J’ai toujours eu le sentiment d’y être en
famille, comme dans un cocon chaleureux où l’humanisme prend tout son sens. Mais
l’humanisme comme Erasme l’entend : un enseignement qui soit un mélange de
connaissances, de compétences, mais aussi de valeurs et de manière d’être. J’ai
découvert au Gymnase le goût de l’exigence, parfois de l’excellence sans que
cela ne devienne de l’élitisme, mais aussi l’apprentissage de l’esprit
critique : une éducation donc, bien plus qu’une simple formation (je
faisais d’ailleurs partie du groupe d’élèves qui avaient peint aux côtés de
Sauveur Pascual la citation de Comenius « L’éducation est la voie royale
pour faire naître une humanité meilleure » dans le hall d’entrée). C’est
cette exigence de pensée (ne jamais rien tenir pour acquis), cette possibilité
de faire des choses en plus – sans que cela ne soit jamais pour une note ou
pour des examens – qui m’a construite. Il ne s’agissait de ne surtout pas être
spécialiste de quoi que ce soit, mais bien de garder un esprit ouvert et une
vision globale (c’est aussi pour cela que mes études ont toujours été formées
de deux parcours en parallèle). Ces valeurs m'ont soutenue et guidée, après le
baccalauréat, dans le supérieur et dans la vie active
En sixième, j’ai eu la chance d’être
encouragée par Mme Léonardis : elle m’a donné le goût de l’écriture. Je me
souviens de ma première rédaction pour laquelle j’avais passé des soirées à
reprendre indéfiniment certains passages ! Par la suite, elle m’a donné
des exercices pour travailler l’élaboration de l’énigme, du dénouement etc.
C’est quelqu’un qui enseignait avec beaucoup de passion – je me souviens
qu’elle nous avait fait étudier Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
(Ndr. : d’Éric-Emmanuel Schmitt), avec le recul, je réalise le défi
pédagogique que cela avait dû être !
Je profite de cet entretien pour
remercier l'ensemble des enseignants du Gymnase, pour leur engagement, leur
persévérance et leur passion communicative !
En créant l’Ecole de la parole (https://www.ecoledelaparole.com/), j’ai eu envie d’accompagner la prise de parole sous toutes ses formes coacher des dirigeants, aider à prendre confiance en soi, proposer de l’analyse rhétorique, travailler sur la structuration d’un discours, la négociation etc. J’en avais assez de ne penser qu’avocats ou politiques lorsque l’on parle d’éloquence. Il y aussi une éloquence des professeur.e.s, des managers, des commerciaux… c’est un exercice beaucoup plus utile et quotidien qu’on ne le pense !
Il illustre aussi pour moi cet esprit critique que le Gymnase cherche à transmettre : c’est dans cette optique que je ne me ferme aucune porte ; j’explore le coaching en prise de parole pour hauts potentiels, pour les lycéens qui préparent le Grand Oral, pour les dirigeants qui veulent travailler sur leur posture professionnelle, que j’organise des concours d’éloquence etc. Je me lance aujourd’hui dans le purpose consulting ; il s’agit de bousculer le paradigme qui pousse les entreprises à faire seulement du profit et à poser la question du sens comme toute aussi importante. Pour moi, il s’agit de donner une boussole à l’entreprise.
Quelques conseils à donner aux jeunes lycéen.ne.s actuel.le.s ?
« Quiconque n'est pas révolutionnaire à seize ans, n'a plus à trente ans assez d'énergie pour faire un capitaine de pompiers » : la citation est d'André Maurois, que premièrement je vous encourage bien sûr à lire, et deuxièmement à écouter. Ne vous excusez jamais pour vos opinions ! Au contraire : approfondissez-les, cherchez ce qui vous motive, ce qui vous pousse à vous lever le matin - le goût de l'aventure ? La soif d'apprendre ? L'envie de retrouver vos amis ? D'en faire de nouveaux ? Cette raison-là, ce moteur, n'appartient qu'à vous. Faites-en votre boussole pour les études, et pour votre vie future, qui ne se résume heureusement pas à la case que vous cocherez sur Parcoursup !
Et si vous hésitez encore, retournez aux classiques : Rabelais, Molière, Voltaire, Rostand, Gary, Maurois en savent peut-être plus sur votre avenir que vous-même, pour l'instant !
Interview réalisée par Mathilde Bour-Edy (élève de 1ère au Gymnase)