Confiné à Climbach, dans les Vosges du Nord, l’ancien arbitre
international Robert Wurtz n’a pas vu changer son quotidien d’un iota depuis le
début de la crise sanitaire.
« J’aurai toujours l’âge de mes
artères »
« Attention, je sors tout juste de table, j’espère que je ne vais pas
dire de bêtises », annonce l’homme aux 450 matches en Division 1, confiné
chez lui, à Climbach. Il n’a d’ailleurs pas été nécessaire de le lancer sur le
sujet du coronavirus : tout reclus qu’il est au milieu de la forêt, Robert
Wurtz sait l’essentiel de ce qui se passe dans le monde.
« Mais, très égoïstement, ça ne me dérange absolument pas de rester
chez moi à tourner autour de la maison, assure le Strasbourgeois de 78 ans.
J’ai toujours quelque chose à faire dans le jardin, le confinement ne change
pas grand-chose. Moi, je suis en quarantaine toute l’année. En 2021, j’aurai
même la double quarantaine ! Tant qu’on se sent jeune, on n’est pas
vieux. »
Diplômé d’un doctorat de physique-chimie en biologie macromoléculaire,
Robert Wurtz se gardera bien de dire quoi que ce soit sur le Covid-19 et ses
ravages. Coupé de tout ce qui touche de près ou de loin aux réseaux sociaux,
l’Alsacien n’est pas de cette France devenue du jour au lendemain experte en
épidémiologie…
« Le confinement, c’est un peu la
trêve des confiseurs »
Mais alors, le ballon rond dans tout ça ? « Ça tombe bien qu’on
en parle, répond-il. On se demandait justement si le tirage au sort du prochain
tour de la Ligue des champions avait déjà eu lieu. J’étais incapable de dire
contre qui le PSG devait jouer… C’est grave ! On se croirait dans un camp
retranché ici (rires). »
Informé que ledit tirage est reporté, les 8es de finale n’ayant à ce
jour pas pu aller à leur terme, le septuagénaire enchaîne : « Ah ben
voilà, tout s’explique, merci ! Mais je vous rassure, ça n’a rien à voir
avec des problèmes de mémoire. Les noms des joueurs des années 50-60, je m’en
souviens par cœur, tous ceux que j’allais voir à la Meinau aussi. Là, ce
confinement, c’est un peu la trêve des confiseurs. Je ne vois plus les
classements évoluer, rien. Et le pire, c’est que ça ne me manque pas… »
Silence. « Mais quand le foot reprendra, ce sera comme un bain de
jouvence, le plaisir reviendra. »
Extraits d'un article paru dans les DNA, le 21 avril 2020
Une carrière à retrouver en:
Il débute l'arbitrage en 1962 et il est l'un des premiers arbitres à avoir une condition
physique lui permettant de suivre au plus près les actions. Il effectuait
parfois de véritables sprints. Ses gestes étaient parfois
comparés à ceux d'un danseur étoile de ballet. À la suite d'une tournée au
Brésil pour la préparation à la Coupe du monde de football de 1974, il est
surnommé le « Nijinski du sifflet »1. Par sa gestuelle presque caricaturale, il
parvenait à faire rire joueurs et spectateurs, désamorçant du même coup les
situations tendues.
Robert Wurtz fut élu cinq fois arbitre français de l'année
(1971, 1974, 1975, 1977 et 1978). Il arbitra deux finales de Coupe de France :
1973 et 1976. Il officia également à l'occasion de la Coupe du monde de
football 1978 et arbitra son dernier match officiel le 17 mars 1990.
L'un des épisodes les plus fameux de sa carrière mouvementée
eut lieu au Parc des Princes au cours
d'un match PSG-Auxerre. L'entraîneur
auxerrois, Guy Roux, vociférait depuis la touche, mais Robert Wurtz ne voulait
pas l'expulser afin de ne pas envenimer la partie. Il fit alors une de ces
facéties dont il avait le secret en glissant à genoux sur la pelouse humide du
Parc pour se retrouver devant Guy Roux, le suppliant d'arrêter en joignant ses
mains dans un geste de prière... Spectateurs, joueurs, remplaçants et Guy Roux
lui-même applaudirent ce geste, et la fin du match fut beaucoup plus sereine.