vendredi 26 mars 2021

Colette Stauffert, ancienne de Lucie Berger, résistante morte à Ravensbrück

 Le « Livre du centenaire de Lucie Berger » rappelle le souvenir d’une ancienne élève

(page 65) : Colette Stauffert, peut-être la plus brillante de nos élèves s’est engagée dans la Résistance avec la soif d’absolu qui l’habitait. 

Elle a trouvé la mort en déportation et, en 1945, une cérémonie émouvante a été célébrée au Struthof en son honneur.

 Les registres de l’établissement scolaire portent effectivement trace de cette interne de Lucie Berger, née à Amiens en 1911. Ses parents habitaient Molsheim où son père travaillait dans les chemins de fer. Elle a été scolarisée de la 2de à la Terminale de 1927 à 1930.



  


Au terme de ses études, Colette Stauffert travaille à Paris comme Assistante Sociale au Musée de l’Homme.

Dès juin 1940, au sein du Musée de l’Homme un des tout premiers réseaux de résistance se constitue.

Colette Stauffert a été membre du réseau Jade-Fitzroy qui s’était spécialisé dans le renseignement militaire
Les principales recherches concernaient les mouvements de l'armée allemande, la production aéronautique, les ports maritimes, les transmissions, la construction du Mur de l'Atlantique et autres installations de défense, ainsi que, à la fin de la guerre, les rampes de lancement des V1 et V2.

Démantelé à partir de 1943, le réseau est complètement détruit en avril 1944 avec l’arrestation de sa dernière responsable. 

Colette Stauffert est déportée à Ravensbrück, au nord de Berlin. Elle y meurt à une date indéterminée, avant la libération du camp en avril 1945.




La médaille de la Résistance lui est décernée par décret du 09/03/1956. 



Sources:




Suite à la publication de cet article, 
nous avons été contactés par Bruno Stauffert, de la famille de Colette, qui nous a fait part de ses recherches précisées ci-dessous:

Colette STAUFFERT (1910 - 1945)

Morte pour la France en déportation – Médaille de la Résistance

La médaille de la Résistance lui a été décernée à titre posthume par décret du 9 mars 1956 publié au JO le 13 mars 1956

Rédaction à jour au 27 mars 2022 préparée par Bruno STAUFFERT – bruno.stauffert@gmail.com

  Avant la guerre de 1870, toute la famille STAUFFERT était installée à Strasbourg. Suite à l’annexion de 1871, une partie de la famille s’est éloignée pour rester en France avant de retourner plus tard à Strasbourg pour certains d’entre eux, d’autres sont restés en « France de l’intérieur » pour des raisons familiales et/ou professionnelles.

 Grands-parents paternels de Colette STAUFFERT :

- Jean Léonard Stauffert, né le 16 novembre 1848 ingénieur Arts & Métiers (Chalons sur Marne – Promotion 1863). Il a fait toute sa carrière professionnelle dans les Chemins de Fer dans différentes régions dont Bort (Corrèze) où il travaillait en 1880 comme conducteur de travaux au chemin de fer de Clermont à Tulle. Vers 1885 il est conducteur de travaux au chemin de fer de Sancoins à Lapeyrouse, à Couleuvre (Allier). En 1909, il réside à Amiens (Somme) au 41 rue Général-Boyeldieu. Il est décédé à Strasbourg en 1921 où il résidait au 5 rue des Ponts Couverts à Strasbourg.

- Marie Louise Adolfine Chababert (décédée en 1942).

Leur mariage a eu lieu en 1872 à Saint Julien Haute Savoie. Jean Léonard avait "opté" pour la nationalité française et un départ d'Alsace après la guerre de 1870.

 Grands-parents maternels de Colette STAUFFERT :

- Etienne Lencement décédé à Gap (Hautes Alpes) le 13 novembre 1907.

 - Marie Olympe Justine Collin

 Parents de Colette STAUFFERT :

- Jean Léonard (dit Léo) Stauffert est né à Bort (Corrèze) le 18 mai 1881. « Léo » était le pseudonyme utilisé car son père s’appelait aussi Jean Léonard. Profession en 1910 : Conducteur – Chef du Bureau du Chemin de Fer Economique.

 - Marcelle Marie Louise Anna Lencement est née à Couleuvre (Allier) le 18 août 1882.

 Mariage le 24 avril 1909 à Amiens (Somme). Ils étaient domiciliés  41 rue Général Boyeldieu à Amiens.

 Naissance de Colette, Marie, Jeanne, Etiennette STAUFFERT à Amiens le 20 juillet 1910.

 En 1921, Jean Léonard STAUFFERT (Grand Père paternel de Colette) est décédé à Strasbourg.

Sur la base de cette information et le fait que Colette, domiciliée à Molsheim, ait fait une partie de ses études (29 septembre 1927 – juillet 1930) à Lucie Berger à Strasbourg, il est probable que Colette, ses parents et grands parents soient revenus en Alsace après 1918.

 Les registres de l’établissement scolaire portent la trace de cette interne de Lucie Berger, née à Amiens en 1910. Ses parents habitaient Molsheim où son père travaillait dans les chemins de fer. Elle a été scolarisée de la 2de à la Terminale de 1927 à 1930.

Le « Livre du centenaire de Lucie Berger » rappelle le souvenir d’une ancienne élève (page 65) : Colette Stauffert, peut-être la plus brillante de nos élèves s’est engagée dans la Résistance avec la soif d’absolu qui l’habitait.

Au terme de ses études, Colette STAUFFERT travaille à Paris comme Assistante Sociale au Musée de l’Homme.

Dès juin 1940, au sein du Musée de l’Homme un des tout premiers réseaux de résistance se constitue. A priori, Colette ne sera pas membre de ce réseau. Le nom de Colette STAUFFERT figure sur la plaque commémorative située dans le hall d’entrée du Musée de l’Homme Place du Trocadéro à Paris 16ème en souvenir des résistants de ce Musée.

Peut-être que cet environnement, l’histoire de sa famille alsacienne et ses convictions personnelles la conduiront à intégrer le réseau de résistance « Jade-Fitzroy ». Ce réseau mis en place par les Services Britanniques était un réseau spécialisé dans le renseignement militaire. Les principales recherches concernaient les mouvements de l'armée allemande, la production aéronautique, les ports maritimes, les transmissions, la construction du Mur de l'Atlantique et autres installations de défense, ainsi que, à la fin de la guerre, les rampes de lancement des V1 et V2.

Sur la base de témoignages familiaux, au sein de ce réseau, Colette STAUFFERT avait un rôle de transmission par radio des renseignements collectés par les membres du réseau.

Démantelé à partir de 1943, le réseau Jade-Fitzroy est complètement détruit en avril 1944 avec l’arrestation de sa dernière responsable.

Pour sa part, en mars 1944, Colette STAUFFERT a été arrêtée (probablement) à son domicile du 30 rue Monge à Paris 5ème. A la même époque, ses parents étaient domiciliés également à Paris Rue Monge au numéro 47 jusqu’au décès de son père (« Léo » le 26 juin 1945). Il ne faut donc pas exclure que ses parents aient pu être témoins de l’arrestation de leur fille unique.

Après son arrestation, Colette STAUFFERT a été incarcérée à la prison de Fresnes (au sud de Paris) jusqu’à sa déportation en Allemagne. Depuis Paris, son départ en déportation, s’est fait par train le 13 mai 1944 dans un convoi de 552 ou 553 femmes de différentes nationalités.

Sur le site internet www.bddm.org/liv/details.php?id=I.212. (Fondation pour la mémoire de la déportation), la liste nominative (Liste n°212 (I.212)) des femmes déportées par le convoi ferroviaire du 13 mai 1944 est disponible avec des informations détaillées sur chacune des déportées :

- numéro matricule,

- nom, prénom, sexe

- date et lieu de naissance,

- nationalité,

- affectation en déportation,

- décès, évasion, libération avec la date

- identification du camp de concentration

Concernant Colette STAUFFERT, les informations disponibles sont les suivantes :

Matricule

39005

STAUFFERT

Colette

F

20/07/1910

Amiens (80)

F

Wat,Ra

DCD

??/03/1945

Ravensbrück

Wat = Watenstedt correspond à un Kommando de femmes, travailleuses civiles, situé près de Helmstedt entre Braunschweig et Magdeburg. Un autre Kommando Watenstedt-Leinde rassemblait des hommes.

Ces deux Kommandos, ouverts en 1944, regroupaient 2500 détenus qui travaillaient pour les aciéries Stahlwerke Braunschweig à la fabrication de munitions.

Selon ces informations, il est possible qu’après avoir travaillé au Kommando Watenstedt, Colette STAUFFERT ait été transférée (date inconnue) au Frauen-Konzentrationslager KL Ravensbrück situé à environ 80 km au nord de Berlin.

C’est dans ce camp de concentration de Ravensbrück que Colette STAUFFERT est décédée en Mars 1945 (date précise inconnue).

En 1945, une cérémonie émouvante a été célébrée au Struthof en son honneur. Une coupure de presse relate  cette commémoration.

Points restant à vérifier :

1°/ Attribution de la légion d’honneur (Chevalier) et de la Croix de guerre avec palme à titre posthume au Sous-Lieutenant Colette STAUFFERT ? (Voir JO RF du 13 mars 1956 – pages 2482 et 2483)

2°/ Au moins, un autre membre de la famille STAUFFERT (cousin de Colette Stauffert ?) est mort en déportation (Source site ; Rechercher dans les bases nominatives - Mémoire des hommes (defense.gouv.fr) : Auguste Charles STAUFFERT Né le 16-05-1907 à Strasbourg (67 - Bas-Rhin, France) quartier du Neudorf.

Décédé(e) le 20-10-1943 (Buchenwald, Allemagne) - 36 ans, 5 mois et 3 jours

Bibliographie :

- Actes d’Etat-Civil (naissance, mariage, décès)

- Sites internet :

* www.bddm.org/liv/details.php?id=I.212. (Fondation pour la mémoire de la déportation)

* Base des morts en déportation (1939-1945) - Colette Marie-Jeannez Etiennette STAUFFERT - Mémoire des hommes (defense.gouv.fr)

* Musée de la Résistance en ligne : ARCHIVES DE L'AMICALE DU RÉSEAU JADE-FITZROY http://museedelaresistanceenligne.org/media9327-Archives-de-lamicale-du-r

* Le Gymnase Network: Colette Stauffert, ancienne de Lucie Berger, résistante morte à Ravensbrück (gymnase-network.blogspot.com) « Livre du centenaire de Lucie Berger » rappelle le souvenir d’une ancienne élève (page 65) : Colette Stauffert, peut-être la plus brillante de nos élèves s’est engagée dans la Résistance avec la soif d’absolu qui l’habitait.

- Journal officiel de la République française du 13 mars 1956. Décrets du 9 mars 1956 Pages 2482 et 2483 « portant promotions et nominations dans l’ordre national de la Légion d’honneur » 

- Journal officiel de la République française. Lois et décrets n° 0105 du 06/05/2003 – page 7866

 - Coupure de presse qui relate la commémoration en 1945 au Struthof pour honorer Colette Stauffert. Ce document en mauvais état paraît difficilement scannable.

 - Article sur l’histoire du Réseau Jade-Fitzroy

Mémoires résistantes. Histoire du Réseau, Jade -Fitzroy 1940-1944

 

Auteur(s) :

Alya AGLAN

Editeur :

éditions du Cerf

 

Lieu d'edition :

Paris

Date d'édition : 1994