J'ai appris avec beaucoup de tristesse le départ de Ralph Boetzlé, le professeur qui a le plus marqué mon parcours de lycéenne au Gymnase Jean Sturm.
R. Boetzlé était bien plus qu'un professeur d'allemand. Il a eu cœur de nous faire découvrir certains des plus beaux textes et poèmes de la littérature germanophone, mais nous aussi beaucoup fait réfléchir et développer notre esprit critique. Je lui suis profondément reconnaissante pour son enthousiasme et la passion des auteurs germanophones qu'il nous a fait découvrir et partager.
En allemand, M. Boetzlé ne nous a finalement guère appris qu’un mot : denken.
Eric S. - Promotion Bac 1977
Quelle triste nouvelle ! J'ai eu la chance d'être son
élève de 1978 à 1985, de la 6e à la Terminale. Il avait
accepté de conserver peu ou prou le même groupe, sous sa
férule exigeante mais toujours bienveillante et certaines amitiés
nouées durant ces années sont intactes, toujours
aussi fortes 40 ans plus tard.
Il nous a enseigné l'allemand, bien sûr, avec rigueur et passion mais bien
plus encore: l'histoire, la géographie, la culture des pays de langue
allemande, leur littérature et leur philosophie. Faust, qu'il nous a fait
découvrir, reste l'œuvre qui m'a marqué le plus profondément. Il
transmettait le meilleur des traditions et valeurs humanistes qui font partie
du socle d'excellence de notre Gymnase. Dans sa classe, on pouvait parler de
tout.
M Boetzle connaissait nos forces et aussi toutes nos faiblesses. Il
prenait le temps de s'intéresser à nos personnalités, nos centres
d'intérêt et savait trouver des ressorts de motivation que nous ne
devinions pas nous-mêmes pour nous faire progresser.
J'étais paresseux, dilettante, dissipé et souvent mal dans ma peau. Il
comprenait tout cela car comme il aimait à nous le répéter: <<j'ai
été élève avant vous>> . Aucune de nos ruses ou astuces ne lui
était inconnue. En étudiant avec lui, la motivation et le désir de
bien faire étaient naturels. Je ne les ai jamais ressentis comme des
pensums.
Pour ma part, je lui dois énormément puisque ma bonne maîtrise de
l'allemand a été un facteur important pour décrocher mes
premiers emplois.
J'ai eu le plaisir de le revoir lors de quelques carrefours-carrières et d'échanger par e-mail avec lui il y a quelques
années. Laborieusement, j'ai écrit le message en allemand (que je
n'ai plus l'occasion de pratiquer) en commettant sûrement plusieurs
fautes. Avec sa gentillesse et sa subtilité coutumières. il ne les a pas
relevées. Au contraire, il m'a invité à une visite du nouveau Gymnase lors
d'un prochain passage à Strasbourg. On sentait dans ses lignes la
fierté du travail accompli et l'enthousiasme suscité par les progrès
et transformations de l'institution à laquelle il a consacré
énormément de temps et d'énergie. Je regrette beaucoup que ce joli
projet de visite ne puisse se réaliser. L'expatriation a aussi ses coûts
et ses revers.
Je n'ai pas eu la chance de connaitre sa famille; qu'il me soit permis
d'exprimer ici mes très sincères condoléances et ma vive sympathie
a sa femme et ses fils.
Reposez en paix, cher Professeur (c'est plus sympa que Herr Professor, un
peu trop rigide à mon oreille). La gratitude et le respect de vos
élèves ne sont pas près de s'éteindre.
David B. - Promotion Bac 1985
J’ai eu la chance d’avoir M. Boetzlé comme professeur d’allemand, en classe dialectophone. Pour moi, c’est le meilleur professeur que j’aie jamais eu, toutes disciplines confondues.
Je me souviens encore avec précision des outils mnémotechniques qu’il avait inventés, pour nous rendre plus aisée la tâche d’apprendre la grammaire allemande qui est réputée si difficile: le « RESE, NESE, MRMNN….. ».
Je me souviens aussi de la « Clé » qu’il avait dessinée, pour nous expliquer la fin de certains mots en « n » ou « en ».
M. Boetzlé était un formidable pédagogue, il y mettait toute son énergie, toute sa passion, et je lui suis infiniment reconnaissante pour tout le savoir qu’il a transmis à ses élèves. Il avait aussi contribué à la rédaction de notre manuel d’allemand « Rolf und Gisela ».
Je me souviens aussi d’un poème de Hans Magnus Enzensberger, intitulé « Freizeit » qu’il nous avait enseigné, et qui m’est resté en mémoire :
Wer das hören könnt!
M. Boetzlé nous avait expliqué le sens caché derrière ces paroles, le poids de l’histoire, du sens de la culpabilité du peuple allemand après la 2è guerre mondiale. Ses cours étaient très intéressants.
Je vous serais reconnaissante de bien vouloir transmettre mes condoléances les plus sincères à son épouse et à ses deux fils. Je me souviens encore lorsqu’ils sont nés, nous l’avions félicité en classe, il était si heureux…
Avec mon souvenir ému,
Stefania A.-K. - Promotion Bac 1992
Bonjour
Beaucoup de souvenirs et d'émotions avec le départ de Ralph. Si j'avais des
nouvelles régulières, au début par Maman puis par Martine Altschuh j'ai partagé
beaucoup de moments forts de ma vie avec lui, que ce soit au Gymnase ou à
Bachat Bouloud dans les colonies de vacances qu'il dirigeait et où j'étais
monitrice.
Mais le moment marquant que je souhaite partager c'est celui de l'échange
qu'il a organisé entre le Gymnase et le lycée d'Heikendorf/ Schleswig Holstein
en 1978.
44 ans plus tard j’y vais toujours régulièrement, Svea est devenue ma
meilleure amie, elle est professeure de français dans un lycée et à son tour
organise des échanges linguistiques, consciente de la richesse qu'ils
apportent. Une très grande amitié ......grâce à Ralph qui avait composé les
"binômes".
Résidant à l'étranger, et ne pouvant venir ce jour, je vais écrire à
Frédérique et ses enfants, mais cette partie de vie de Ralph est une de ses
petites graines qu'il a plantée comme professeur d'allemand au gymnase et qui
grandit toujours que je voulais partager.
En pensée avec vous ce jour,
Avec mes meilleures pensées.
Anne-Catherine R. - Promotion Bac 1982
Très sincères condoléances à sa famille….
Parents d’Aurore B. - Promotion Bac 2007
Toi aussi, tu t'en es allé danser avec les étoiles. Tu t'es
réveillé du rêve de la vie pour entrer dans le domaine des certitudes
absolues, comme le dit si bien le poète.
Nous sommes arrivés ensemble au Gymnase en 1974. Un an plus tard, c'est
Frédérique qui est venue , que tu allais épouser, avant d'avoir avec elle deux
beaux enfants, Pierre et Thomas.
Tout en rappelant l'infinie tristesse de ton départ, je veux leur souhaiter
beaucoup de force et de patience comme de trouver le réconfort dans le souvenir
inépuisable de l'homme de bien que tu es, que tu as été.
Pour moi, cela a été une grande chance de faire la connaissance d'une
personne avec laquelle il a été possible d'avoir de grandes et belles
discussion portant sur la vie, l'enseignement, l'histoire, la culture, la
politique, la pédagogie , le sport . Ensemble, nous avons organisé et mené de
nombreux voyages scolaires à Florence, à Venise, à Grenade, Séville et Cordoue.
A chaque fois, c'était l'occasion de voir que derrière l'homme de bien, de
culture, il y avait aussi et surtout l'humain, qui appréciait ses semblables et
diffusait la chaleur de l'amitié. J'ai aussi découvert très rapidement le
remarquable pédagogue dans sa discipline, l'allemand, à la fois passionnant
pour ses élèves par son dynamisme et incroyablement efficace .
Moi qui étais rétif à la langue allemande, à cause de l'histoire du
nazisme (comment une immense culture n'a-t-elle pu empêcher une aussi sombre et
tragique barbarie ?), j'ai découvert grâce à toi et surtout grâce à ta
merveilleuse diction de l'allemand, la musicalité et la poésie mélodique de
cette langue, qui pour moi, spectateur de films, avait fini par devenir une
langue qui s'aboie dans la bouche de la soldatesque nazie ("Streng
verboten !"). Une langue dont la riche culture avait été confisquée par la
monstruosité nazie, redevenait, en t'écoutant parler allemand, la langue de la
finesse et de tous les possibles, langue bienveillante pour l'humanité. Le
simple souvenir de toutes les larges fenêtres que tu as su ouvrir à tes élèves
et à tes amis ne pourra assurément pas s'effacer ni avec ton départ, ni avec le
temps.
Repose en paix, l'ami. Nous avons eu la chance de croiser ton chemin, ta
présence, ton humanité, et cela rien ni personne ne pourra nous l'enlever bien
que nous pleurions une étoile qui a filé.
Faruk G. - Promotion Bac 1967
Témoignage partagé de Jean-Claude Graeff et Jean Pierre Perrin
Temple
Neuf – 23 mai 2022
[JPP]
Mon cher Ralph,
Oui, je sais, à nous voir arriver tous les deux, Jean-Claude et
moi, et nous adresser ainsi à toi, j’imagine ton sourire un peu ironique et la
malice qui se glisse dans tes yeux : « qu’est-ce qu’il vont encore me
demander ? »
Il est vrai que tu as été beaucoup sollicité, en bien des
domaines, et que ta réponse a été généreuse, après les protestations d’usage
auxquelles nous étions habitués.
Tu as commencé par être ce germaniste reconnu dans l'équipe
de l'Inspecteur Georges HOLDERITH qui dans les années 70 a révolutionné
l'enseignement de l’allemand pour les enfants dialectophones d'abord ... puis
les autres. Il se dit même que ton prénom a servi, un peu modifié, à un des
personnages emblématiques (Rolf) de la méthode
Pédagogue dynamique, tu as animé des
sessions de formation pendant des années. C'est d'ailleurs dans ce contexte que
je t'ai connu avant de travailler ensemble sous la houlette de l'Inspectrice
pédagogique régionale Marlène DESBORDES. Et c'est toi qui m'a sollicité pour
venir au Gymnase et c'est grâce à notre proximité que j'ai répondu positivement
Je ne t’ai pas connu comme enseignant. Mais, au risque de
brusquer ta modestie, j’ai été frappé par ce qui se passait lors des journées
portes ouvertes. Nous savions que lorsque tu étais présent sur le stand des
anciens élèves, la fréquentation était assurée. Non pour l’affichage de nos
informations, mais tes anciens élèves, ravis de te revoir, affluaient auprès de
toi.
[JCG]
Tu as été le magicien des "zetteler"-comme tu
disais, ces petits cartons de toutes les couleurs qui te servaient pour la
confection des emplois du temps dans ton bureau de Proviseur-adjoint qui
deviendra le mien lorsque tu as migré dans celui de Proviseur.
Durant cette
année de service, tu t’es attaché à écouter tous les personnels dans le but de
pacifier l'ambiance et de ramener la sérénité... Et je crois sincèrement que tu
y a réussi !
[JPP]
Effectivement, lorsque le Gymnase a traversé une période
plus délicate, au début de ce XXIème siècle, tu es celui qui a su maintenir le
cap, agit sans relâche pour préserver la cohérence de la communauté éducative.
Par ton intelligence de la situation et ton souci de l’intérêt collectif tu as
fortement contribué à la création du nouvel ensemble scolaire, acceptant
d’assumer la direction du Gymnase Jean Sturm en 2002-2003.
[JCG]
[JPP]
Par ailleurs tu as aussi accepté de présider le Foyer
Socio-Educatif de l’ensemble scolaire jusqu’en novembre 2010.
Ton dévouement t’a conduit à accepter, dans l’urgence, de
remplacer le directeur défaillant du Collège Cévenol au Chambon sur Lignon en
2008. Il fallait un courage certain.
Nous ne saurons dire assez combien tes conseils, ton
regard distancié et lucide, ton expérience et ton humour nous ont été précieux.
En toute discrétion, comme d’habitude.
Merci à toi,
Ralph, pour tout ce que tu as donné, avec une exigence constante et une
modestie peu fréquente. Nous associons ton épouse Frédérique à nos
remerciements : nous l’avons souvent privée de ta présence.
[JCG]
Tu fus notre ami .... même si nous nous étions un peu perdus
de vue (la vie des retraités n'est pas un long fleuve tranquille !!!), nous nous savons liés par une communauté de
valeurs et de vie .
Mais même si tu n'es
plus parmi nous aujourd'hui, ce lien n'est pas coupé !
[JPP]
Au revoir Ralph, tu resteras présent dans nos mémoires tant par ton esprit que ton regard sur notre monde.