jeudi 31 mars 2022

La lettre de Simon Kahn (bac 2014) à ceux qui lui ont succédé sur les bancs du Gymnase

 Scolarisé au Gymnase du CP à la Terminale, de 2002 à 2014, Simon Kahn adresse une lettre ouverte aux lycéens qui lui ont succédé sur les bancs de Jean Sturm. Il partage de façon spontanée, voire imagée, son vécu, son regard et son expérience.

Chers tous, 

Ayant quelques années de plus que vous, j’ai l’opportunité de vous écrire quelques mots aujourd’hui pour - je l’espère - répondre à certaines questions que vous vous posez - et que je me posais quand j’étais à votre place. 

D’abord, alors que vous êtes certainement en train de râler secrètement derrière le dos de vos professeurs au sujet de leur sévérité, il me revient de vous dire ce que j’ai retenu du Gymnase. Les notes et les bacs blancs à répétition ne sont qu’un lointain souvenir. 

Par contre, la méthode de travail acquise me sert tous les jours. En CE2 déjà, mon institutrice du Gymnase dessinait des cochons dans les cahiers de ceux qui avaient le malheur de faire des tâches dans leurs cahiers. Depuis, ce petit cochon me hante dès que je présente un document… 

Certains d’entre vous trouveront peut-être cette illustration un peu sévère… Elle l’est pour un enfant, et c’est pour ça qu’elle reste en mémoire. Là est peut-être ce qu’il manque au Gymnase - et qu’il faut vous rentrer dans la tête - : les professeurs sont dans leur rôle lorsqu’ils exigent une grande rigueur de votre part mais cela ne doit pas vous empêcher de relativiser. 

Si vous faites de votre mieux, vous trouverez votre chemin, qu’un petit cochon - qui, à votre âge, ressemble davantage à un 0 rouge accompagné de points d'exclamation - soit dessiné sur vos copies ou non. Apprenez à relativiser car davantage que vos notes, ce sont les rencontres que vous ferez - et que vous faites en ce moment - qui seront les plus déterminantes pour votre épanouissement. 

Que dire de cet ami qui vous tendra le bon article de journal dépeignant la formation de vos rêves ? De ce professeur qui vous conseillera le bon livre ? Prenez le temps d’écouter, et surtout restez en contact avec ceux qui veulent bien vous aider ! Ce sont eux qui vous permettront de trouver votre premier stage ou de passer par la bonne passerelle si vous n’atteignez pas ce que vous souhaitez du premier coup. 

De mon côté, grâce à ces personnes - dont certaines se reconnaîtront -, j’ai pu intégrer Sciences Po après le  bac. Après trois années de licence - contenant une année au Trinity College à Dublin -, j’ai pu

intégrer le Master qui m’avait toujours fait les yeux doux, celui de Sciences Po en Affaires européennes. J’ai ensuite rejoint le Collège d’Europe, université dont je me demandais déjà comment il était possible d’y accéder sur les bancs du Gymnase. 

Ainsi, déjà à votre place, j’étais un grand fan du monde politique en général, et de l’Union européenne en particulier. Aujourd’hui, dans mon poste d’assistant parlementaire au Parlement européen, j’ai la chance d’évoluer au sein de cette sphère que j’ai tant désirée. 

Ici aussi, les rencontres que j’évoquais quelques lignes plus haut jouent un grand rôle : avant d’y arriver, j’ai souvent pensé que mon ambition était inatteignable. Certaines personnes m’ont alors rappelé - souvent plusieurs fois par jour - que si d’autres pouvaient y arriver, alors moi aussi. Puisque croire en soi est indispensable mais qu'il est difficile d'y parvenir tout seul, il faut savoir s’entourer. 

Enfin - et j’en ai terminé - mais le conseil que je viens de vous donner m’oblige à attirer votre attention sur un autre point : renseignez-vous par vous-mêmes, en consultant toujours plusieurs sources d’opinion différente. 

Si vous ne faites pas cela, vous serez influençables et vous aurez tout perdu. Les amis et les professeurs que j’évoquais plus haut sont utiles pour vous aider à trancher entre plusieurs choix en vous décrivant leurs expériences, pas pour faire le choix à votre place ! C’est là que réside la combinaison gagnante : soutien des autres et information par soi-même. 

Je reste à votre disposition si je peux vous être utile, 

A bientôt et bonne chance ! 

 Simon

samedi 5 mars 2022

Jana Curcenco (Bac 2018), comment une personnalité se construit dans l'école

 Jana Curcenco est étudiante à Sciences Po Paris en Master d’Affaires publiques. Elle a réalisé en troisième année un échange avec l’Université de Berkeley, en Californie, où elle a été l’assistante de recherche de la professeure émérite Kristin Luker. Elle a travaillé pour le ministère de la Santé, au Bureau Européen de la Cohésion Sociale et réalise en ce moment un stage au cabinet du Ministère de la Culture.
Bachelière en 2018, elle a aussi été présidente du CVE et choriste d’Ostinati : elle nous raconte son parcours haut en couleurs !

Qu’est-ce qui t’a marquée au Gymnase ?
                                       Je suis arrivée un peu par hasard en quatrième - mon meilleur ami quittait St-Etienne en catimini pour Sturm et cela m’avait mis la puce à l’oreille. Je m’y suis immédiatement plu, notamment en raison de la forte émulation qui s’entretenait entre élèves, à l’origine de laquelle les équipes pédagogiques y sont également pour beaucoup. Etant assez scolaire, j’ai tout de suite été comme un poisson dans l’eau, et j’ai énormément apprécié les enseignements de grande qualité dispensés au Gymnase, qui, pour sûr, m’ont permis de développer mes capacités intellectuelles.
                                       Au-delà de l’apport purement scolaire, j’ai eu la chance de trouver un
épanouissement très grand dans les activités parascolaires que propose le Gymnase. Dès ma première année, je me suis présentée aux auditions d’Ostinati (chœur féminin du Gymnase, dirigé par Vincent Affholder) et j’y ai vécu pendant cinq ans des moments humains et musicaux inoubliables, qui restent certainement les plus beaux souvenirs de mes années lycéennes, et qui ont été structurants dans la formation de ma personnalité.
Je me suis beaucoup investie dans le CVE, qui représentait alors un véritable parlement lycéen, et où les idées aboutissaient systématiquement en projets concrets. La possibilité de voir nos projets prendre forme sous nos yeux a été extrêmement gratifiant pour moi, et j’en suis convaincue, a nourri mon envie d’entrer à Sciences Po. J’ai lancé, par exemple, l’action de la vente des roses pour la Saint-Valentin au
profit de l’Unicef avec une amie, l’année de ma première. Il a suffi de soumettre l’idée en assemblée étudiante, puis nous sommes allées négocier le prix des roses au marché place Broglie, avant de mettre en forme des affiches que nous avons placardées partout dans les bâtiments du Gymnase. Quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai appris que l’action existe toujours ! Je crois que ce genre d’expériences lycéennes est propre à l’environnement que Sturm construit autour de ses élèves, et je suis très reconnaissante d’avoir pu en bénéficier.


En rétrospective, le rôle des animateurs est selon moi un autre aspect de la vie lycéenne propre au Gymnase. Bien plus qu’une simple surveillance, les animateurs sont à l’écoute des élèves, ils sont adultes, sans être nos parents ni nos professeurs, et de fait, sont des interlocuteurs privilégiés, essentiels à la construction de soi au moment de l’adolescence.
Je repense avec beaucoup de nostalgie au Ludwig van Club du Gymnase, qui proposait (peut-être encore, je l’espère !) une sélection de concerts lyriques et autres moments musicaux à Strasbourg et environs. Ces rendez-vous bimensuels ont fait naître chez moi une affinité avec le monde du spectacle vivant, dans une approche à la fois décomplexée et tout en simplicité, avec la plus grande bienveillance. Quelle chance aujourd’hui de pouvoir me plonger dans ce monde au ministère de la Culture ! Je me souviens particulièrement du voyage lyrique à Wuppertal : nous étions allé.e.s voir la compagnie de Pina Bausch en prenant le métro suspendu de cette petite ville allemande hors du temps. Ces opportunités tout à fait exceptionnelles, parallèles aux cours, ont été déterminantes dans ma formation intellectuelle, et je dois l’avouer, me poursuivent encore aujourd’hui.

Je me sens dans l’obligation de mentionner l’immense chance que j’ai eu de partir étudier à la St. Paul’s School (Concord, NH) l’année de ma seconde grâce à la bourse Weicker, à laquelle le Gymnase présente chaque année deux candidats. Mon voyage outre-Atlantique m’a plongée dans l’univers démesuré des campus à l’américaine, où j’ai profité de ressources pédagogiques exceptionnelles et d’une ouverture rare. J’y ai appris l’anglais très rapidement, j’ai découvert d’autres systèmes de valeurs et je me suis forgé une certaine qualité d’adaptation. L’été d’après, je partais faire une Summer School à la Bocconi : deux semaines à Milan, à 17 ans, avec des cours dispensés en anglais et des étudiants internationaux ; là encore ce fut une expérience inoubliable !
                                       Même si j’ai développé une grande capacité de travail durant mon lycée et que j’ai été amenée à développer une méthode de travail qui m’est propre et qui a fait ses preuves dans le monde universitaire, je dois dire que le Gymnase fait souvent naître beaucoup d’anxiété chez les lycéen.ne.s, qui gèrent de manière différente la pression face aux exigences élevées. 
Le Gymnase est un espace d’apprentissage où l’on nous inculque une forme d’ambition, provoquant une émulation assez extraordinaire, comme je l’ai déjà souligné. Toutefois, il me semble qu’un accompagnement à la gestion du stress engendré par cette forte pression ne serait pas inutile, surtout au moment de la préparation du bac et des candidatures dans l’enseignement supérieur, qui ont été, pour moi, synonymes d’une immense anxiété, qui aurait pu être atténuée, je crois, sans en modifier les résultats. Parmi tous les éléments laudatifs que j’ai mentionnés jusque-là, il y aurait ici peut-être une piste de progrès à discuter au sein du Gymnase.

Est-ce qu’il y a un événement, ou des personnes qui ont eu une influence sur ta trajectoire personnelle ?

Mon année à St. Paul a bien-sûr été un facteur important dans la suite de mon parcours professionnel et personnel. De plus, c’est là où j’ai rencontré mon copain, qui m’a introduite au monde des arts visuels. Il poursuit une activité créatrice, de peinture notamment, et nous envisageons quelques projets d’expositions, l’un à Paris et l’autre en Italie, de quoi nourrir nos envies communes autour de l’art.
L’environnement bouillonnant dans lequel j’ai baigné grâce au conservatoire (piano et danse), à Ostinati et au Ludwig van Club a aussi influencé ma fréquentation du milieu artistique (il ne se passe pas une semaine aujourd’hui sans que je n’aille voir un spectacle, une exposition ou assister à un concert !) ainsi que mes envies de carrière : je m’engage doucement mais sûrement dans une voie professionnelle qui allie institutions publiques et création contemporaine.
Je souhaite remercier ici Vincent Affholder qui m’a énormément écoutée et guidée pendant mes années lycéennes, et sans qui je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui !

Quels sont les conseils et réflexions que tu aimerais partager avec les lycéen.ne.s actuel.le.s ?
Le conseil le plus précieux que donnerais en premier lieu est de ne jamais vous fixer de barrières dans vos envies ou curiosités professionnelles (ou autres). Pour cela, je n’hésite jamais à poser des questions,
à demander de l’aide lorsque je suis en difficulté, et à utiliser toutes les ressources que je peux mobiliser pour obtenir plus d’information (le réseau des Alumni du Gymnase en est une à laquelle vous pouvez évidemment vous adresser !).
Aussi, ne sous-estimez pas le pouvoir de l’imagination : celle-ci permet de nourrir ses projets, ses ambitions, et surtout, sa volonté de les accomplir. Quand je préparais le concours de Sciences Po, par exemple, j’imaginais tous les soirs ce qu’allait être ma première journée là-bas, et cela me poussait à me surpasser davantage.
Enfin, la pression générale nous fait souvent oublier de prendre soin de nous, alors qu’il est crucial dans ces moments d’être capable de prendre de la distance, du recul, de respirer un peu et d’aller voir ailleurs. Il y a des apprentissages qu’on ne fait pas à l’école, par le biais de la culture notamment, et qui sont cruciaux – à nous de ne pas les considérer comme une perte de temps !
 
 
 

Solidarité concrète avec les Ukrainiens au Gymnase

 15 mars 2021 - Evolution de la situation en Ukraine

Chers Parents, chers Elèves, chers Collègues, 
 Un grand merci à tous ceux qui ont déjà participé au sein du Gymnase à la collecte pour l’Ukraine à travers différents dons. Depuis le début de notre initiative les besoins pour les populations d’Ukraine ont changé. Pour des raisons de logistique et de dons importants venants des pays frontaliers avec l'Ukraine, les associations qui organisent l’acheminement sur place n’acceptent plus les dons de vêtements. Merci donc de ne plus déposer de vêtements dans les bacs de Jean Sturm et de Lucie Berger.    Dons en nature Nous continuons cependant de collecter des produits de première nécessité ainsi que d’autres permettant de faciliter la survie pour les sans-abri en conditions extrêmes. Merci de ne pas déposer autre chose que ce qui se trouve sur cette liste.             Équipement individuel pour filtrer et désinfecter l’eau (filtres, UV, comprimés de purification d’eau etc.)      Sous-vêtements thermiques (neufs)      Polaires      Couvertures de survie      Lampes frontales      Matelas de randonnée      Bougies      Sacs de couchage      Gel et savon corps      Dentifrice et brosses à dents      Couches et lait maternisé      Rasoirs      Mousse à raser      Serviettes hygiéniques      Gants à usage unique      Masques chirurgicaux       Pansements            Par ailleurs, les associations demandent actuellement de privilégier les dons financiers en priorité.  Le site de l’administration française https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15542 recense différents organismes présents sur le terrain.  Sur le site de l’Union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine, vous pouvez également soutenir des projets concrets au sein du réseau protestant : https://www.uepal.fr/aide-a-lukraine/ Accueillir des réfugiés  Si vous souhaitez et si vous avez la possibilité d’accueillir des réfugiés, vous trouverez sur ces deux plateformes des informations concernant les démarches à suivre.  En vous remerciant pour votre soutien !Eloi Lobstein, aumônier, et les Ambassadeurs de la Solidarité



Les événements qui se déroulent actuellement en Ukraine sont dramatiques et nous préoccupent tous.
 Le Gymnase souhaite apporter un soutien actif aux populations, c'est pourquoi nos élèves "Ambassadeurs de la solidarité" organisent une grande collecte de matériels et d'aide humanitaire.
 Vous trouverez ci-dessous toutes les informations nécessaires afin de contribuer à cette collecte, faire un don en ligne ou même proposer d'accueillir des personnes réfugiées.
 Un grand merci à tous pour votre mobilisation et votre aide !

N'hésitez pas à relayer très largement ce message.

Jean-Yves Stephan (bac 2008): il y a plein d’opportunités pour ceux qui osent entreprendre, changer de domaine….


 
Ma formation initiale au Gymnase
J’ai suivi ma scolarité au Gymnase de 1996 en classe de CP, jusqu’en 2008 en classe de terminale. J’en retiens avant tout les amitiés que j’y ai construites - certaines amitiés commençant dès le CP - et des moments riches partagés avec ces amis - notamment lors des classes vertes, les voyages sportifs organisés et les échanges linguistiques.
 
Ce qui m’a le plus aidé par rapport à la suite de mon parcours est la qualité des enseignants, qui ont formé notre éveil, notre curiosité, notre esprit critique, notre capacité de travail aussi, avec beaucoup de cœur à l’ouvrage même lorsque les élèves ne leur rendaient pas

forcément la vie facile !
Je remercie sincèrement l’ensemble du corps enseignant, et pour donner un exemple d’une personne qui m’a le plus influencé, je citerais notre professeur de mathématiques de terminale Bernard Altschuh, qui nous transmettait sa passion des maths via une approche assez abstraite et formelle, qui nous préparait bien à l’enseignement des mathématiques dans les classes supérieures.
 
Après le Gymnase
Après le Gymnase j’ai rejoint la classe préparatoire du lycée Kléber à Strasbourg en filière MP (maths physique), puis j’ai intégré l’Ecole Polytechnique en
région parisienne. J’ai fini mes études par un master aux Etats-Unis (Stanford), où j’ai vécu pendant cinq ans, avant de revenir m’installer à Paris pour créer une startup dans le domaine de l’informatique et du big data.
 La classe préparatoire est une formation excellente pour développer le raisonnement scientifique et les méthodes de travail, ses enseignements m’ont beaucoup aidé dans la suite de mes études et m’aident toujours aujourd’hui.
On peut très bien “réussir” sans intégrer les classes préparatoires parisiennes élitistes ; on peut aussi y être heureux, à condition de ne pas trop internaliser le besoin de réussite. On apprend énormément en classe prépa, que l’on intègre une école prestigieuse ou pas.
Après cette période studieuse, l’école d’ingénieur a plutôt consisté en une ouverture sur les autres et sur le monde, et ma fin d’étude aux Etats-Unis était la plus professionnalisante, avec des cours d’informatique excellents qui me préparaient à mon premier emploi. Le monde des startups technologiques y explosait, et ces opportunités et ce dynamisme sont maintenant aussi largement présents en France et dans le reste du monde.

 Ce que je regrette - aujourd’hui, avec un peu de recul - c’est que beaucoup des innovations de ce monde ne s'attaquent pas à des problèmes qui ont du sens pour moi. On peut maintenant passer commande sur son smartphone pour se faire livrer des chips et des bouteilles de soda, 24h/24, en quinze minutes, par un livreur payé au lance-pierre. Ne pourrait-on pas déployer ces moyens pour résoudre des problèmes rendant les gens vraiment plus heureux, ou en meilleure santé, ou pour protéger
notre environnement?
 
Les conseils que je pourrais donner…
Je voudrais encourager ceux qui hésitent à faire des études scientifiques ou en informatique à poursuivre cette voie. Ce sont des études très gratifiantes et qui ouvrent de nombreux débouchés. Le début des études supérieures est un moment clé où le travail sérieux est récompensé, même si la voie semble trop ambitieuse ou trop difficile pour vous à priori. J’aimerais en particulier adresser ce message aux jeunes femmes qui sont sous-représentées dans ces études.
Ne vous fermez pas des portes parce que vous n’avez pas choisi les bons cours, ou pas eu les meilleures notes au lycée. Vous avez encore tout le temps de faire de nouveaux choix, de développer de nouvelles compétences. Cela reste vrai d’ailleurs pour la suite de votre vie professionnelle, que vous ayez fait de grandes études ou non, il y a plein d’opportunités pour ceux qui osent entreprendre, changer de domaine, voyager, sortir de leur zone de confort.
Je vous souhaite de bien profiter des années que vous avez devant vous et de trouver une voie qui a du sens pour vous !
 

Agathe Henninger (Bac 2014) : travailler dans le milieu culturel, un juste mélange entre savoir-faire et savoir-être

 

Formation initiale 

Ce que j'ai retenu de ma formation au Gymnase sont toutes les opportunités d'implications et d'explorations que ces années m'ont apportées. En effet, j'ai toujours été déléguée mais également impliquée au Conseil de Vie Lycéenne et au Conseil Académique de la Vie Lycéenne. Deux expériences qui ont su forger des habiletés en prises de parole sur des sujets qui me tiennent à cœur. Je retiens également l'excellence de l'option Arts Plastiques mené par Sauveur Pascual qui a su affiner mon esprit critique et m'ouvrir sur différentes perceptions de la réalité. Mais aussi toutes les activités proposées par l'école comme le Ludwig Van Club de Pierre Zimmer et bien d'autres. Si on veut s'impliquer au Gymnase, on peut et ça nous amène loin ! 

L'élément qui a le plus impacté ma vie au Gymnase aura été mon redoublement de première. Avant cela, je n'arrivais pas à trouver de sens dans ce que l'on apprenait en classe. L'opportunité de prendre du recul et de faire un second départ pour mon dossier a été déterminant dans mon cheminement.  Différents professeurs et personnes travaillant à l'administratif m'ont beaucoup soutenu durant cette période et je les en remercie. 

 Après le Gymnase

Après le Gymnase je suis partie au Québec compléter une licence en Communication et Politique à l'Université de Montréal. Ces trois années ont été une expérience formidable qui m'a beaucoup appris autant sur le plan universitaire qu'humain. À travers ces années d'études, je me suis plus particulièrement intéressée à la politique municipale et à l'organisation des villes. Cet intérêt m'a permis de travailler pendant quelque temps en urbanisme notamment à travers la promotion de la piétonisation et des espaces verts mettant de l'avant la biodiversité de la faune et la flore dans la ville de Montréal.

Après une période d'hésitation et un magnifique voyage au Mexique qui m'a fait découvrir ses couleurs et sa culture, je suis revenue à Montréal poursuivre mes études et compléter un master en Management des entreprises culturelles à HEC Montréal. Diplôme qui a résulté sur une spécialisation en philanthropie culturelle, c'est-à-dire la recherche de financement privé et le lien avec les donateurs. J'ai travaillé dans ce domaine pour des organismes culturels en arts vivants. Après plusieurs années à Montréal, j'ai décidé de revenir vivre à Strasbourg et continuer l'évolution de ma carrière dans la gestion et le développement des  arts et de la culture. 

Selon moi, et la pandémie nous l'a bien démontré, l'humain a besoin d'être en contact avec la créativité, que ce soit la sienne ou celle d'une autre personne, un lien invisible se tisse entre l'art et l'homme. Il est

le reflet de notre société, de son fonctionnement et de nos pensées. Travailler dans ce domaine, que ce soit en tant qu'artiste et/ou gestionnaire, amène une stimulation constante à travers le travail. Plusieurs opportunités se trouvent dans ce domaine, et les différents modèles de financement également. Un inconvénient de travailler dans un domaine qui nous fait vibrer est la nécessité de poser ses limites afin de ne pas s'épuiser.

Quels conseils donner ?

Travailler dans le milieu culturel, et dans la recherche de financement nécessite un juste mélange entre savoir-faire et savoir-être. Le savoir-faire se trouve dans tout l'aspect gestion de projet, rigueur dans le travail et sens des priorités, et le savoir-être se trouve dans le respect et les bonnes relations à entretenir avec la sphère qui nous entoure. C'est un milieu ou le réseau compte beaucoup, et il n'est pas difficile

de s'en créer un dans la mesure où on est passionné et engagé. Il ne faut pas avoir peur d'aller toquer à des portes et montrer son intérêt pour le domaine. Je pense que de constamment se tenir informé de ce qu'il se passe dans le milieu culturel, autant au niveau artistique que des bonnes pratiques organisationnelles et managériales, est un point avantageux pour se démarquer du lot. 

 Il faut faire attention à ne pas s'oublier dans son travail, on ne peut pas porter des projets résilients et de grande ampleur si nous même nous ne sommes pas résilients. Souvent, on veut bien faire, et se dévouer mais il y a une juste limite à trouver entre ambition et course à l'épuisement. Il convient également d'être attentif aux salaires qui peuvent être parfois très bas alors que le travail demandé mérite bien mieux. Afin de pallier la précarité du milieu culturel, il faut savoir se faire entendre et collectivement changer les normes et les manières de faire. C'est un domaine nécessaire et qui mérite des salaires convenables. 

Étudier à l'étranger

En partant au Québec je voulais découvrir une nouvelle manière de penser, d'être. Passionnée de politique, étudier ce domaine dans un territoire revendiquant son indépendance me plaisait beaucoup. Je voulais également sortir du cadre hiérarchisé de la France.

Cela a été une expérience extraordinaire qui m'a vraiment permis d'être une adulte tournée vers l'autre et vers ce qu'il a à nous apprendre. Je pense que si nous avons l'appel d'aller étudier ou vivre dans un autre pays, il est tout à fait opportun d'écouter son intuition et de tout faire pour y arriver car c'est une étape qui vous transformera à coup sûr. 

 

vendredi 4 mars 2022

Féris Barkat (bac 2020) : le capital culturel, donnée essentielle pour ouvrir l’avenir


Après l’obtention de son diplôme du baccalauréat en filière ES, Féris prépare un bachelor’s degree, Politique and Philosophy à la London School of Economics and Political Science (LSE). 

Acteur engagé il défend les causes qui lui tiennent à cœur dans les grands enjeux du monde contemporain.  

Comment a-t-il pu valoriser le peu d’atouts dont il disposait au départ ?  Voici sa trajectoire : 

Qu’est-ce qui t’a marqué dans ton passage au Gymnase ?

            L’ouverture à un capital culturel complétement nouveau pour moi. Venant d’un collège
public, avec des parents qui n’ont pas fait beaucoup d’étude, d’un père ouvrier, bref j’ai découvert un nouveau monde. Dès ma première année, l’option Humanité renforcée m’a permis de découvrir l’éloquence et la philosophie. Deux disciplines qui ne m’ont plus jamais quitté. Je me souviens que je passais mes soirées à regarder des concours d’éloquence et de plaidoirie pour apprendre de nouveau mots, de nouvelles tournures de phrases, j’ai véritablement appris à m’exprimer et construire ma réflexion. Par la suite, entre le concours du mémorial de Caen, la création d’un concours d’éloquence avec l’ONG Plan international et aujourd’hui mes conférences sur la crise environnementale, je peux affirmer que l’art oratoire m’a sauvé la vie. La philosophie aussi d’ailleurs.

Très vite, je me suis rendu compte de la chance que j’avais, en y pensant c’est quand même extraordinaire : parce que mes parents ont fait des sacrifices j’ai eu le droit d’avoir une ouverture culturelle que je n’aurais sans doute jamais eu à cet âge.  Au fur et à mesure que je découvrais les opportunités qui s’ouvraient à moi (concours général de philosophie, universités en Angleterre…) je découvrais aussi un sentiment de supériorité intellectuelle chez mes camarades vis-à-vis des autres lycées, surtout à l’approche des vœux Parcoursup.

Ce sentiment de supériorité par rapport aux autres lycées était complétement erroné car comment comparer des contextes différents ? Si ton voisin dans un lycée public a moins de bagage intellectuel c’est parce que le contexte éducatif est différent, souvent plus compliqué dans les lycées publics. Ce qui devrait être pris comme une chance incroyable, était parfois détourné pour en faire un instrument de supériorité, comme si : parce que le Gymnase Jean Sturm tout nous était dû (Parcoursup…) alors que dans ma vision : parce que je suis au Gymnase Jean Sturm, je dois tout à la société. Je me dois de lui rendre au mieux et de me former le mieux possible car cette chance j’aurais pu ne jamais avoir.

Pour finir, cette condescendance, forcément, entrainait une forme de passivité chez certains, j’ai donc aussi vite réalisé que ce mythe de l’élite qu’on nous vend à différentes échelles - au niveau du lycée, des universités ou même de la société- n’était que fictionnel. Quand à 16, 17 ans on comprend qu’à priori rien ne nous différencie de la pseudo-élite, que malgré la différence de capital au départ rien n’est insurmontable, ça a complétement changé ma vision du monde. J’ai d’autant plus travaillé pour faire ce qui me semblait juste à chaque moment, je me suis fixé une règle d’or : si je réussis, je ne dois pas oublier la part de chance et si j’échoue, je ne dois jamais oublier ma part de responsabilité.

 Est-ce qu’il y a un événement, ou des personnes qui ont eu une influence sur ta trajectoire personnelle ?

Madame Bilger (professeure d’anglais) m’a permis d’étudier en Angleterre et elle a vraiment eu une grande influence sur ma prise de confiance en moi. Moi, complétement nul en anglais, lorsque je lui ai parlé des universités en Angleterre elle n’a hésité 1 seconde : « Je ne pense pas que tu ais une chance. Je suis certaine que tu peux y arriver ». En anglais j’étais vraiment désespérant et sa confiance m’a tellement touché, sa manière de me considérer, je ne sais pas comment expliquer…Ça doit sûrement être venu du fait que je ne m’y attendais pas du tout, auparavant d’autres professeurs m’avaient déjà découragé alors je n’y croyais pas, parfois il suffit d’une seule personne pour retrouver la motivation.

 En seconde surtout, alors que j’étais assez mauvais partout, Monsieur Rietz et Monsieur Zimmer m’ont beaucoup donné confiance en moi, surtout avec l’atelier d’art oratoire le mardi après-midi qui était mon moment préféré de la semaine.

Mes nombreuses discussions avec Monsieur Moghaddassi m’ont aussi beaucoup appris et m’ont fait évoluer.

 Quelques conseils à donner aux jeunes lycéen.ne.s actuel.le.s ?

A priori personne n’est moins con que vous, alors travaillez si vous sentez qu’une voie en particulier va vous permettre de vous accomplir. Au-delà de l’autocensure, n’oubliez pas qu’on fait rarement ce qu’on veut.

En fait, on fait ce qu’on veut quand on sait ce qu’on fait, et pour savoir pourquoi on fait quelque chose plutôt qu’autre chose, il ne faut jamais cesser de découvrir de nouveaux domaines.

Se poser et essayer, j’ai failli rester en filière scientifique alors que je n’avais aucune appétence pour ce domaine, les prisons mentales sont terribles si on ne se pose pas assez de questions. Et pour se poser des questions, il faut se poser alors posez-vous, ralentissez. 16, 17, 18 ans ce n’est pas le moment où il faut décompresser comme on l’entend souvent, c’est le moment où il faut se demander quels choix on ne veut pas avoir à regretter dans 20 ans.

Je conseille aussi aux jeunes lycéens, surtout privilégiés de s’indigner. Surtout ne tombez pas dans une lassitude du réel, si quelque chose a toujours été ainsi, il n’y a aucune raison que ça continue, le passé ne détermine en rien l’avenir.

Alors indignez-vous ! De ce que vous voulez mais surtout ne pas tomber dans une culture du contentement, le combat de mon voisin en quoi est-il légitime ? Cultivez votre curiosité pour l’indignation des autres. Si un livre de 1000 pages représentait l’histoire de la planète, l’Homme n’arriverait qu’à la fin de la toute dernière page, quelques lignes insignifiantes représentent notre histoire. Si on prend l’échelle d’une vie, c’est encore plus insignifiant donc profitez du moment en vie, pour vous dédier à des causes plus grandes que vous.

Bien sûr dans le mot conformisme il y a le mot « confort » mais sachez que vous risquez de le regrettez, que c’est dommage de ne pas s’être mis dans une position inconfortable pour vivre sa vie comme vous l’entendez. Soyez légendaire, soyez insolent, indignez-vous car aujourd’hui il y a des formidables causes auxquelles vous pouvez dédier votre existence, considérez-vous doués pour quelque chose et vous verrez c’est magique : vous le deviendrez vraiment.

Interview réalisée par Mathilde Bour-Edy