L’écoute attentive du premier épisode, commenté par les
élèves, a été suivi par les témoignages, souvent poignants, d’acteurs directement
impliqués comme le chauffeur de taxi pris en otage ou l’un des policiers coordonnateur
du dispositif de sécurité et de recherche du terroriste.
Onze élèves de première du Gymnase ont réalisé un podcast sur l’attentat strasbourgeois du 11 décembre 2018. Enquête, interviews, documents d’archive… Le premier épisode de ce travail de mémoire est sorti à l’occasion du cinquième anniversaire du drame, lundi 11 décembre 2023.
Les lycéens travailleront jusqu’en mars pour réaliser quatre épisodes, dont le premier sera disponible lundi prochain sur Arte Radio.Prompteur devant les yeux, casque sur les oreilles et micro devant les lèvres, Martin finit d’enregistrer la voix off du premier épisode du podcast Strasbourg, l’attentat oublié. Lui et dix de ses camarades du Gymnase se sont lancés dans une enquête pour retracer les évènements du 11 décembre 2018et en voir
les répercussions. « L’idée de ce projet vient de notre proviseur, Philippe Buttani. Il est entré en contact avec Mostafa Salhane, le chauffeur de taxi qui avait été pris en otage par le terroriste Chérif Chekatt et a voulu faire quelque chose autour de son récit », se souvient Amélia, une des participantes.
Depuis deux mois, le petit groupe
se réunit tous les jeudis midi et parfois sur leur temps libre pour construire
ce podcast qu’ils considèrent comme un devoir de mémoire. « En 2018, lors
de l’attentat, nous n’avions que onze ans. C’est l’occasion de mieux comprendre
ce qu’il s’est passé, de contextualiser et de parler avec des gens qui l’ont
vécu », décrit Julie.
Le podcast sera constitué de quatre
épisodes qui seront diffusés chaque onze du mois, à partir du lundi 11 décembre,
date anniversaire du drame. Si le premier sert à contextualiser l’attentat et
leur travail, le deuxième reconstituera les événements du soir. Les épisodes
trois et quatre permettront de questionner les conséquences sur le court, puis
le long terme. Que nous reste-t-il de cet événement en 2023 ? Qu’en est-il
des victimes aujourd’hui ? Pourquoi parle-t-on moins de cet attentat que
de ceux de Paris ou Nice ?
Parmi les témoignages du premier
épisode, celui du chauffeur Mostafa Salhane, qui servira de fil rouge pendant
tout le podcast, mais également ceux de la journaliste Yolande Baldeweck et
d’une des élèves. « J’habite juste au-dessus de la rue des Orfèvres, où il
y a eu des tirs. C’est un événement qui m’a personnellement marqué. Cet atelier
est une chance de témoigner et de rencontrer des gens qui ont également vécu ça
de près », raconte Isidora.
Comme le rappelle fièrement leur
directeur, les élèves ont tout fait de A à Z, « des interviews à la
musique du podcast en passant par la recherche d’archives, le visuel, la
communication, la voix off, la prise de son, le montage… ». Auprès d’eux, l'artiste Elisa Sanchez, « sans qui rien n’aurait pu être
possible ! », insistent les élèves.
S’il leur reste trois épisodes à
réaliser, ils sont déjà heureux de s’être lancés dans le projet :
« Nous apprenons à faire du montage, à interviewer et aussi à travailler
en groupe, avec chacun une tâche importante dans le processus », énumère
Eva, en charge de la communication. L’occasion aussi de découvrir la forme du
podcast : « Passer par le son est un bon moyen pour libérer la
parole. Il n’y a pas la peur de l’image, donc les gens se confient plus »,
analyse Salomé. « J’ai découvert qu’on pouvait vraiment faire passer
beaucoup de choses uniquement avec du son », rajoute Eden qui a passé du
temps sur le montage. L’épisode est diffusé ce jeudi soir en
avant-première à l'occasion d’une soirée hommage.