Sara Balzer, Caroline Queroli, Sarah Noutcha et la remplaçante Malina Vongsavady (de droite à gauche) ont apporté à la France sa première médaille d’or européenne au sabre dames depuis 2007, ce mercredi à Antalya, en Turquie. Photo EFC /Augusto BIZZI
« Entendre la Marseillaise, c’est
beaucoup de frissons, beaucoup d’émotions. Je ne réalise pas encore… »
Sarah Noutcha, qui disputait cette
semaine à Antalya son tout premier « grand » championnat à 22 ans, a
réussi un exploit majuscule : avec Sara Balzer, sa coéquipière du
Strasbourg UC, et Caroline Queroli, elle a tout remporté le premier titre
européen du sabre dames français depuis 2007.
Des jambes de feu en
finale
Dans un passé récent, l’hymne national
avait retenti à deux reprises pour un sacre mondial avec une Strasbourgeoise
dans l’équipe, que ce soit Solenne Mary à Turin en 2006 ou Charlotte Lembach à
Wuxu, en Chine, en 2018. Mais souvent, les Françaises tombaient sur plus fortes
qu’elles, même lorsqu’elles étaient têtes de série n°1 comme ce mercredi en
Turquie.
« Nous savions que la compétition
serait très dense et que nous ne pouvions pas nous projeter plus loin que la
prochaine touche », reprend Sarah Noutcha. Ses jambes de feu ont calciné
en finale la vice-championne d’Europe Rossella Gregorio et sa coéquipière
transalpine du SUC, Michaela Battiston, qui ont toutes deux encaissé un 5-1
contre la cadette des Bleues. « Sara (Balzer), qui a déjà vécu une finale
olympique, et Caroline (Queroli), qui a été championne du monde en 2018, m’ont
mise en confiance en me disant qu’il ne fallait pas se prendre la tête. Nous
savions que si jamais l’une d’entre nous avait un trou, l’autre serait là pour
rattraper le coup. »
Véritable métronome des Bleues, en quart
de finale contre l’Allemagne (45-39) et surtout en demi-finale contre l’Ukraine
d’Olga Kharlan (45-43), Sara Balzer a contribué à sécuriser l’édifice tricolore
durant toute cette journée de rêve. C’est elle qui a lancé les hostilités à
chaque fois, elle aussi qui a résisté au retour de la quadruple championne du
monde ukrainienne lorsque celle-ci a recollé à 42-43 en fin de demi-finale.
« C’était un relais tellement
compliqué, contre une très grande championne… J’ai vraiment fait très attention
à rester concentrée, à ne pas me laisser gagner par les émotions, à rester dans
l’instant », explique la médaillée de bronze au sabre individuel,
dimanche. « D’ailleurs, je n’ai pas cessé de répéter ça aux filles toute
la journée : de rester dans l’instant, de ne penser à rien d’autre qu’à la
prochaine touche, surtout pas au score ou au titre. Au final, on a vraiment
partagé un grand moment, à se soutenir mutuellement, se parler librement. C’est
ce qui a fait qu’on a su entretenir cette super dynamique durant toute cette
journée. »
Seule rescapée de l’équipe
vice-championne olympique à Tokyo l’an dernier, Sara Balzer ne disputait
pourtant à Antalya que ses deuxièmes championnats d’Europe après ceux de 2017.
Eloignée des pistes après une rupture
des ligaments du genou lors des Mondiaux cette même année, elle a enfin renoué,
à 27 ans, avec des podiums majeurs qui lui semblaient promis depuis ses plus
jeunes années. « C’était un travail de longue haleine, ça faisait très
longtemps que j’attendais de tirer dans un grand championnat comme je l’ai fait
ici », sourit la grande gauchère. « J’ai le sentiment d’avoir franchi
un cap cette semaine. ». Après avoir décroché une première médaille individuelle en bronze, voici
donc Sara Balzer parée d’or dans cet Euro d’Antalya, en Turquie
Cette médaille d’or, que les deux
Alsaciennes des Bleues portent désormais autour du cou, en appelle d’autres.
Elle appelait une fête, surtout, que Sara et Sarah envisageaient de partager
avec les épéistes, en bronze, eux, à l’issue de cette journée parfaite.
« C’est arrivé, ça y est, on a gagné et c’est encore plus beau que ce que
j’imaginais. » La dernière touche est pour Sara.
Par Jean DEUTSCH – DNA 22 juin 2022 à 22:02 |