une éducation internationale. 

Appel aux dons et au mécénat

Ouvrir un programme du bac international en France relève du défi financier : l’État ne délivrant qu’un diplôme de fin d’études secondaires (le bac français), l’IB se fait forcément dans le privé et hors contrat, donc sans prise en charge du salaire des professeurs.
Les frais d’écolage pourraient donc se monter à 13 000 € ou 15 000 € par an au lieu de revenir à environ 500 € comme pour les autres élèves du Gymnase. Certaines familles, dont les enfants partent étudier à l’étranger après le bac (entre 10 et 25 jeunes de Sturm chaque année), considéreront que sur deux ans (première et terminale), il s’agit d’un « investissement raisonné », comme le défend l’Américaine responsable de la section.
Mais il faut aussi financer les formations des professeurs et les aménagements. Le Gymnase a donc lancé un appel aux donateurs privés et aux mécènes. Ses statuts permettent de recevoir des dons et legs, dans le cadre de l’impôt sur le revenu et de l’impôt de solidarité sur la fortune, ouvrant à des déductions de 66 % et 75 % prévues par la loi.

Pour tout renseignement au sujet des dons, contacter arnaud.damery@legymnase.eu


À Strasbourg, l’éducation internationale a plusieurs cartes

Souvent, on les confond. Les cursus internationaux dans le secondaire sont déjà nombreux à Strasbourg, mais tous différents.

L’école européenne. Après sept ans d’existence à Strasbourg, elle a fait sa rentrée cette année en site propre à la Robertsau, avec plus d’un millier d’élèves répartis dans trois filières : francophone, anglophone et germanophone. Entièrement financée par la France, unique dans le pays, elle applique un programme européen très distinct de celui de l’Éducation nationale, avec une pédagogie d’inspiration anglo-saxonne (assez proche de celle du bac international). Son cursus mène au bac européen, un diplôme spécifique. Bien que publique et gratuite, l’école inscrit en priorité les enfants du personnel des institutions européennes ou internationales ou diplomatiques.

Les sections internationales. De la maternelle au bac, elles offrent un enseignement public soutenu dans la langue de la section et permettent à des étrangers de mieux s’adapter au système français tout comme à des Français de s’ouvrir au monde, à condition de réussir les examens de langue. C’est au lycée des Pontonniers que se termine le cursus, en section anglaise, espagnole, italienne, polonaise et russe (la première de France). Ces élèves passent le bac L, ES ou S, mais avec une épreuve supplémentaire en langue étrangère qui leur donne l’option internationale au bac (OIB) à ne pas confondre avec l’IB, le bac international. Au niveau sixième, le collège Vauban pourrait ouvrir en septembre pour décharger celui de l’Esplanade.

L’abibac. Il s’adresse à ceux qui ont suivi l’enseignement bilingue franco-allemand, disponible dès la maternelle sur de nombreux sites publics strasbourgeois (et dans le privé à Sturm et Saint-Etienne), mais aussi aux élèves de la section internationale allemande des Pontonniers ou aux bons lycéens en allemand. Avec trois épreuves supplémentaires en allemand, le lycéen obtiendra simultanément les diplômes du bac et de l’Abitur. Il peut échouer au second et obtenir le premier, mais pas l’inverse.