dimanche 2 octobre 2016

Rentrée 1956 chez Mademoiselle Caspar


Jean-Marc Hutt et Christian Kaempf (bac 1968) avec leurs amis ont souhaité célébrer le 60ème anniversaire de leur rentrée scolaire en classe de 11ème  le 10 octobre 2016.  Une date qui fut marquante !
Les retrouvailles ne négligeront pas les agapes dans les « annexes » du Gymnase, à côté d’une redécouverte des locaux de leur école.

L’on retrouve ces mêmes Jean-Marc Hutt et Christian Kaempf sous les traits passionnants de « limiers ès dents » dans un récent article des DNA. Après avoir fait leurs études de chirurgie dentaire ensemble ils travaillent de concert, entre autres, à l’Ordre des chirurgiens-dentistes où Christian Kaempf a occupé de hautes fonctions nationales: c'est d'ailleurs le seul alsacien à avoir occupé un poste au bureau national depuis la création des Ordres professionnels en 1946.

Ils ont encore été sollicités après les récents attentats : les chirurgiens-dentistes sont devenus experts de la reconnaissance de victimes. Les membres de l’association française d’identification odontologique confrontent leurs expériences à Strasbourg. Et parmi eux nos deux anciens élèves du Gymnase.


Une carte d’identité se falsifie, ou se vole, ou se perd. Pas moyen en revanche de se dissocier de son empreinte dentaire personnelle. Depuis notamment la catastrophe du mont Sainte-Odile, des dentistes spécialisés sont de plus en plus souvent appelés, en France ou ailleurs, sur des lieux de catastrophe pour tenter de reconnaître les victimes. Le docteur strasbourgeois Christian Kaempf notamment, qui est intervenu après le crash du mont Sainte-Odile, a vu émerger cette spécialité que l’on pourrait trouver macabre : l’identification de cadavres.

Parmi les cendres
Tout récemment à Nice, ou lors de précédents meurtres de masse, les autorités judiciaires et les médecins légistes ont choisi d’appeler des experts dentaires pour attribuer de manière formelle une identité à des corps pas forcément très abîmés, mais pour lesquels il était difficile de rassembler des éléments prouvant leur identité. « Lorsqu’il est possible de se procurer le schéma dentaire de la victime, auprès de son chirurgien-dentiste personnel, on peut établir de manière irréfutable qu’il s’agit ou pas de cette personne ».

Parfois, ce travail se fait sur place, comme lors de la catastrophe aérienne au mont Sainte-Odile ou après le tsunami, explique le Dr Jean-Marc Hutt, organisateur du congrès de l’AFIO avec le Dr Kaempf. Il a fait ces déplacements mais a aussi mené l’enquête dite ante mortem après les crashs de German Wings ou du Paris-Rio, ou plus récemment pour le dramatique accident de car de Puisseguin. « Il s’agit alors de retrouver le passé dentaire des personnes portées sur la liste des victimes, ce qui suppose d’être mobilisable rapidement ».
Sur les lieux mêmes de la catastrophe, « le dentiste a un regard particulier pour localiser parmi des fragments humains ceux qui pourront utilement servir aux actes d’identification. » Il vaut mieux ne pas avoir le cœur trop sensible, bien sûr. Accompagnés de la gendarmerie à l’étranger ou de la police sur le territoire français, les limiers dentaires établis notamment à Strasbourg savent comment orienter leur travail sur place. Ils ont suivi un diplôme universitaire spécialisé pour exploiter cette signature du corps humain qui peut résister aux pires cataclysmes. Lors de la catastrophe du tunnel sous le Mont-Blanc, des corps avaient subi le feu pendant des heures. Il a fallu passer les cendres au tamis pour récupérer des éléments dentaires. L’expérience de l’expert peut être utile pour trouver, selon les techniques de soin appliquées aux dents, des indices sur le niveau socio-économique ou l’origine géographique des victimes, souligne le Dr Hutt.

Dans une salle de médecine légale, l’opération est plus aisée. « L’identification peut être très rapide, en temps réel : le dentiste appelé délivre son expertise dès la table d’autopsie. »
Le recours croissant aux experts dentaires est expliqué par cette rapidité, mais aussi par la fiabilité du résultat : une empreinte dentaire est infalsifiable. Des tests sur l’ADN sont en comparaison plus compliqués. La reconnaissance visuelle ou digitale n’est quant à elles pas forcément possibles. Désormais, la pratique s’est banalisée : « On nous appelle tous les mois pour reconnaître des corps à la suite de découvertes macabres dans la nature », explique le Dr Kaempf.

DNA 28/09/16