samedi 6 février 2021

Du Gymnase à la synthèse de l’aspirine : Charles Frédéric Gerhardt

Charles Frédéric Gerhardt naît le 21 août 1816 à Strasbourg, où il étudie au Gymnase Jean Sturm – matricule 1170 - Son père, Samuel Gerhardt, reprend une fabrique de céruse en 1825. Le fils poursuit ses études supérieures de chimie en Allemagne puis en France, où il enseigne à Montpellier et à Strasbourg, entre autres.  

 On a dit de Gerhardt, qu’en collaboration avec Laurent, il a transformé la chimie en adoptant l’hydrogène comme unité dans les combinaisons, qu’il a créé un système unitaire de notation et qu’il a édifié la théorie atomique.

En 1842, par distillation alcaline de la quinineCharles Gerhardt obtint la quinoléine, huile incolore qu'il appela chinolein (« huile de quinine »). Cette découverte allait être à l'origine du développement, au xxe siècle, des médicaments antipaludiques de synthèse tels que la chloroquine.

Cela fait plus de 3 000 ans que les êtres humains se soignaient à l’aide, non pas d’aspirine, mais de son composé : l’acide salicylique. Hippocrate lui-même, père de la médecine occidentale, vantait ses propriétés. A l'état naturel, on en trouve dans l'écorce de saule ou dans la fleur Reine-des-près. Mais il a fallu le XIXe siècle pour que le médicament soit synthétisé. Il devient rapidement un enjeu géopolitique, à tel point qu'il est présent dans la signature du Traité de Versailles, à la fin de la Première Guerre mondiale.


 En 1853, Gerhardt réussit la première synthèse de la molécule de base de l'aspirine, l'acide acétylsalicylique, proche du médicament actuel. Mais le produit n’est pas complètement pur et Gerhardt meurt trois ans plus tard, avant d’avoir pu finaliser son projet.

C’est un Allemand qui reprend le flambeau : Félix Hoffmann. En 1897, il met au point un produit pur extrait de la Reine-des-près. Hoffmann travaille pour le laboratoire Bayer, qui en acquiert les droits. Le 1er février 1899, l’entreprise commercialise le médicament sous le nom "d’Aspirin". "A" pour "Acétil", et "Spir" pour la Spirsaüre, le nom botanique allemand de la Reine-des-prés. D'abord commercialisée en poudre, l'aspirine est finalement proposée en 1904 sous forme de petits comprimés dans un flacon de verre.

En son hommage, l'Institut de chimie moléculaire et des matériaux de l'université de Montpellier
(ICGM) porte son nom, Institut Charles Gerhardt, de même qu'une rue du Quartier des XV à Strasbourg.