Cet
état d'esprit m'a assurément aidé au cours de mes études, ainsi que pour me
démarquer afin d'entrer aux Jeux Olympiques. L'objectif étant de montrer que je
pouvais contribuer à la réussite du plus grand événement du monde, de manière
très singulière et collective à la fois, convaincu de la force de notre
diversité d'éducation, de culture et de façon de penser.
Mon domaine professionnel est en pleine mouvance, car il
concerne des éléments en pleine explosion et en pleine démocratisation, comme
l'IA et la data. Le grand public commence de plus en plus à s'y intéresser, à
s'en méfier, à tenter de se l'approprier. Alors, dans un univers où toute
tentative fait de nous des pionniers, il est excitant de concevoir chaque
nouveau projet ou programme comme un défi dont il convient de s'assurer de la
légitimité et de la conformité au vu des lois et de l'éthique qui commence à se
développer autour. Il s'agit d'avancer en terrain inconnu, avec quelques
certitudes et beaucoup de variables. Alors, prise de recul et remise en
question sont de mise pour être en mesure de ne jamais perdre de vue le pourquoi on
fait ce que l'on fait.
Quels conseils donner ?
Avoir fait sa scolarité au Gymnase prodigue une rigueur et une organisation certaine, qui seront les alliées d'une vie, tant sur le plan professionnel que personnel. On s'habitue également à une forme d'exigence, dans le travail, l'attitude et la spontanéité synaptique et intellectuelle. De ce fait, là où beaucoup redoutent les CPGE, ce furent deux belles années en ce qui me concerne. En effet, je connaissais les attendus et l'exigence associée ; il me "suffisait" de me reprogrammer un cadre afin d'avancer sereinement durant ces 2 ans... le cadre dont j'avais l'habitude au Gymnase.
Ainsi, je conseillerais de ne jamais perdre ce qui a fait que nous sommes entrés au Gymnase : à savoir, notre désir ardent d'étendre nos connaissances, de stimuler nos esprits féconds, de satisfaire notre curiosité. Dans un monde de plus en plus robotisé et automatisé, le hasard et la spontanéité sont de plus en plus limités ; alors, à l'instar d'une mutation génétique aléatoire qui fait la richesse de notre génome, ne nous contentons jamais de "simplement" devenir des copies de nous-mêmes. Tout le monde peut contribuer, chacun à sa manière. Be the game changer !
Il convient alors d'être capable de s'adapter aux nombreux changements, que ce soit en termes de technologies, mentalités ou gouvernances. Ne jamais céder à la tentation de croire une doxa sans la remettre en cause, la challenger, l'investiguer. Chérir ce qui fait que notre espèce est sur Terre depuis si longtemps, à savoir notre formidable capacité à nous dépasser, à nous allier quand il le faut et réaliser de grandes choses ensemble. Comme le disait Antoine de St-Exupéry, "ce n'est pas dans l'objet que réside le sens des choses, mais dans la démarche". Ayons toujours cette envie ardente d'entreprendre, de concevoir et de créer ; tout en croyant fièrement en l'humain afin de récolter ensemble les pétales des fleurs que nous aurons semées.
Alors,
le danger serait de se replier sur soi-même, fuyant Aristote alors même qu'il
nous dit que "l'homme est un animal social". Ce repli
n'induirait que la peur et la haine de l'autre, et ne saurait être à l'origine
que de relations délétères et superflues, détruisant au passage toute tentative
de transformation pérenne de notre société.
Deux
exemples me permettent de mettre en valeur cette expérience : tout d'abord, le
ciblage de l'intérêt pour certaines disciplines des Jeux des supporters
existants dans notre base de données nous a permis de les fédérer et de les
tenir en haleine jusqu'aux Jeux ; l'objectif n'était pas tant que choisir
beaucoup de personnes, mais plutôt de choisir des personnes pertinentes. Par
ailleurs, mon autre exemple concerne le Main Operations Center -là où
l'exécutif est pour prendre toutes les grandes décisions-, pour lequel j'ai eu
l'idée de créer un tableau de suivi des sessions en temps réel des Jeux, qui
permettait à chaque instant t de savoir combien de sessions
étaient en cours, où elles avaient lieu, combien de spectateurs étaient
présents, combien de lignes de métro éventuelles étaient associées, etc...
Ainsi, on savait en tout temps et en tout lieu où les activités étaient
concentrées et quels indicateurs clés y étaient associés.
Un des grands défis durant le Games Time (ie : durant les Jeux) a été de savoir s'adapter aux nouveaux besoins remontés par les usagers, pour garantir de la performance et de la cohérence dans nos outils. Nous avons alors été amenés à naviguer dans Paris afin de tester le GPS que nous avions créé, afin d'infirmer ou valider son comportement vis-à-vis des routes fermées, des voies olympiques et des aires de stationnement sur les sites olympiques.
En
somme, cette double expérience fut extraordinaire, et je mesure la chance que
j'ai eue d'en faire partie. C'était un environnement challengeant, qui
autorisait chacun à proposer ses idées et à les défendre. L'envie de faire, ou
plutôt l'envie de bien faire prédominait ; la proactivité et
l'inventivité des équipes a été sans précédent. Nous avons réussi notre pari,
tous ensemble (malgré parfois les conditions météo ).
Nous
avons ouvert grand les Jeux. Au sortir de Paris 2024, c'est la fierté qui
prédomine ; la fierté d'avoir donné du bonheur à tous les Français et au monde
entier, et la fierté d'avoir contribué à la réussite de cet événement
planétaire, dont nous gageons que l'héritage en termes d'inclusion et
d'accessibilité saura transformer nos sociétés de manière pérenne.