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dimanche 21 mai 2017

Relecture solidaire en Ecole Doctorale






Marc Haug, 
membre des Alumni du Gymnase, 
nous propose une action de solidarité concrète


vendredi 11 mars 2016

La révolution numérique leur donne des ailes


Les jeunes actifs plutôt optimistes 
face à la quatrième révolution industrielle

La révolution numérique leur donne des ailes. En moyenne, les deux tiers des jeunes entrant dans le monde du travail débordent d’optimisme quant à leur avenir professionnel, selon une étude diffusée lundi 18 janvier par l’indien Infosys, société prestataire de services informatiques. Mais les Français, comme souvent dans les sondages, se distinguent par leur pessimisme relatif : seulement 9,75 % se déclarent « très optimistes » et 43,06 % « assez optimistes ». Seuls les Australiens se montrent encore plus négatifs.
Infosys a interrogé dans neuf pays, en novembre, 1 000 jeunes actifs âgés de 16 à 25 ans sur la manière dont ils voyaient leur avenir dans la perspective de la quatrième révolution industrielle, thème sur lequel va plancher le forum économique mondial de Davos à partir de mercredi 20 janvier. A l’ère de l’intelligence artificielle, du big data ou de l’imprimante 3D, les jeunes sont conscients de la menace : en moyenne 4 sur 10 imaginent que leur emploi pourra être remplacé par un robot d’ici dix ans.

Pour autant, ils restent optimistes sur leur capacité à se faire une place au soleil. Avec néanmoins deux camps bien distincts. « Les quatre pays émergents surpassent les cinq économies développées quant à leur vision positive sur leur emploi futur », souligne l’étude, qui voit les pays émergents aborder la quatrième révolution industrielle avec une « longueur d’avance ».

« Débloquer cette nouvelle génération »
Ce sont les Brésiliens qui ont le plus confiance en leur avenir, suivis des Sud-Africains, des Indiens et des Chinois. « Cela s’explique notamment par le fait que les jeunes dans les pays émergents accordent une plus grande valeur à leurs études », analyse Emmanuelle Blons, chez Infosys. Surtout, dans les pays émergents, la génération Y prévoit que les compétences en matière de nouvelles technologies seront décisives. Or, ils s’estiment bien préparés sur ce plan. Ainsi, enInde, 60 % des jeunes interrogés jugent avoir les compétences nécessaires pour réussir leur carrière, contre 25 % en France.
La morosité ambiante dans l’Hexagone n’explique pas tout. Alors qu’Infosys établit cinq profils en fonction des aptitudes revendiquées et de l’intérêt pour les nouvelles technologies, c’est la France qui arrive en queue de peloton. Au pays des ingénieurs et de la sélection par les maths, seul un jeune Français sur 8 figure dans la catégorie des « gourous de la tech », contre 45 % en Inde, 35 % au Brésil ou 27 % en Chine. En moyenne, 20 % des sondés dans les pays développés sont considérés comme des mordus des techs. A l’autre bout du spectre, les « illettrés de la tech » sont les plus nombreux en France (28 %), contre une moyenne de 10 % dans les pays développés, et seulement 2 % en Inde.
« Il ne s’agit que d’une perception, mais il n’y a pas de raison que les jeunes Français soient classés à ces niveaux. On a tout ce qu’il faut en France », s’alarme Mme Blons : « Il faut renforcer l’apprentissage des nouvelles technologies mais aussi aller plus loin et apprendre à apprendre afin de débloquer cette nouvelle génération. » En moyenne, 65 % des 16-25 ans interrogés considèrent avoir fait des études qui les arment suffisamment pour faire face au changement : ils sont 70 % en Afrique du sud, Chine et Brésil et seulement 51 % en France.

Inégalités homme-femme
La création de la grande école du numérique par le président Hollande en septembre 2015, qui vise à labelliser une cinquantaine d’établissements, constitue une réponse, mais très partielle. Car, au-delà de la formation, la grande différence entre les pays se situe au niveau de l’appétit des uns et des autres pour l’informatique. « Là où 75 % des jeunes en Inde et en Chine ont envie d’améliorer leurs compétences en matière d’analyse des données, ils sont seulement 47 % en Allemagne et en France », souligne l’étude.

Autre divergence inquiétante, celle entre les hommes et les femmes. Là encore, si la différence, en Inde ou en Chine, est ténue, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, les garçons sont deux fois mieux classés que les filles sur l’échelle du « geek ». Et ce sont les jeunes Françaises qui réalisent le moins bon score parmi les neuf pays…
En clair, au moment où les sociétés tentent de réduire les inégalités de genre dans le monde du travail, la quatrième révolution industrielle promet au contraire de les accroître. « La seule manière d’y remédier est de former de plus en plus tôt aux nouvelles technologies pour que “tripatouiller” un ordinateur devienne naturel à tous », conseille Mme Blons d’Infosys.

LE MONDE ECONOMIE | 18.01.2016 à 11h05 • Par Isabelle Chaperon

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/18/les-jeunes-actifs-plutot-optimistes-face-a-la-quatrieme-revolution-industrielle_4849024_3234.html#g4RE2WACuojyowhe.99

La transition s’annonce difficile


Obama et l’angoisse de la classe moyenne

L’économie va mieux qu’ailleurs, le chômage est au plus bas depuis 2008, le déficit a été réduit des deux tiers… Pourquoi les Américains sont-ils aussi anxieux ? Dans son dernier discours sur l’Etat de l’Union, le 12 janvier, Barack Obama a donné un élément de réponse. Parmi les défis des prochaines années, il faudra compenser le coût humain des innovations technologiques, a-t-il souligné : « Comment faire en sorte que la technologie marche pour nous et non contre nous. »
C’était la première fois que M. Obama mettait en avant l’impact des nouvelles technologies dans un discours solennel. Il a employé le mot fétiche de la Silicon Valley, celui dont se parent comme d’un drapeau les patrons d’Uber ou Airbnb : « disruption. » Autrement dit, « perturbation ». Celle du modèle économique ancien, des entreprises établies et des marchés traditionnels. Mais il l’a fait, moins par enthousiasme révolutionnaire que pour souligner que ces « disruptions économiques » mettent désormais les Américains « à rude épreuve ».
A Davos, le 20 janvier, Joe Biden a repris la même idée, contrastant avec l’émerveillement qui continue, aux Etats-Unis, beaucoup plus qu’en Europe, à entourer ce que le World Economic Forum a qualifié de « quatrième révolution industrielle ». Les mutations technologiques, a dit le vice-président, « ont le potentiel de miner encore davantage la classe moyenne. Il est de notre responsabilité d’assurer que la révolution digitale crée plus de gagnants que de perdants ».
L’administration Obama n’est pas technophobe. Le président a été pionnier dans l’utilisation des réseaux sociaux dès sa campagne de 2008. Il accorde des interviews aux célébrités de YouTube. Il fait grand usage d’Instagram et vient de s’inscrire sur Snapchat. En quittant la Maison Blanche, nombre de ses proches collaborateurs se sont d’ailleurs reconvertis dans la Tech. David Plouffe, le stratège de la réélection de 2012, est vice-président d’Uber (où il a manifestement plus de mal à « vendre » l’image de la firme que celle de l’ancien candidat démocrate). Jay Carney, l’ancien porte-parole, est chargé des relations extérieures chez Amazon. Dan Pfeiffer, ancien responsable des communications stratégiques, occupe le même poste chez GoFundMe, une plate-forme de Crowdfunfing. Lisa Jackson, l’ex-directrice de l’agence pour l’environnement (EPA), est à la direction d’Apple. Caroline Atkinson, conseillère économique, une ancienne du FMI, vient d’être recrutée par Google qui espère profiter de ses contacts pour faire avancer son contentieux avec la Commission de Bruxelles.
100 millions de lignes de code
Mais le président « sent » bien ses compatriotes. Il ne lui a pas échappé, comme il l’a répété le 30 janvier, qu’ils sont déstabilisés par les « extraordinaires » mutations en cours et l’appétit avec lequel les nouvelles technologies « remplacent toutemploi où le travail peut être automatisé ». Sans parler de la complexification des tâches. Aujourd’hui, un mécanicien ne se contente plus de changer l’huile des moteurs, a-t-il souligné. Il travaille « sur des machines qui nécessitent jusqu’à 100 millions de lignes de code. C’est 100 fois plus que la navette spatiale ».

Quatre ans après être sortis de la récession, les Américains se sentent menacés par une nouvelle vulnérabilité. Selon une étude de 2013 des chercheurs d’Oxford, Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, 47 % des emplois sont menacés aux Etats-Unis par l’automatisation dans les vingt prochaines années. Dans l’immédiat, l’ubérisation du travail démantèle les jobs en « micro-tâches » et en « micropaiements », selon Mary Gray, une chercheuse de Microsoft Research, qui parle de travail à la « chaîne digitale ». L’union des freelancers estime à quelque 53 millions le nombre d’Américains enrôlés à temps plein ou partiel dans cette « économie à la demande », soit un travailleur sur trois. Le 26 janvier, le département du travail a annoncé qu’un recensement serait entrepris pour mesurer l’essor réel de cette nouvelle économie.

4 milliards de dollars investis dans du code
« La destruction d’emplois par le software va être massive », prédisait en mai 2015 Sam Altman, l’un des jeunes visionnaires de la Silicon Valley, lors d’une conférence à Stanford. Président d’un fonds de capital-risque, un métier consistant à « aider les gens à détruire des emplois », il avouait avoir des états d’âme. Surtout, il regrettait l’absence de débat. « Personne n’est préparé » à la situation, disait-il, mais « on ne peut pas en parler ». Hillary Clinton en sait quelque chose. En juillet, la candidate a dû battre en retraite après avoir fait le simple constat que l’économie à la demande « pose de sérieuses questions sur la protection du travail et ce à quoi ressemblera un bon job à l’avenir ».
M. Obama aura eu le mérite d’aborder la question. Il l’a fait avec son habituel optimisme, rappelant que l’Amérique qui a « marché sur la Lune » n’a jamais eu peur des innovations. Dans le budget qu’il présente début février, il a consacré 4 milliards de dollars à une initiative d’« Informatique pour tous », qui entend faire entrer l’enseignement du code dès le cours préparatoire.

Mais la transition s’annonce difficile, et c’est cette angoisse-là qui est sous-jacente dans le paysage de 2016. L’angoisse de perdre pied au profit d’une « techno-élite » aux salaires mirobolants. En 2012, l’Amérique ne parlait que de « déclin ». La Chine faisait peur. Aujourd’hui, c’est la machine qui inquiète, dans une société qui ne trouve pas son compte dans l’accélération des innovations. Le chômage était le thème central des discours politiques. Aujourd’hui, c’est de la nature même du travail qu’il est question. L’angoisse de la classe moyenne américaine, c’est avant tout un sentiment d’impuissance face à une économie qu’elle ne comprend plus.

Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San Francisco
LE MONDE | 08.02.2016
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/02/08/obama-et-l-angoisse-de-la-classe-moyenne_4861097_3222.html#BPcbBrK5ZP78HjgT.99

Vous trouvez l’époque mouvementée ?

Demain, une époque formidable

Vous trouvez l’époque mouvementée ? Vous n’avez encore rien vu. Quand l’un des meilleurs joueurs professionnels de go au monde se fait battre par une machine, le moment est venu de faire une pause, souffler un peu et prendre la mesure de ce qui nous attend.
Nous avions pourtant parfaitement intégré le fait que ce joueur, Fan Hui, champion d’Europe, fût d’origine chinoise. D’abord parce que le go a été inventé il y a trois mille ans en Chine, ensuite parce que, au XXIe siècle, l’ascension de la Chine fait partie de notre environnement économique et géopolitique. « L’Europe appartient au passé, l’Amérique au présent, l’Asie au futur », aime à déclamer le politologue singapourien Kishore Mahbubani. En réalité, tout ça est dépassé. Et face à ce qui se prépare, les Chinois ne sont pas beaucoup mieux outillés que nous.

SI UN ORDINATEUR PEUT BATTRE UN CHAMPION PROFESSIONNEL DE GO, IMAGINEZ COMMENT IL PEUT POURRIR LA VIE D’UN DRH
Ce qui se prépare, ce grand bouleversement qui est là, au coin de la décennie, prêt à déferler, c’est ce qu’un vieux professeur suisse, sorte de professeur Tournesol très fort en marketing, appelle la quatrième révolution industrielle. Avant d’inventer la quatrième révolution industrielle, cet homme, Klaus Schwab, a inventé le Forum économique mondial de Davos ; tout naturellement, il a donc demandé au Forum, pour son édition de 2016 qui vient de se terminer, de se pencher sur les défis et promesses de ladite révolution. Pour mémoire, les trois précédentes sont celles de la vapeur, qui a mécanisé la production, puis celle de l’électricité qui a créé la production de masse, et la révolution numérique, qui a vu les technologies de l’information automatiser la production. La quatrième n’est pas simplement le prolongement de la troisième : l’accélération et l’ampleur du progrès technologique sont telles qu’elles nous font basculer dans une nouvelle ère, l’ère de l’intelligence artificielle, des objets connectés, de la robotique et des big data. Une ère, dit M. Schwab, où « la fusion des technologies efface les frontières entre les sphères physique, biologique et numérique ».
Le Pr Schwab n’a pas fait découvrir l’eau chaude aux cerveaux invités à Davos. D’autres cénacles, comme les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence en 2015, ont exploré les conséquences de ces ruptures technologiques, notamment pour le monde du travail ; bien des études savantes ont été menées. La recherche et les applications liées à l’intelligence artificielle ont donné une nouvelle jeunesse à la Silicon Valley. Cette révolution, pourtant, reste le secret le mieux gardé des élites économiques mondiales. Pourquoi ? Parce que, précisément, si son potentiel les fait rêver, son impact social les stresse terriblement. Ils savent tous que cela va être énorme. Mais quant à en définir les contours, c’est le saut dans l’inconnu. Si un ordinateur peut battre un champion professionnel de go, imaginez comment il peut pourrir la vie d’un DRH.

EN CINQ ANS, 7 MILLIONS D’EMPLOIS POURRAIENT ÊTRE DÉTRUITS ET 2 MILLIONS CRÉÉS. RÉSULTAT : 5 MILLIONS D’EMPLOIS EN MOINS
Une étude du Forum économique, par exemple, avance le chiffre de sept millions d’emplois qui seront détruits en cinq ans dans quinze secteurs économiques. Heureusement, deux millions d’autres emplois seront créés – en comptant bien, cela fait quand même un résultat net de cinq millions d’emplois en moins. Rassurez-vous, le pire n’est pas sûr. Des métiers disparaîtront ; d’autres, évidemment, apparaîtront. Lesquels ? Combien ? Nul ne le sait encore.
Les progrès que permet cette nouvelle révolution dans la recherche sont époustouflants. « Mind-blowing », répète avec passion Bill Gates, l’homme le plus riche du monde qui, lui, a compris que le meilleur moyen d’en orienter l’impact social était d’investir sa fortune dans la philanthropie, tout en faisant progresser la science. L’être humain maîtrise aujourd’hui les moyens de rendre la machine plus intelligente que lui : c’est « mind-blowing », parce que l’humanité peut en tirer un profit fabuleux. La machine, on le sait, peut faire beaucoup de choses à notre place : la robotisation est déjà bien avancée dans les processus industriels. Mais elle sait aussi penser à notre place, et souvent plus loin que nous. Et là, beaucoup des implications de ces possibilités restent à découvrir.
Ces implications nous concernent tous, travailleurs, entreprises, administrations, Etats, communauté internationale. Pour l’instant, les interrogations se concentrent sur les transformations qu’elles feront subir au travail, au nombre et à la nature des emplois, et sur les moyens d’éviter qu’elles aggravent les inégalités, tendance lourde du monde actuel. Vont-elles achever de laminer les classes moyennes ? « L’accent doit être mis sur les compétences, pas sur les emplois », répond Satya Nadella, PDG de Microsoft. Alors, comment former les travailleurs de demain ?

C’est la partie visible de l’Iceberg. Les défis, en réalité, vont bien au-delà. Ils portent sur la protection des données privées, le niveau de contrôle des Etats, l’éthique, la sécurité… José-Maria Alvarez-Palette, DG de Telefonica, estime qu’il faut rendre aux individus la propriété de leurs données personnelles qui seront amassées lorsque tous les objets qui nous entourent seront connectés. Chuck Robbins, nouveau PDG de Cisco, note qu’un « nouveau degré de confiance est requis, au-delà de tout ce que nous avons connu dans l’histoire : confiance dans les systèmes qui gèrent les données, dans les gens qui ont accès aux données, dans les technologies qui protègent les données ». Lui s’attend à voir émerger un million d’emplois dans la cybersécurité, « sans que nous ayons pour l’instant les qualifications correspondantes ».
Dans sa sagesse toute asiatique, Fan Hui, le champion de go, a confié au Monde après sa défaite : « Je pense que les ordinateurs vont changer le go. » Chacun voit midi à sa fenêtre. Mais il n’y a pas que la vie des joueurs de go qui va changer. Et nous ferions bien, tous, de nous y préparer.

LE MONDE | 30.01.2016 à 10h27 • | Par Sylvie Kauffmann

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/01/30/demain-une-epoque-formidable_4856490_3232.html#6iaDeP7FzQ6rm1tk.99