Ambiance latino-arty à la
Krutenau
Elle est Française,
née d’une mère péruvienne et d’un père chilien. Hélène Muñoz a repris cet été
le restaurant Mémé dans les orties, rue Munch, pour en faire un bar à tapas
« arty ». Bienvenue chez Quino !
Elle l’a fait ! Hélène Muñoz a beau n’avoir que
31 ans, elle vient d’entrer dans le cercle très restreint de ceux qui ont
« repris » une affaire à Franck Meunier (lequel reste néanmoins
propriétaire des murs). Exit, donc, Mémé dans les orties, place au Quino !
« Comme quinoa ? », s’interroge un collègue sceptique, craignant
déjà l’arrivée d’un nouveau temple du
« sans-gluten-100 %-végétal » ? Que nenni, même si
l’endroit s’affiche « vegan friendly ». Aucun lien non plus avec le
dessinateur de Mafalda. « Quino, c’était le surnom de mon papa, le premier
enfant jamais né – par les hasards de la vie et d’un père jeune officier de
marine – sur une petite île au Sud du Chili nommée Quiriquina », explique
Hélène Muñoz. « Comme la coutume chilienne veut qu’on donne un surnom aux
nouveaux nés et que Quiriquina sonnait trop féminin, ça s’est transformé en
Quino ! » Depuis, l’inspirant papa est décédé et Hélène a voulu lui
rendre hommage.
Artistes bienvenus
D’autant qu’en ouvrant ce bar à tapas, c’est aussi de
ses racines que se rapproche la jeune femme, fille d’un père chilien et d’une
mère péruvienne. « À la base, j’ai un DUT techniques de
commercialisation », explique celle qui, la trentaine approchant, s’est
réorientée vers un BTS hôtellerie-restauration à Illkirch. Elle a cumulé les
expériences, fait l’ouverture du O’Brian, travaillé chez Tapas Toro, à la
Brasserie Michel Debus, chez Capricciosa en tant que chef de cuisine… Jusqu’à
ce qu’inspirée par un long voyage sac au dos en Amérique Latine, il y a deux
ans, cette passionnée de cuisine se décide à voler de ses propres ailes.
Panama, Costa Rica, Colombie, Pérou, Argentine, Chili… « J’ai toujours
cuisiné des spécialités latinos, mais là, j’ai réalisé à quel point cette
cuisine était riche et à quel point j’avais envie de la faire
découvrir ! »
Chez Quino, chaque semaine voit débarquer son lot de
nouveautés. Ceviche, empanadas, quesadillas, chile en nogada (un piment farci)…
« Des plats toujours faits maison par deux femmes en cuisine, Maria José, qui
est Mexicaine, et Alizée, qui est Française », insiste Hélène Muñoz. Cette
semaine, c’est le Salvador et sa spécialité nationale – les pupusas, des
galettes de maïs fourrées déclinées en trois versions, dont une végétarienne –
qui ont les honneurs de la formule du midi (proposée à 9,90 €, café
compris). Guacamole maison (Mexique), causa rellena (une purée citronnée et
légèrement pimentée originaire du Pérou), empanadas de pino (made in Chile), ou
« completo » – un hot-dog au goût d’enfance composé d’une saucisse de
volaille, de choucroute et de purée d’avocat : « Frias »
(froids) ou « calientes » (chauds), les tapas agrémentent aussi les
soirées, Au même titre que les Pisco sour, Mezcal, tequilas, vins et autres
rhums d’outre-Atlantique à consommer avec modération.
Pour faire voyager plus encore des clients qu’elle
chouchoute, Hélène Muñoz a aussi voulu personnaliser le lieu. C’est passé par
un concours « pimp my chair » – où elle a demandé à 15 artistes de
peindre autant de chaises – et une superbe fresque de l’artiste mexicaine Juana
Sabina Ortega, « qui est venue la réaliser sur place, durant une semaine,
cet été », s’enthousiasme Hélène Muñoz. La jeune femme ayant le souci du
détail, même les toilettes ont été customisées, façon
autel-religieux-kitsch-latino-américain, par l’artiste Clémentine Lataillade,
et le mur du fond devrait bientôt l’être par Unikko Tattoo.
DNA 02/10/2018