De la rénovation d’un logement à la création d’une
usine en passant par le réaménagement des Haras, KS groupe pratique le grand
écart. À 60 ans, le constructeur de Bischheim nourrit des ambitions de
croissance extra-régionales.
Jérôme (Bac 1994) et Édouard (Bac 2003) , les deux frères ont succédé à leur père Richard Sauer
(Bac 1966) à la tête de la société familiale KS groupe. Petits-fils du
fondateur, ils sont les représentants d’une lignée d’ingénieurs du bâtiment
INSA (ex-ENSAIS), qui l’ont fait grandir.
« Au départ, KS, acronyme de Ketterer et Sultzer, deux sociétés
rachetées et fusionnées par notre grand-père, ne faisait que du
gros-œuvre », racontent les dirigeants. Mais depuis 20 ans, la société
s’est étoffée, intégrant de nombreux corps de métier pour diversifier son offre
et son marché. Ce large spectre d’activité en fait un acteur atypique dans
l’univers segmenté de la construction.
Aujourd’hui, la galaxie KS groupe agrège 18 filiales dans une quarantaine
de spécialités qui vont du bureau d’études au second-œuvre et au design.
Le groupe s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire de 320 collaborateurs
et revendique un chiffre d’affaires de 143 millions d’euros en 2017.
« Il est en forte croissance depuis sept ans », souligne Édouard
Sauer. Un développement attesté par les 70 embauches prévues cette année dans
tous ses métiers. À ce jour, 53 recrutements ont déjà été réalisés, en majorité
en CDI.
La haute couture du bâtiment
KS groupe bâtit de nombreux logements pour des géants de l’immobilier comme
Bouygues ou ICADE. Mais ce généraliste de la construction fait aussi dans la
dentelle avec à son actif des réalisations emblématiques. KS a ainsi exécuté le
prestigieux chantier de transformation des Haras de Strasbourg, qui abritent
aujourd’hui une brasserie gastronomique, un hôtel et un bio cluster. « Ce
projet de 15 millions d’euros, c’était de la haute couture du bâtiment,
souligne Édouard Sauer. On est allé chercher les meilleurs dans chaque
métier. »
Parmi ses références, la reconversion des docks sur la presqu’île Malraux.
L’enseigne KS Construction s’affiche actuellement sur la façade de la Maison du
Bâtiment en cours de restructuration pour accueillir une opération mixte (La
Canopée) avec des logements, une résidence étudiante, des bureaux, des
commerces et un toit végétalisé. « Le désamiantage, qui avait nécessité un
emballage protecteur de l’immeuble, est terminé. On est dans les travaux de
gros-œuvre, pour une livraison fin 2019 », précise Jérôme Sauer. Le groupe
a également fait acte de candidature pour le marché de la rénovation des bains
municipaux de Strasbourg.
Sans exclusive, le constructeur intervient aussi bien pour la rénovation
d’une pièce, d’un restaurant, que pour la création de bureaux, d’hôtels ou de
halls industriels. Il a réalisé l’extension du site Alpro Sojinal d’Issenheim
(9 000 m2 , 45 millions d’euros) que
les deux frères qualifient avec fierté de « troisième plus grand projet
industriel agro-alimentaire de France en 2017 ». « Le groupe est
capable de concevoir et de livrer des usines clé en main avec les machines,
conformément aux performances souhaitées. » Il s’est pour cela associé
avec un bureau d’études d’experts en process spécialisé dans l’agro-alimentaire,
au sein d’une filiale (CICAL).
La souplesse d’une PME alliée à la force d’un groupe
L’industrie et le tertiaire représentent près de 50 % de son activité,
et 50 % sont apportés par les logements et les ouvrages fonctionnels
(hôtels, hôpitaux…).
Dans un secteur cyclique et très disputé, KS groupe cultive sa différence.
« On est une entreprise de taille intermédiaire (ETI). Cela nous permet de
nous positionner à la fois sur des marchés face à des majors du bâtiment et sur
des opérations plus petites avec en face des PME locales », fait valoir
Jérôme Sauer. Ce que son frère Édouard appelle « faire le grand
écart ». « KS allie, dit-il, la souplesse d’une PME à la puissance
d’un groupe. Un exercice compliqué de flexibilité et d’agilité qui permet à
l’entreprise d’accompagner ses clients et de passer les crises. »
Le groupe s’attache aussi « à faire le lien entre l’ingénierie en
bureau d’études et le travail de l’artisan, relèvent ses dirigeants. Cette
pluridisciplinarité sous le même toit fait la force de l’entreprise ».
Une clientèle champenoise
Si l’Alsace représente plus de 50 % de son chiffre d’affaires, le
constructeur va chercher ces dernières années la croissance en dehors de son
territoire. Il rayonne sur la moitié Est de la France avec des antennes à
Mulhouse, Paris, Reims, Aix-en-Provence et bientôt au Luxembourg. « On
commence à avoir une expertise sur les restructurations lourdes. L’idée, c’est
d’implanter notre souplesse d’ETI ailleurs, et de capitaliser sur notre savoir-faire. »
À Reims, avec sa filiale spécialisée CICAL, KS élabore des solutions
globales pour des maisons de champagne désireuses de développer et d’optimiser
leur outil de production.
Isabelle NASSOY
DNA 08/09/2018