Qui mieux que Jean-Paul Lingelser pour mener une visite de la cathédrale de
Strasbourg ? Visite à la fois érudite et accessible, portant sur des pans
entiers de l'architecture (quatre siècles de construction !) aussi bien que sur
des détails religieux méconnus.
En près de trois heures (que
l'on n'a pas vu passer), l'ancien président de la Société des amis de la
cathédrale a ainsi présenté une (infime) partie de son savoir sur l'édifice. Et
– osons la comparaison – tel le dalaï-lama- il y a quelques semaines, notre
guide d'un jour avait même avancé le début de la visite d'une demi-heure pour
prendre le temps de mieux expliquer les évolutions de la bâtisse – tantôt
romane, gothique, flamboyante, Renaissance…
Nous étions une vingtaine
d'Alumni à braver le froid de ce 13 octobre 2016 pour boire ses paroles,
découvrant ici un démon (même pas caché), là Aristote (mais pourquoi donc ?),
ou plus loin l'ingénieuse conception de l'horloge astronomique de Schwilgué,
qui poussa le raffinement jusqu'à prévoir les années bissextiles.
Il y a aussi, à l'intérieur
côté nord-est, dans l'un des rares endroits dans la pénombre, deux panneaux
méconnus d'origine protestante comportant les dix commandements, objets d'une
étude récente de Jean-Paul Lingelser, bientôt publiée.
En contrepoint, les vitraux
traversés par le soleil d'automne éblouissent, au sens propre comme au figuré.
Il faut y voir la grande histoire qui y est contée, mais aussi la petite
histoire (cherchez le jardinier avec la bêche !) qui passe inaperçue aux visiteurs
d'un jour – a fortiori aux Strasbourgeois qui, on le sait, ne pensent jamais à
observer l'édifice. D'ailleurs, les groupes ne peuvent pas trop s'attarder
pendant la visite, au risque d'être remis au pas par les gardiens : "La
visite doit être fluide !"
Tant de savoir réuni en un
seul homme est réjouissant, et la première idée qui vient à l'esprit après
l'écoute attentive d'un tel puits de science est de se procurer un livre de
référence dans la librairie la plus proche et de poursuivre la découverte ; par
exemple "La grâce d'une cathédrale" à La Nuée Bleue, qui comporte des
contributions de l'intéressé.
Antonio
Lagala