samedi 5 mars 2022

Agathe Henninger (Bac 2014) : travailler dans le milieu culturel, un juste mélange entre savoir-faire et savoir-être

 

Formation initiale 

Ce que j'ai retenu de ma formation au Gymnase sont toutes les opportunités d'implications et d'explorations que ces années m'ont apportées. En effet, j'ai toujours été déléguée mais également impliquée au Conseil de Vie Lycéenne et au Conseil Académique de la Vie Lycéenne. Deux expériences qui ont su forger des habiletés en prises de parole sur des sujets qui me tiennent à cœur. Je retiens également l'excellence de l'option Arts Plastiques mené par Sauveur Pascual qui a su affiner mon esprit critique et m'ouvrir sur différentes perceptions de la réalité. Mais aussi toutes les activités proposées par l'école comme le Ludwig Van Club de Pierre Zimmer et bien d'autres. Si on veut s'impliquer au Gymnase, on peut et ça nous amène loin ! 

L'élément qui a le plus impacté ma vie au Gymnase aura été mon redoublement de première. Avant cela, je n'arrivais pas à trouver de sens dans ce que l'on apprenait en classe. L'opportunité de prendre du recul et de faire un second départ pour mon dossier a été déterminant dans mon cheminement.  Différents professeurs et personnes travaillant à l'administratif m'ont beaucoup soutenu durant cette période et je les en remercie. 

 Après le Gymnase

Après le Gymnase je suis partie au Québec compléter une licence en Communication et Politique à l'Université de Montréal. Ces trois années ont été une expérience formidable qui m'a beaucoup appris autant sur le plan universitaire qu'humain. À travers ces années d'études, je me suis plus particulièrement intéressée à la politique municipale et à l'organisation des villes. Cet intérêt m'a permis de travailler pendant quelque temps en urbanisme notamment à travers la promotion de la piétonisation et des espaces verts mettant de l'avant la biodiversité de la faune et la flore dans la ville de Montréal.

Après une période d'hésitation et un magnifique voyage au Mexique qui m'a fait découvrir ses couleurs et sa culture, je suis revenue à Montréal poursuivre mes études et compléter un master en Management des entreprises culturelles à HEC Montréal. Diplôme qui a résulté sur une spécialisation en philanthropie culturelle, c'est-à-dire la recherche de financement privé et le lien avec les donateurs. J'ai travaillé dans ce domaine pour des organismes culturels en arts vivants. Après plusieurs années à Montréal, j'ai décidé de revenir vivre à Strasbourg et continuer l'évolution de ma carrière dans la gestion et le développement des  arts et de la culture. 

Selon moi, et la pandémie nous l'a bien démontré, l'humain a besoin d'être en contact avec la créativité, que ce soit la sienne ou celle d'une autre personne, un lien invisible se tisse entre l'art et l'homme. Il est

le reflet de notre société, de son fonctionnement et de nos pensées. Travailler dans ce domaine, que ce soit en tant qu'artiste et/ou gestionnaire, amène une stimulation constante à travers le travail. Plusieurs opportunités se trouvent dans ce domaine, et les différents modèles de financement également. Un inconvénient de travailler dans un domaine qui nous fait vibrer est la nécessité de poser ses limites afin de ne pas s'épuiser.

Quels conseils donner ?

Travailler dans le milieu culturel, et dans la recherche de financement nécessite un juste mélange entre savoir-faire et savoir-être. Le savoir-faire se trouve dans tout l'aspect gestion de projet, rigueur dans le travail et sens des priorités, et le savoir-être se trouve dans le respect et les bonnes relations à entretenir avec la sphère qui nous entoure. C'est un milieu ou le réseau compte beaucoup, et il n'est pas difficile

de s'en créer un dans la mesure où on est passionné et engagé. Il ne faut pas avoir peur d'aller toquer à des portes et montrer son intérêt pour le domaine. Je pense que de constamment se tenir informé de ce qu'il se passe dans le milieu culturel, autant au niveau artistique que des bonnes pratiques organisationnelles et managériales, est un point avantageux pour se démarquer du lot. 

 Il faut faire attention à ne pas s'oublier dans son travail, on ne peut pas porter des projets résilients et de grande ampleur si nous même nous ne sommes pas résilients. Souvent, on veut bien faire, et se dévouer mais il y a une juste limite à trouver entre ambition et course à l'épuisement. Il convient également d'être attentif aux salaires qui peuvent être parfois très bas alors que le travail demandé mérite bien mieux. Afin de pallier la précarité du milieu culturel, il faut savoir se faire entendre et collectivement changer les normes et les manières de faire. C'est un domaine nécessaire et qui mérite des salaires convenables. 

Étudier à l'étranger

En partant au Québec je voulais découvrir une nouvelle manière de penser, d'être. Passionnée de politique, étudier ce domaine dans un territoire revendiquant son indépendance me plaisait beaucoup. Je voulais également sortir du cadre hiérarchisé de la France.

Cela a été une expérience extraordinaire qui m'a vraiment permis d'être une adulte tournée vers l'autre et vers ce qu'il a à nous apprendre. Je pense que si nous avons l'appel d'aller étudier ou vivre dans un autre pays, il est tout à fait opportun d'écouter son intuition et de tout faire pour y arriver car c'est une étape qui vous transformera à coup sûr.