samedi 5 avril 2025

Léa Weill (bac 2010), une monitrice de vélo sourde et engagée

 Léa Weill, sourde de naissance et implantée, a été championne d'Alsace de VTT de descente en 2013.

Aujourd'hui, elle enseigne le vélo et le VTT et milite pour la Langue Française parlée complétée (LFPC) pour une meilleure inclusion, pour une meilleure prise en charge des personnes sourdes, en défendant les techniques de lecture labiales plutôt que le « tout technologique ». Léa est également membre de l'ALPC (Association nationale pour la Langue française Parlée Complétée).

 Léa est appareillée depuis l’âge de 6 mois, sa surdité a progressivement évolué vers une surdité bilatérale profonde à l’âge adulte. Sa scolarité à Lucie Berger puis à Jean Sturm a été adaptée pour lui permettre de surmonter son handicap, à l’aide aussi d’équipements spécifiques, et la mener au baccalauréat TES en 2010. Son caractère bien trempé, son dynamisme et ses facilités relationnelles ont aussi été des atouts importants.

 A l’âge adulte Léa n’a pas eu d’autre choix que de se faire implanter du côté droit, conservant une appareil auditif à l’oreille gauche.  

L’implantation a eu lieu au CHU de Grenoble. Elle fut difficile et les complications se sont prolongées durant une période de huit mois, dont une moitié de la face temporairement paralysée côté droit. 

Voici la suite de son interview paru dans la revue "Audio Infos" de février 2025 n° 289

Tous nos encouragements l'accompagnent ! 


Sarah Kircher (bac TL 2001), femme dirigeante à l’honneur dans l’Illinois (USA)

 

Sarah a été distinguée par Women We Admire parmi les 50 meilleures femmes dirigeantes de l’Illinois pour 2025.

 

Voici ce qu’indique le commentaire qui accompagne cette distinction :

          

Sarah Kircher est une force motrice de la durabilité et de la décarbonisation chez Pactiv Evergreen, où elle occupe le poste de directrice de la durabilité. D'origine française, Kircher apporte une perspective mondiale unique et une énergie contagieuse à sa mission qui consiste à faire une différence tangible, une initiative impactante à la fois.

 Titulaire d'une maîtrise en politique publique de l'Université de Strasbourg (France) et d'un MBA de l'Université de Notre-Dame, Kircher allie la réflexion stratégique à une approche axée sur les résultats. Elle excelle dans l'élaboration et la mise en œuvre d'initiatives ESG et de développement durable qui ont un impact environnemental et social positif et qui apportent de la valeur aux parties prenantes. En conciliant la durabilité avec la croissance et la rentabilité, elle gère de manière experte les divulgations ESG (ndlr : chargé de développer les aspects de l'Environnement, du Social et de la Gouvernance) et se concentre sur l'efficacité opérationnelle.

 

Championne de la décarbonisation et de la circularité, elle dirige les objectifs ambitieux de Pactiv Evergreen en matière de réduction des émissions et d'emballage durable. 

Son leadership s'étend à des initiatives telles que le programme Give Back de l'entreprise, qui a obtenu une participation de 100 % des employés dès la première année. Forte de près de 20 ans d'expérience, elle a notamment été consultante en politique publique à Bruxelles et a acquis de l'expérience en matière de développement commercial et de gestion des catégories. Elle siège également au conseil d'administration du Midwest Sustainability Network.

 Résidant aujourd'hui à Chicago avec son mari, Kircher aime se rapprocher des gens, en particulier autour de repas partagés (ndlr : tradition alsacienne et familiale illkirchoise respectée !)

Sa passion pour le changement positif est présente dans tout ce qu'elle fait, et elle s'engage à construire un avenir meilleur.

 

Les Alumni du Gymnase félicitent vivement Sarah pour son parcours et cette belle distinction.

Jean-Yves Stephan (bac 2008) s’attaque à la transition énergétique.

 À 34 ans, Jean-Yves Stephan fait office de vieux briscard de l'entrepreneuriat. Cofondateur de Storio
Energy, il en est déjà à sa deuxième création d'entreprise. « Après avoir commencé ma carrière dans le logiciel aux États-Unis, j'ai monté et revendu Data Mechanics un groupe américain (NetApp, un poids lourd américain du traitement et du stockage des données, NDLR) », raconte-il sobrement. Estimant avoir eu « beaucoup de chance », il a décidé de se lancer sur des projets ayant « un impact favorable sur l'environnement».

Facture énergétique réduite

Avec ses associés, tous polytechniciens, Caroline Le Floch (ex-Tesla), Gautier Maigret (ex-EDF Renouvelables) et Julien Dumazert (cofondateur de data Mechanics), il a créé Storio Energy, une start-up spécialisée dans l'installation de batteries sur des sites industriels. 

La valeur ajoutée de cette jeune entreprise repose sur son logiciel destiné au pilotage des batteries « pendant quinze ans ». Le service s'adresse à des entreprises industrielles, en France. Couplées avec des panneaux solaires, les batteries apportent « une semi autonomie » au site équipé, tout en réduisant la facture énergétique.

« Il ne faut pas se comparer au prix du mégawattheure d'électricité sur le marché de gros, mais au prix TTC, avec le tarif d'utilisation du réseau public d'électricité (Turpe) », explique Jean-Yves Stephan. En effet, l'électricité autoconsommée échappe à cette taxe. 

Surtout Storio cherche à aller plus loin que le simple stockage du surplus de production d'une installation photovolataïque. « Nous opérons la batterie de manière optimale, en fonction de la consommation du site, de sa production et des autres éléments constitutifs du prix de l'électricité, comme l'effacement ». Les entreprises qui acceptent de baisser leur consommation, voire de l'arrêter, pour alléger le réseau sont rémunérées pour ce service. 

Levée de fonds de 5 millions d’euros

Ainsi, les batteries peuvent aussi être chargées la nuit, si l'électricité produite par le réseau est moins chère à ce moment, et l'utiliser dans la matinée, même si les panneaux solaires produisent à plein. «Moduler la consommation électrique avec des batteries, c'est plus efficace que de moduler des centrales nucléaires », estime en outre Jean-Yves Stephan. Un argument qui porte dans un environnement énergétique qui doit évoluer pour faire face à la part toujours plus importante des renouvelables dans la production, mais aussi, à une consommation plus volatile.

« La manière la plus efficace de se protéger de la hausse et de la forte volatilité des prix de l'électricité consiste à combiner panneaux solaires et stockage par batterie. La solution clefs en main développée par Storio, dopée à l'IA, est idéalement positionnée pour apporter ces bénéfices aux entreprises à travers l'Europe », salue Clea Kolster, PhD, Partner & Head of Science de Lowercarbon Capital.

 Le fonds d'investissement américain spécialisé dans les « climate tech » participe au tour de table que Storio vient de boucler. La start-up annonce en effet une levée de fonds de 5 millions d'euros, auprès de Lowercarbon Capital, le plus gros fond Climate Tech au monde, Bpifrance Digital Venture, qui offre un support et un réseau exceptionnel en France et des entrepreneurs chevronnés du secteur de l'énergie, dont les CEO de Greenly, Electra, Bump, Enspired, Elum Energy ainsi que l'incontournable first-check investor Kima Ventures.

 Extraits d’un article d’Elsa Bembaron pour le Figaro et d'un interview sur BFM Business

Néguine Motarjem Madani (bac 2017) du Gymnase à la Fashion Week d’Athènes en passant par le King’s College de Londres

 La Fashion Week d’Athènes se déroule du 2 au 7 avril 2025 et dédie un temps fort aux jeunes
créateurs. 

Cette année, Neguine Motarjem Madani, qui vient tout juste de lancer sa marque, Pearl of Me, fait partie des invités. À travers sa collection, elle défend sa vision de la mode comme outil d’épanouissement et d’affirmation pour les jeunes femmes.

 Depuis son bachelor’degree au King’s College en 2020, Néguine travaille dans l’analyse financière pour une société londonienne. 


Mais depuis un an, tout son temps libre est accaparé par la réalisation de son rêve : créer sa propre marque de vêtements, Pearl of Me. Elle est revenue à Strasbourg chez ses parents pour préparer son défilé athénien.

« Je lance à peine ma marque, et elle va déjà défiler dans une fashion week, je n’arrive toujours pas à y croire ! » sourit-elle rayonnante. Néguine est passionnée par la mode depuis longtemps: « Très jeune, dès que j’ai commencé à m’habiller seule, j’ai pris un vrai plaisir à concevoir mes tenues. C’est devenu pour moi une manière de m’affirmer et de m’épanouir dans la société. » Mais à l’aube de ses 25 ans, elle veut rêver plus grand. « J’ai toujours eu l’idée de lancer ma propre marque, mais je me disais que j’étais encore jeune, que j’avais le temps… Bref, je n’osais pas me lancer », se souvient-elle.

Le déclic

Le déclic, elle l’a grâce à sa petite sœur de 22 ans, Dorsa (Bac 2020 au Gymnase et en Master 2 de droit fiscal) . « Il y a un an, alors qu’on s’appelait pour discuter comme d’habitude, elle a commencé à me reparler de son rêve. Très terre à terre, je lui ai dit de prendre un carnet et un crayon, et de tout coucher sur papier. Une semaine après, elle me présentait son concept auquel j’ai tout de suite adhéré ! » raconte Dorsa.

Ainsi est né Pearl of Me , un jeu de mots avec Dorsa, qui signifie « perle » en persan, et l’expression « part of me », « une part de moi » en anglais. Dans les tenues de Neguine, on retrouve du satin, de la dentelle, des accessoires comme des gants et des écharpes. « J’aime l’idée de la femme fatale, qui montre qu’elle s’affirme et qu’elle a confiance en elle. »

Mais de l’idée à la réalisation, il a fallu faire face à plusieurs embûches. De la difficulté de trouver un fournisseur, à cette robe qu’elle a dû faire reprendre 16 fois, en passant par les retards de livraison. Heureusement, Néguine peut compter sur une fine équipe : « Ma petite sœur gère les questions juridiques, mon père m’accompagne à la Fashion Week, mes amis m’aident sur les réseaux, ma mère s’occupera des commandes… », énumère-t-elle, très reconnaissante. Sa première collection s’appelle d’ailleurs Collection A, car c’est sa cousine Alexandra qui a matérialisé toutes ses idées en croquis. « Elle sait beaucoup mieux dessiner que moi ! » précise la jeune créatrice.

Un premier défilé à la Fashion Week

Une fois ses premières tenues réalisées, elle a misé sur un shooting et un clip professionnel afin de
promouvoir Pearl of Me sur les réseaux sociaux. « J’ai pris mes économies et j’ai investi 20 000 euros pour me lancer », chiffre-t-elle. Une stratégie qui s’est révélée gagnante, puisque ses vidéos ont commencé à devenir virales, notamment en Grèce.

C’est par ce biais qu’elle est repérée par un membre de la Fashion Week d’Athènes qui lui propose de faire partie des sept jeunes créateurs mis en lumière cette année.

« Le site de vente de ma marque vient d‘être lancé le 30 mars, et me voilà en train de préparer un défilé qui aura lieu jeudi 3 avril. C’est extrêmement intense, mais aussi très épanouissant ! » Néguine présentera huit looks pendant un show de 20 minutes qui sera notamment retransmis à la télévision grecque et sur YouTube.

 Suivre l’actualité de Pearl of Me sur pearlofme.com et sur les réseaux sociaux.

Tous les voeux des Alumni accompagnent Néguine dans ses projets. 

jeudi 16 janvier 2025

Anne Wachsmann (bac 1985) présidente du Palais de Tokyo



Anne Waschsmann-Guigon va présider le conseil d’administration du Palais de Tokyo pour un mandat de trois ans renouvelable. 

Avocate d’affaire spécialisée en droit de la concurrence, elle était présidente du CEAAC (Centre européen d’actions artistiques contemporaines) à Strasbourg récemment labellisé CACIN (Centre d’art contemporain d’intérêt national) en juillet 2024.

Ancienne élève du Gymnase, Anne Waschsmann-Guigon est diplômée de la Faculté de droit de Strasbourg et du Collège d’Europe à Bruges. Elle mène une carrière d’avocate et elle est depuis longtemps engagée dans le domaine artistique créant en 2015 une fondation d’entreprise au sein de Linklaters qui soutient des actions d’éducation aux arts plastiques pour les publics défavorisés.



Vivant entre Paris et Barcelone, où son mari Emmanuel Guigon dirige le Musée Picasso, Anne Waschsmann-Guigon est aussi une collectionneuse d’art contemporain et de photographie et une autrice : elle a publié Ces excellents Français, une famille juive sous l’Occupation en 2020 qui retrace l’histoire de sa famille alsacienne pendant la Seconde Guerre mondiale.


La nouvelle présidente devra « accompagner le Palais de Tokyo dans la continuité de ses missions de service public mais aussi dans les transformations initiées pour en faire un centre d’art contemporain écologique, engagé sur les questions de société et en faveur de l’inclusion », a déclaré Guillaume Désanges le président du Palais de Tokyo, dans un communiqué.


Anne Waschsmann-Guigon succède à Laurent Dumas qui prend la présidence du conseil d’administration des Beaux-Arts de Paris, après deux mandats à la tête de celui du Palais de Tokyo.

 

mercredi 15 janvier 2025

Romain Bourdeaux (bac 2018) une trajectoire scientifique impliquée dans les rouages de Jeux Olympiques réussis.

Mes années au Gymnase ont été des années propices à l'éveil et à la stimulation intellectuelle. De par les projets auxquels j'ai pris part (scolaires comme extrascolaires), que par les gens que j'y ai rencontrés (élèves comme professeurs -dont la passion de certains constituait une réelle source d'inspiration et a attisé ma curiosité sur de nombreux sujets) ; les conditions étaient réunies pour me permettre de m'exprimer en tant qu'individu au sein du groupe. D'imaginer, concevoir, exprimer et donner vie à n'importe quelle idée, tant qu'elle satisfait à la mission qui nous est confiée. De partir du postulat que rien n'est impossible tant que l'on se donne les moyens de le rendre réalisable.

Cet état d'esprit m'a assurément aidé au cours de mes études, ainsi que pour me démarquer afin d'entrer aux Jeux Olympiques. L'objectif étant de montrer que je pouvais contribuer à la réussite du plus grand événement du monde, de manière très singulière et collective à la fois, convaincu de la force de notre diversité d'éducation, de culture et de façon de penser.

 Après le Gymnase, je suis allé en CPGE à Paris : MPSI au Lycée Fénélon (Paris 06), puis PSI* au Lycée Jacques Decour (Paris 08). Après les concours, j'ai intégré la grande école d'ingénieurs de l'ESIEE Paris, dont je suis désormais diplômé depuis juin 2023 comme Ingénieur Généraliste spécialisé en Data Science et Intelligence Artificielle. J'ai eu l'occasion de réaliser plusieurs stages en tant que Data Scientist (SAUR), Business Data Analyst (Liberkeys) et Data Analyst (Paris 2024). J'ai également réalisé un Erasmus à l'Université Polytechnique de Catalogne à Barcelone durant le 2nd semestre 2022. Enfin, je viens en septembre 2024 de terminer mon premier CDD en tant que salarié au sein du Comité d'Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO) de Paris 2024, où je suis revenu en tant que Chargé de Mission IT au transport des Accrédités après mon stage là-bas.

Mon domaine professionnel est en pleine mouvance, car il concerne des éléments en pleine explosion et en pleine démocratisation, comme l'IA et la data. Le grand public commence de plus en plus à s'y intéresser, à s'en méfier, à tenter de se l'approprier. Alors, dans un univers où toute tentative fait de nous des pionniers, il est excitant de concevoir chaque nouveau projet ou programme comme un défi dont il convient de s'assurer de la légitimité et de la conformité au vu des lois et de l'éthique qui commence à se développer autour. Il s'agit d'avancer en terrain inconnu, avec quelques certitudes et beaucoup de variables. Alors, prise de recul et remise en question sont de mise pour être en mesure de ne jamais perdre de vue le pourquoi on fait ce que l'on fait.

Quels conseils donner ?

Avoir fait sa scolarité au Gymnase prodigue une rigueur et une organisation certaine, qui seront les alliées d'une vie, tant sur le plan professionnel que personnel. On s'habitue également à une forme d'exigence, dans le travail, l'attitude et la spontanéité synaptique et intellectuelle. De ce fait, là où beaucoup redoutent les CPGE, ce furent deux belles années en ce qui me concerne. En effet, je connaissais les attendus et l'exigence associée ; il me "suffisait" de me reprogrammer un cadre afin d'avancer sereinement durant ces 2 ans... le cadre dont j'avais l'habitude au Gymnase.

Ainsi, je conseillerais de ne jamais perdre ce qui a fait que nous sommes entrés au Gymnase : à savoir, notre désir ardent d'étendre nos connaissances, de stimuler nos esprits féconds, de satisfaire notre curiosité. Dans un monde de plus en plus robotisé et automatisé, le hasard et la spontanéité sont de plus en plus limités ; alors, à l'instar d'une mutation génétique aléatoire qui fait la richesse de notre génome, ne nous contentons jamais de "simplement" devenir des copies de nous-mêmes. Tout le monde peut contribuer, chacun à sa manière. Be the game changer

Il convient alors d'être capable de s'adapter aux nombreux changements, que ce soit en termes de technologies, mentalités ou gouvernances. Ne jamais céder à la tentation de croire une doxa sans la remettre en cause, la challenger, l'investiguer. Chérir ce qui fait que notre espèce est sur Terre depuis si longtemps, à savoir notre formidable capacité à nous dépasser, à nous allier quand il le faut et réaliser de grandes choses ensemble. Comme le disait Antoine de St-Exupéry, "ce n'est pas dans l'objet que réside le sens des choses, mais dans la démarche". Ayons toujours cette envie ardente d'entreprendre, de concevoir et de créer ; tout en croyant fièrement en l'humain afin de récolter ensemble les pétales des fleurs que nous aurons semées.

Alors, le danger serait de se replier sur soi-même, fuyant Aristote alors même qu'il nous dit que "l'homme est un animal social". Ce repli n'induirait que la peur et la haine de l'autre, et ne saurait être à l'origine que de relations délétères et superflues, détruisant au passage toute tentative de transformation pérenne de notre société.

Mon aventure aux Jeux est tout d'abord partie d'une envie profonde de prendre part au plus grand événement du monde, ayant lieu qui plus est dans notre pays. J'ai alors postulé dans mon domaine d'étude, donc au poste de "data analyst stagiaire". J'ai eu l'honneur et la chance d'être rappelé, de passer des entretiens et d'être sélectionné pour rejoindre cette grande aventure dans la direction DIG (Digital). Ainsi, durant 6 mois, j'ai assisté toutes les directions de Paris 2024 (transport, billetterie, engagement, héritage, exécutif, ...) à l'aide de dashboards récapitulant les enjeux et chiffres clés de telle ou telle action, afin de basculer pour la première fois dans l'histoire des Jeux en mode data driven. En d'autres termes, l'idée était désormais d'optimiser toutes nos ressources et nos actions avec la data, afin de les cibler et d'ainsi en améliorer l'efficacité.

Deux exemples me permettent de mettre en valeur cette expérience : tout d'abord, le ciblage de l'intérêt pour certaines disciplines des Jeux des supporters existants dans notre base de données nous a permis de les fédérer et de les tenir en haleine jusqu'aux Jeux ; l'objectif n'était pas tant que choisir beaucoup de personnes, mais plutôt de choisir des personnes pertinentes. Par ailleurs, mon autre exemple concerne le Main Operations Center -là où l'exécutif est pour prendre toutes les grandes décisions-, pour lequel j'ai eu l'idée de créer un tableau de suivi des sessions en temps réel des Jeux, qui permettait à chaque instant t de savoir combien de sessions étaient en cours, où elles avaient lieu, combien de spectateurs étaient présents, combien de lignes de métro éventuelles étaient associées, etc... Ainsi, on savait en tout temps et en tout lieu où les activités étaient concentrées et quels indicateurs clés y étaient associés.

Puis, à la fin de mon stage, j'ai basculé dans la direction TRA (Transport) en tant que Chargé de mission IT au Transport des Accrédités. Mon rôle consistait à coordonner la bonne mise à disposition d'applications et plus généralement d'outils digitaux performants pour organiser et faciliter le transport des accrédités des Jeux. Ainsi, nous avons développé avec nos prestataires une application de navigation routière "version Paris 2024" ; également, des écrans d'information voyageur indiquant les quais des bus qu'ils devaient prendre, etc.

Un des grands défis durant le Games Time (ie : durant les Jeux) a été de savoir s'adapter aux nouveaux besoins remontés par les usagers, pour garantir de la performance et de la cohérence dans nos outils. Nous avons alors été amenés à naviguer dans Paris afin de tester le GPS que nous avions créé, afin d'infirmer ou valider son comportement vis-à-vis des routes fermées, des voies olympiques et des aires de stationnement sur les sites olympiques.

En somme, cette double expérience fut extraordinaire, et je mesure la chance que j'ai eue d'en faire partie. C'était un environnement challengeant, qui autorisait chacun à proposer ses idées et à les défendre. L'envie de faire, ou plutôt l'envie de bien faire prédominait ; la proactivité et l'inventivité des équipes a été sans précédent. Nous avons réussi notre pari, tous ensemble (malgré parfois les conditions météo ). 

Nous avons ouvert grand les Jeux. Au sortir de Paris 2024, c'est la fierté qui prédomine ; la fierté d'avoir donné du bonheur à tous les Français et au monde entier, et la fierté d'avoir contribué à la réussite de cet événement planétaire, dont nous gageons que l'héritage en termes d'inclusion et d'accessibilité saura transformer nos sociétés de manière pérenne.



mardi 19 novembre 2024

Mathieu (Bac 1998) et Antoine Rolin (Bac 2010) têtes d’affiche du cinéma d’animation avec Amopix


Le premier film d’animation de Michel Hazanavicius, La plus précieuse des marchandises, a été fabriqué en partie par Amopix à Strasbourg. Le studio créé par Mathieu Rolin il y a plus de vingt ans, puis rejoint par son frère Antoine,  un studio qui n’en finit plus de grandir.

Le studio Amopix aime à dire que ses dessinateurs travaillent à l’ombre de la cathédrale de Strasbourg. Les nombreux visiteurs parisiens, producteurs, réalisateurs, auteurs, de fait n’en reviennent pas : à la descente du TGV, il suffit de cheminer 10 minutes pour rejoindre les bureaux qui offrent depuis 2016 une vue imprenable sur l’inspirante façade gothique.

15 salariés permanents

Signe de sa bonne santé, Amopix est passé de 120 m à 200 m2 en investissant appartements et immeubles contigus. Depuis août, une équipe de 45 personne peut y travailler, entre la quinzaine de permanents et les fidèles talents qui collaborent avec eux.

« Ça peut paraître beaucoup mais on a veillé à l’ergonomie des postes, l’assise, la lumière. Déjà qu’on fait un beau métier, il faut aussi être bien installé, ça me tient à cœur », glisse Mathieu Rolin, producteur artistique et heureux gérant de la boîte qu’il a créée à tout juste 21 ans, en 2002, après son retour des Etats-Unis où il était parti étudier le cinéma.

Ancrage local

Une succursale avec 6 personnes a par ailleurs ouvert à Annecy en mars dernier, fief du fameux
Festival du film d’animation. Amopix ne songe pas pour autant à quitter l’Alsace : son développement doit aussi à un écosystème local favorable. Le soutien des collectivités, l’Eurométropole et la Région Grand Est, est essentiel à la bonne santé des projets. Dans un secteur très largement mondialisé, l’équipe soigne son ancrage local. Cela passe par le recrutement de collaborateurs de la région, notamment issus des rangs de la Haute école des arts du Rhin. La série Les superpouvoirs du vivant a ainsi été réalisée intégralement sur place. Le financement des collectivités, déterminant, a permis à Amopix, pour 1 euro donné, d’en « dépenser » 8 localement. La série éducative, au ton mi-sérieux, mi-humoristique, actuellement visible au Vaisseau, à Strasbourg, connaît un joli succès. Vendue dans le monde entier, jusqu’en Chine, elle va même faire l’objet cette saison de plusieurs ciné-concerts dans le Grand Est avec le détonant No Limit Orchestra, lui aussi Strasbourgeois.

Une fratrie aux commandes

Dans l’ADN d’Amopix, l’animation 2D, la création visuelle et le compositing. Cette toute dernière tâche, avant le montage final et l’étalonnage d’un film, consiste à regrouper toutes les parties qui constituent un plan afin qu’il soit le plus beau possible.

En 22 ans, la société a largement diversifié ses activités. Mathieu Rolin coiffe le Studio Amopix, dédié à l’animation. Antoine Rolin, frère de Mathieu, gère Amopix Lab, tourné vers la communication, avec possiblement des images réelles - parmi ses clients, les Musées de Strasbourg, la Bibliothèque nationale de France ou encore l’Inserm. Nouveauté de cette année, « ça tourne au son », qui fait de la post-production son, porté par Kinane Moualla. « Il y a maintenant trois sociétés, trois chefs de poste, trois départements juridiquement séparés dont la singularité est d’être en plein centre de Strasbourg », résume Mathieu Rolin.

Des films primés

Hasard du calendrier, trois sorties importantes se succèdent actuellement au cinéma. Les deux premiers films ont été sélectionnés au dernier Festival de Cannes. Pour Angelo dans la forêt mystérieuse, de Vincent Paronnaud (co-créateur de Persépolis avec Marjane Satrapi), sur les écrans depuis le 23 octobre, ils ont participé à la stratégie financière ainsi qu’au compositing et à un peu de 3D.

Pour La plus précieuse des marchandises, de Michel Hazanavicius, à voir dès le 20 novembre, ils ont fait de l’animation et de l’assistanat d’animation.

Du savoir-faire alsacien disséminé

En ce qui concerne Le   Grand Noël des animaux,  à venir le 27 novembre (avec une avant-première le 24 novembre à 10 h 30 au Cinéma Star de Strasbourg), ils ont accompagné la réalisatrice Caroline Attia sur toutes les phases de production de l’un des cinq épisodes, du story-board à la livraison du film.

Sans qu’on le mesure toujours, il y a donc aux génériques de tous ces films, un peu voire beaucoup du savoir-faire et de l’excellence de la région.

 Extrait des DNA du 16 novembre 2024 - par Myriam Ait-Sidhoum

Pour en savoir plus:

https://amopix.com/


Jérôme (bac 1999) et Edouard (bac 2003) Sauer transforment KS groupe

 

KS groupe est une société familiale indépendante, fondée à Strasbourg en 1958. Entreprise de Taille Intermédiaire (ETI) de 340 salariés, elle est parvenue au fil des ans à devenir un groupe fort et multidisciplinaire, tout en préservant sa dimension artisanale. À travers ses 11 entités distinctes, KS groupe maîtrise l’ensemble des métiers du bâtiment, de la conception du projet jusqu’à la promotion immobilière.

 Jérôme (bac 1999) et Edouard (bac 2003) Sauer, Directeurs Généraux ont pris la décision de faire évoluer KS groupe en suivant un modèle de gouvernance qui place l’intérêt général au cœur de sa mission.

Voici ce qu’ils en disent: nous allons transférer progressivement nos parts de l’entreprise au Fonds de Dotation KS groupe, pour qu’il en devienne l’actionnaire principal et pérennise non seulement son activité mais aussi son impact positif sur la société.

 Il n’est aujourd’hui adopté que par une poignée d’entreprises en France, pourtant ce type de gouvernance nous paraît être une réponse directe aux réalités auxquelles notre société et notre secteur d’activité doivent faire face. Crise climatique, drame écologique, effondrement de la vie sur terre, délitement social, nous vivons une véritable catastrophe civilisationnelle. Il nous faut absolument réinventer nos modèles pour répondre à ces défis. Ces combats sont indissociables et nous devons être à la hauteur de ce qui s’impose à nous.

En consacrant nos ressources à des initiatives philanthropiques, notamment en faveur de l’inclusion sociale et la protection de l’environnement, nous concrétisons notre vision d’une entreprise au service de tous.

 Cette nouvelle étape pour KS groupe est un acte d’engagement qui incarne notre conviction profonde : il est possible et nécessaire de faire converger le développement économique avec les valeurs humanistes qui nous animent. Et nous espérons inspirer d’autres organisations dans cette voie, afin de continuer à faire bouger les lignes non seulement de notre secteur, mais plus largement de notre société.

 Les deux frères sont aussi très impliqués dans le Fonds de dotation KS groupe, créé en 2021. Il a pour objet de soutenir des projets d’intérêt général qui se rapportent à 2 axes :

• L’inclusion (des personnes en situation de handicap et des personnes handicapées ou non en situation de précarité, l’accès à un logement et l’insertion professionnelle)
• La défense de l’environnement

Le fonds de dotation lance tous les ans un ou plusieurs appel à projet pour soutenir des associations qui oeuvrent dans un des deux axes soutenus.

 Les dirigeants de KS Groupe sont aussi à l’origine de l’association Autonome Ensemble, une association de droit local à but non lucratif et d’intérêt général.

Créée en 2020, elle développe l’habitat inclusif visant à améliorer la qualité de vie des adultes handicapés, notamment ceux avec troubles du spectre de l’autisme.

 Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est une condition qui affecte la manière dont les personnes communiquent, interagissent et perçoivent le monde. Pour aider les adultes autistes à vivre de manière plus sereine, notre association met notamment en place un projet d’habitat inclusif. Notre objectif est de créer un espace où ils se sentent compris, accompagnés et inclus de sorte à ce qu’ils puissent s’épanouir pleinement dans leur quotidien.

C’est ainsi qu’a été ouvert il y a un an à Strasbourg le premier lieu d’habitat inclusif pour personnes adultes avec des troubles autistiques : La Cordée.


Dernièrement, Jérôme et Edouard sont intervenus comme mécènes pour permettre l’implantation d’un Café Joyeux à Strasbourg au 42, Grand’ Rue.

Ce lieu singulier est l'un des projets les plus inspirants qu'il soit en matière d'inclusion professionnelle, en particulier à destination des personnes en situation de handicap mental et cognitif. Et c'est d'autant plus exceptionnel qu'il s'agit d'emplois dits en milieu ordinaire, ce qui est encore trop peu courant (0,5% seulement des personnes en situation de handicap mental sont concernées).


 Pour en savoir plus :

https://ksgroupe.fr/notre-histoire/

 

Féris Barkat (bac 2020) , le Strasbourgeois qui met l'écologie au cœur des banlieues


 Originaire des quartiers strasbourgeois, Féris Barkat, militant pour le climat, est devenu en quelques mois une figure médiatique des enjeux climatiques en banlieue. Entre l’Alsace et Paris, il enchaîne réunions, plateaux TV, et travail pour Banlieues Climat, l’association qu’il a cofondée.

 Difficile de suivre le rythme de Féris Barkat, une pile électrique chargée à bloc… et pressé par le changement climatique. S’il court après le temps à seulement 22 ans, c’est qu’il a pris conscience de l’urgence climatique et que le sujet le ronge de façon intime : « J’ai eu le déclic en 2022, quand ma mère a été diagnostiquée d’une tumeur cérébrale. » Le jeune Strasbourgeois stoppe ses études à la prestigieuse London School of Economics pour s’occuper d’elle. « Je prends conscience de l’exposition à la pollution dans les quartiers car elle vivait à l’Elsau [un quartier de Strasbourg longé par l’autoroute, N.D.L.R.]. Les corrélations ne sont pas démontrables, mais l’exposition aux particules fines, aux problèmes d’alimentation, ça joue. » Bâtiments vieillissants et parfois mal isolés, pollution issue des grandes routes périphériques, précarité alimentaire : les quartiers de Strasbourg et d’ailleurs sont souvent les oubliés de la politique environnementale de la Ville. « C’est souvent les habitants de banlieues et des quartiers populaires qui sont en première ligne des problèmes environnementaux », observe Corentin Souci, un proche de Féris.

 Soutien parisien et européen

La population qui y vit est mal informée, remarque aussi Aymen Hamidi, habitant de Hautepierre et formateur à Banlieues Climat : « Le fait de ne pas savoir, c’est problématique. À Hautepierre, quand je parle écologie, on me répond ramassage des déchets, etc. Mais j’explique aux gens que c’est bien plus que cela, c’est un enjeu global, qui concerne les industries, les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation des ressources naturelles, et bien plus encore. »

Un constat qui se concrétise par la création de Banlieues Climat, fondée par Féris avec notamment le rappeur parisien Sefyu en 2022. Très vite, le jeune Alsacien attire l’attention sur les réseaux sociaux. Blagueur, charmeur, intellectuellement brillant… il devient rapidement la coqueluche des médias, le représentant idéal du sujet climatique dans les banlieues, capable de mobiliser des contingents d’amis et d’acteurs institutionnels. Le projet est rapidement soutenu par la Ville de Paris, la Fondation de France et l’European Climate Foundation. Aujourd’hui, il consacre 100 % de son temps à Banlieues Climat dont il est salarié, partageant sa vie entre Paris et Strasbourg.

L’association met sur pied des formations de « sept à huit heures », sensibilisant des centaines de jeunes en France dans « une vingtaine de villes ». Le jeune homme a convaincu la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, d’en faire autant. « Strasbourg était la ville où on a formé le plus de monde, toujours gratuitement, mais sans subvention », grince-t-il. Depuis, la municipalité a ouvert le portefeuille pour une collaboration.

 Tir au but avec Hollande

À Strasbourg, Banlieues Climat compte une dizaine de référents-formateurs, une quinzaine à Paris. À Mulhouse, le projet trouve également de l’écho. « Notre force c’est l’expertise scientifique : on s’est formé au ministère de la Transition écologique. […] Le projet maintenant c’est d’ouvrir une école de formation diplômante, de niveau bac +2 à +3. On va récupérer les locaux d’une école à Saint-Ouen pour expérimenter. » Elle doit être inaugurée le 12 octobre.

 Pour faire connaître son action, il multiplie les coups de force médiatiques. L’automne dernier, il

convainc François Hollande de venir à Koenigshoffen, où il a grandi, pour décrocher une subvention de la fondation « La France s’engage », dont s’occupe l’ancien président. L’ancien chef de l’État viendra shooter dans un ballon sur le terrain de foot du quartier , offrant une image parfaite aux médias qui immortalisent la scène. Le journal Les Échos lui décerne le titre de leader positif de l’année. « Là, je gère des journalistes qui harcèlent tout le monde pour me parler ! », s’amuse-t-il à l’arrière de la Twingo qui le conduit à travers Strasbourg pour son prochain rendez-vous. On ne compte plus les articles et reportages à son sujet. « Je suis très fatigué par tout cet emballement. Je dis souvent en rigolant que, dans deux ans, je prends ma retraite ! »

Pressé entre les détails d’un voyage à organiser et une réunion pour trouver des locaux, il détaille sa vision à vitesse grand V : « Mon but n’est pas de sauver le monde. C’est de permettre de rêver et de créer de l’espoir dans les banlieues et les quartiers populaires. » L’écologie devient pour l’association un levier vers « l’émancipation » des habitants : « L‘émancipation, c’est quand Aymen forme des députés à l’Assemblée nationale sur les questions écologiques. C’est montrer que nous aussi on maîtrise ces sujets. » Une revanche personnelle : « J’ai une histoire très forte avec mon grand-père qui s’est battu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le 3 régiment de tirailleurs algériens. J’ai le sentiment qu’il y a quelque chose qui nous est dû et qu’on a un manque de reconnaissance. C’est pour ça que j’ai conscientisé les inégalités très tôt. »

 À Hautepierre, quand je parle écologie, on me répond ramassage des déchets, etc. Mais j’explique aux gens que c’est bien plus que cela, c’est un enjeu global…

Lui-même se voit comme un rescapé : « A l’école, j’avais de bonnes notes, mais ce qui m’intéressait c’était de sortir avec mes potes. C’est une prof au collège qui m’a sorti de fréquentations problématiques et m’a permis d’intégrer “Sturm”. J’avais un prof de philo au lycée, Reza Moghaddassi, qui m’a passionné. J’ai développé une conscience sociale, j’organisais des rencontres avec des députés et des ouvriers. »

Un goût pour le débat assorti d’un charisme naturel : il serre les paluches, sourit, a un petit mot pour chacun. On a presque l’impression de suivre la campagne électorale d’un futur candidat… même s’il se défend de nourrir une telle ambition. « La politique ? Ça ne m’intéresse pas du tout », jure-t-il, se défiant de tout engagement partisan.

Pourtant, lors des législatives de juin, le jeune homme prend la parole publiquement. S’il remarque que dans les quartiers, « les gens n’en ont rien à foutre de voter », comme il le dit à Libération , le jeune homme déplore les tentatives de récupération du vote des banlieues. « La gauche appelle la banlieue à la rescousse [face au RN, N.D.L.R.] mais nous demander de sauver une société dont on a été exclu, ce n’est pas possible », tance-t-il sur le plateau de C ce Soir sur France 5.

Ce qui ne l’empêche pas, fin juin, de faire projeter une fresque géante de l’artiste Artemile sur la façade de l’Assemblée nationale, qui représente les luttes des générations d’immigrés pour leurs droits. « La lutte ne s’essoufflera jamais », lance-t-il à « l’extrême droite aux portes du pouvoir ».

Depuis les législatives, le jeune homme assume désormais une forme d’engagement public : avec 200 000 personnes qui le suivent sur TikTok et X, « je n’ai plus trop le choix ! ».

 Il s’infiltre au Palais de Tokyo

Son autre cheval de bataille, celui de diffuser l’art dans les milieux plus éloignés. Fin janvier, il investit des locaux du quartier de l’Elsau pour organiser une exposition sauvage d’art pour « faire venir le musée là où il n’est pas ».

Il remet le couvert quelques mois plus tard et organise un happening au Palais de Tokyo à Paris. « Avec la complicité du directeur, on est entrés en pleine nuit pour y déposer une toile de l’artiste Artemile : “Pour la culture, pour le futur”. Ce qui était un symbole très fort. » L’infiltration fait le buzz sur les réseaux sociaux. Et séduit en haut lieu : « Le Palais de Tokyo m’a proposé d’intégrer le conseil d’administration de son fonds de dotation. Ça va me permettre de flécher les futurs investissements, voir comment on peut soutenir de nouvelles expos et des projets hors les murs. […] Il y a une autocensure dans les banlieues, les gens se disent : les musées, c’est pas pour nous. Mais si le beau est accaparé par une classe sociale, les autres sont privées d’une esthétique. » Faire bouger les lignes, vite et dans l’urgence, le mode d’action d’une jeunesse qui ne veut plus regarder ailleurs.

 Quelques dates

  • 2002 : naissance à Strasbourg
  • Décembre 2022 : création de l’association Banlieues Climat
  • Octobre 2024 : ouverture d’une école à Saint-Ouen

 Extrait des DNA du 29 septembre 2024 par Florent Potier

Pour en savoir plus:

https://bonpote.com/feris-barkat-on-parle-a-ceux-qui-ne-se-retrouvent-pas-dans-le-discours-embourgeoise-de-lecologie/

Et au Gymnase... 

Laure Birckel, Florence Malhamé et Hélène Vonesch, professeurs du Gymnase engagées dans le projet « Vert l’Europe » ont invité Féris Barkat et son équipe à animer un atelier sur le théme.

Voici son retour :

- On a fini la journée de l'atelier rincées mais bien contentes que BANLIEUES CLIMAT ait décentré, parfois bousculé un peu nos élèves, et leur ait surtout transmis une énergie incroyable.
- Nous aussi (en tout cas moi) avons été un peu "bousculées" par nos trois formateurs : j'ai pris un (petit) coup de vieux, mais voir d'autres démarches et d'autres postures, ça fait du bien !
- Banlieues Climat nous associe au montage d'un concours d'éloquence Banlieues Climat x Vert l'Europe : on a hâte ! Et même si c'est encore du travail, ça vaut le coup.
- Les élèves ont de réelles attentes par rapport à la justice climatique et surtout veulent créer des solutions
- mais surtout c'est toujours émerveillant de laisser les initiatives émerger et de voir à quel point les élèves (et en fait tout le monde) ont des idées originales, stimulantes et tellement d'envies ! Il faut faire confiance et offrir des espaces d'engagement.

De prochaines étapes sont prévues :
 - la venue de Lucie Pélissier pour une série d'ateliers consacrés à la médiatisation du projet et à la construction d'un documentaire.
- une conférence au Lieu D'Europe intitulée "Comment par du climat ?"
- la finalisation du voyage, pour lequel nous avons de supers coups de pouce.