samedi 6 février 2021

Rodolphe Reuss, élève et professeur du Gymnase, père de la bibliothèque de Strasbourg

 

Rodolphe Reuss (1841-1924) n’est ni un homme politique, ni un chef d’entreprise, ni un champion sportif, mais un historien accompli de l’Alsace, également témoin de son temps, devenu bibliothécaire municipal.

Le tournant d’une vie

À sept ans, il entre au Gymnase Jean-Sturm de Strasbourg. Il est reçu bachelier à l'âge de dix-sept ans avant de suivre les cours de la Faculté de lettres ; il est licencié ès lettres en 1861. Pendant trois ans, il complète sa formation dans différentes universités allemandes. De retour à Strasbourg, il est nommé à l'âge de vingt-quatre ans professeur agrégé d'histoire au Gymnase et commence à publier.

Le bombardement de Strasbourg pendant le siège d’août-septembre 1870 anéantit volontairement les trésors de la bibliothèque municipale, qui est alors la plus importante de France après Paris. C’est un choc terrible pour lui et cela va réorienter le cours de son existence. Il refuse en effet la
chaire d’histoire qui lui est offerte à la nouvelle Université allemande.

Nommé bibliothécaire de la Ville par le maire Ernest Lauth en 1873, il travaille avec acharnement à reconstituer autant que possible les fonds. À côté de ses ouvrages, c’est l’œuvre de sa vie qui justifie à elle seule la reconnaissance de ses concitoyens.

Francophile, il ne songe cependant pas, par piété filiale, à quitter Strasbourg annexée qu’après la mort en 1889 de son père, Édouard, théologien de renommée internationale.

La fidélité à la France

Pour éviter que ses trois fils portent un uniforme allemand, il prépare le départ de sa famille. Ayant obtenu un poste à Paris, à l’École des hautes études, il s’installe à Versailles, au 3e étage du 52 rue Albert-Joly. Un de ses fils y a gravé son nom sur un carreau de fenêtre. La famille revient chaque année au Neuhof en été, jusqu’à la Grande Guerre.

Ses fils tombent tous trois sur le front. L’un d’eux, Édouard, était officier de carrière, le cadet, Paul, ingénieur, et le dernier, Armand, artiste peintre. Rodolphe Reuss se voue dès lors davantage à ses travaux et est nommé directeur d’études en 1917. Après avoir encore passé l’été 1923 au Neuhof, il finit ses jours à Versailles, soulagé du retour de l’Alsace à la France.

Avec L’Alsace au XVIIe  siècle, son livre le plus populaire est son Histoire de l’Alsace , plusieurs fois rééditée jusqu’en 1977, que nombre d’Alsaciens se sont hâtés d’acquérir.

Ses descendants ont fondé l’Association Édouard et Rodolphe Reuss qui, à Strasbourg, veille à maintenir vivant leur souvenir et à susciter des recherches sur leurs écrits, leur œuvre et leurs relations.

À Strasbourg, tout le monde connaît le nom de Rodolphe Reuss, donné
à une station terminus du tram C et à une allée dans le quartier du Neuhof. La Ville voulait rendre hommage à cet historien alsacien, dont la famille a bâti sa maison de campagne dans ce secteur, sur un terrain acheté dès 1799.

Pour en savoir plus:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rodolphe_Reuss