Après une scolarité presque complète au Gymnase (11ème à la Terminale de 1973 à 1987) et une formation au CREPS, Bertrand Perret forge son métier au TC Lingolsheim, de 1991 à 2011. Il y lance Paul-Henri Mathieu. Après un tour par l’ISP Tennis Academy, de Sophia Antipolis, dans le sud de la France, il rejoint Moscou pour coacher un jeune espoir russe, Gregory Mamourin.
C’est le top départ de son tour du monde.
Depuis plus de dix ans, Bertrand Perret (54 ans), né à Strasbourg et citoyen de Bischheim, vit ce nomadisme de la petite balle jaune, rythmé par les
contrats qui se concluent et qui se rompent au gré des humeurs et des résultats du champion ou de la championne qu’il entraîne.Sur le circuit WTA qui quadrille la planète, beaucoup de joueuses ne
voyagent pas seules. Maman, papa, sœur, frère, époux, petit ami, agent, animal
de compagnie sont dans les parages. Et il y a l’entraîneur pour celles qui ont
les moyens de s’en payer un.
Il a travaillé aux côtés de joueuses pas, peu ou très connues. Il y a eu la
Mexicaine Renata Zarazua mais aussi et surtout la Chinoise Shuai Peng – dont la
carrière professionnelle a pris fin suite à ses accusations contre des
officiels chinois et leur écho mondial - et la Tunisienne Ons Jabeur, l’une des
grandes joueuses du moment sur le circuit WTA.
Fin janvier 2020, Jabeur met fin à leur collaboration. Deux mois plus
tard, la planète se confine et Bertrand Perret est à l’arrêt. Quand le tennis redémarre, l’Alsacien
doit éviter le pire : rester dans l’ombre. « Les gens peuvent
t’oublier facilement, il faut faire savoir que tu es disponible. »
En attendant, il fait des piges à gauche, à droite. Assiste une Chinoise
dont le coach est bloqué au pays, rejoint le Marocain Elliot Benchetrit puis
remet l’Allemande Tatjana Maria en selle après la naissance de sa deuxième
fille dont il est le parrain. Ces lignes s’ajoutent à son CV déjà bien garni et
ce sont sans doute elles qui lui ouvrent les portes d’une nouvelle expérience.
« En septembre (2021), Louis-Paul (le père et ex-coach de Caroline Garcia) m’a téléphoné », raconte-t-il. « On discute, on se connaissait, on a la même vision du jeu de “Caro’’ ». Quelques semaines plus tard, Perret devient le nouvel entraîneur de la Lyonnaise. Un joli coup du destin.
« Je pense que j’ai été choisi
parce qu’on était sur la même longueur d’ondes », avance le Bischheimois.
« Caroline est une attaquante, l’idée est de la remettre dans ce chemin.
On est synchro là-dessus. Là, elle revient de blessure, alors il faut
s’adapter. Quand sa direction de jeu sera retrouvée, les résultats
suivront. »
Son expérience lui permet d’être clairvoyant. Avoir parcouru la planète
tennis lui a donné une fine connaissance des mentalités et des cultures. Il
sait que les Chinoises sont des travailleuses forcenées, que les Russes sont
des combattantes dures au mal, que les Latines sont davantage dans les sensations
et dans l’affirmation de leur personnalité.
« Caroline a encore besoin de quelques jours »,
explique-t-il à
propos du retrait de sa protégée des IS. « C’est vrai qu’on arrive à
Roland-Garros sans repères. On verra bien… » On parie qu’avec Perret à son
chevet, Garcia ne tardera pas à refaire des étincelles.