samedi 10 novembre 2018

Hélène Munoz (Bac 2005): les tapas sans mémé ni orties

Ambiance latino-arty à la Krutenau

Elle est Française, née d’une mère péruvienne et d’un père chilien. Hélène Muñoz a repris cet été le restaurant Mémé dans les orties, rue Munch, pour en faire un bar à tapas « arty ». Bienvenue chez Quino !

Elle l’a fait ! Hélène Muñoz a beau n’avoir que 31 ans, elle vient d’entrer dans le cercle très restreint de ceux qui ont « repris » une affaire à Franck Meunier (lequel reste néanmoins propriétaire des murs). Exit, donc, Mémé dans les orties, place au Quino ! « Comme quinoa ? », s’interroge un collègue sceptique, craignant déjà l’arrivée d’un nouveau temple du « sans-gluten-100 %-végétal » ? Que nenni, même si l’endroit s’affiche « vegan friendly ». Aucun lien non plus avec le dessinateur de Mafalda. « Quino, c’était le surnom de mon papa, le premier enfant jamais né – par les hasards de la vie et d’un père jeune officier de marine – sur une petite île au Sud du Chili nommée Quiriquina », explique Hélène Muñoz. « Comme la coutume chilienne veut qu’on donne un surnom aux nouveaux nés et que Quiriquina sonnait trop féminin, ça s’est transformé en Quino ! » Depuis, l’inspirant papa est décédé et Hélène a voulu lui rendre hommage.

Artistes bienvenus

D’autant qu’en ouvrant ce bar à tapas, c’est aussi de ses racines que se rapproche la jeune femme, fille d’un père chilien et d’une mère péruvienne. « À la base, j’ai un DUT techniques de commercialisation », explique celle qui, la trentaine approchant, s’est réorientée vers un BTS hôtellerie-restauration à Illkirch. Elle a cumulé les expériences, fait l’ouverture du O’Brian, travaillé chez Tapas Toro, à la Brasserie Michel Debus, chez Capricciosa en tant que chef de cuisine… Jusqu’à ce qu’inspirée par un long voyage sac au dos en Amérique Latine, il y a deux ans, cette passionnée de cuisine se décide à voler de ses propres ailes. Panama, Costa Rica, Colombie, Pérou, Argentine, Chili… « J’ai toujours cuisiné des spécialités latinos, mais là, j’ai réalisé à quel point cette cuisine était riche et à quel point j’avais envie de la faire découvrir ! »

Chez Quino, chaque semaine voit débarquer son lot de nouveautés. Ceviche, empanadas, quesadillas, chile en nogada (un piment farci)… « Des plats toujours faits maison par deux femmes en cuisine, Maria José, qui est Mexicaine, et Alizée, qui est Française », insiste Hélène Muñoz. Cette semaine, c’est le Salvador et sa spécialité nationale – les pupusas, des galettes de maïs fourrées déclinées en trois versions, dont une végétarienne – qui ont les honneurs de la formule du midi (proposée à 9,90 €, café compris). Guacamole maison (Mexique), causa rellena (une purée citronnée et légèrement pimentée originaire du Pérou), empanadas de pino (made in Chile), ou « completo » – un hot-dog au goût d’enfance composé d’une saucisse de volaille, de choucroute et de purée d’avocat : « Frias » (froids) ou « calientes » (chauds), les tapas agrémentent aussi les soirées, Au même titre que les Pisco sour, Mezcal, tequilas, vins et autres rhums d’outre-Atlantique à consommer avec modération.

Pour faire voyager plus encore des clients qu’elle chouchoute, Hélène Muñoz a aussi voulu personnaliser le lieu. C’est passé par un concours « pimp my chair » – où elle a demandé à 15 artistes de peindre autant de chaises – et une superbe fresque de l’artiste mexicaine Juana Sabina Ortega, « qui est venue la réaliser sur place, durant une semaine, cet été », s’enthousiasme Hélène Muñoz. La jeune femme ayant le souci du détail, même les toilettes ont été customisées, façon autel-religieux-kitsch-latino-américain, par l’artiste Clémentine Lataillade, et le mur du fond devrait bientôt l’être par Unikko Tattoo.

Les fêtes nationales et autres « dias de los muertos » sont – ou seront – aussi célébrés ici, ce qui vaut déjà à la jeune femme la reconnaissance de la communauté latino du secteur. De quoi instiller un peu de couleur et de dépaysement dans la  mauvaise saison qui s’annonce !
DNA 02/10/2018