samedi 26 octobre 2019

La maison des Tanneurs s’expose


Qui ne la connaît pas, à l’entrée du quartier de la Petite France ? Sans doute plus pour sa gastronomie alsacienne que comme Monument Historique. Et pourtant elle est classée depuis 1927. Et elle attire autant les artistes que les gourmets.









C’est ce qu’a bien compris Philippe Lenhardt, amateur d’art, entre autres. Sa famille tient la Maison des Tanneurs depuis 1956, son frère François succédant à leur mère, Gabrielle, en 1972 et déjà, avec Jérôme Lenhardt (bac 2004 à Lucie Berger), directeur général de l’établissement, pointe une nouvelle génération pour poursuivre cette aventure.

N’hésitez pas à vous rendre à l’exposition « La Maison des Tanneurs vue par les artistes », ouverte jusqu’au 16 novembre, au 42 rue du Bain-aux-Plantes.

Voici des extraits de l’article que les DNA lui ont consacré le 10/10/19:


Strasbourg : une exposition sur la Maison des Tanneurs, source d'inspiration de nombreux artistes
  
Depuis son poste d’observation de la Neustadt Galerie, spécialisée dans l’art en Alsace de la fin du XIXe  siècle à l’après-guerre, Walter Kiwior a pu constater combien la Maison des Tanneurs, ancienne tannerie édifiée en 1572, témoignage de l’architecture opulente de la Renaissance à Strasbourg, avait inspiré les artistes. « Il est vrai que sa position centrale au cœur de la Petite France, quartier très pittoresque, la rend un peu incontournable dès lors qu’on cherche à restituer une atmosphère du Vieux Strasbourg », commente le galeriste.

De Seebach à Doisneau
Une remarquable aquarelle de l’architecte Gustave Krafft (1861-1927), exposée en vitrine, avait ainsi attiré l’attention de Philippe Lenhardt. Elle offrait un point de vue inhabituel sur la Maison des Tanneurs, la restituant dans son aspect de 1917, bien moins propret qu’aujourd’hui, quand la Petite France était encore un quartier populaire avant de devenir un haut-lieu du tourisme de masse. Philippe Lenhardt ne pouvait que craquer.

C’est dire si dans la famille Lenhardt, on est sensible à un certain rapport au temps et à l’histoire. Qui s’incarne aussi dans les innombrables productions d’artistes (dessins, peintures, gravures, photos) qui ont pour thème la Maison des Tanneurs. « En discutant avec Walter, l’idée est venue de réunir des œuvres réalisées par des artistes d’un certain renom, d’en faire une petite publication et pourquoi pas une exposition », confie Philippe Lenhardt. Conjuguant leurs forces, ils ont réuni un panorama d’une trentaine de pièces signées Lothar von Seebach, Auguste Cammissar, Charles Spindler, Luc Hueber, Lucien Blumer, René Allenbach…

On y trouve même une photographie de Robert Doisneau, datée de 1945, qui remporte haut la main le prix du regard décalé : le reflet de la Maison des Tanneurs ondule dans l’Ill. Plus ancien encore, un autochrome de 1920, pris par Auguste Léon, avec une débauche de drapeaux tricolores rappelant que désormais Strasbourg est française.

Les œuvres sont visibles dans une salle d’exposition aménagée à la Maison des Tanneurs où la publication est également disponible (au prix de 8 €). Publication qui signale aussi qu’au carrefour de l’histoire de l’art et de l’histoire intime du lieu, y défilèrent d’illustres personnalités du monde des arts (Alain Delon, Jerry Lewis, Jean Marais, Mireille Darc, Maurice Chevalier, Peyo, le créateur des Schtroumpfs…) et de la politique (François Mitterrand, Michel Rocard, Robert Schumann, Valery Giscard d'Estaing, Simone Veil…). « Il y a même eu Buzz Aldrin, le deuxième homme à avoir marché sur la lune ! », lâche, à la fois fier et rêveur, Philippe Lenhardt. Lesté de la cuisine traditionnelle alsacienne, l’astronaute n’aura vraisemblablement pas regretté ce jour-là la nourriture de la mission Apollo 11.