Les Alumni du Gymnase ont organisé, le 15 mai 2017, une découverte de la Maison d’Arrêt de Strasbourg, grâce à l’entremise de Caroline Zengerlé (née Gassner, ancienne élève) une des responsables des lieux. Découverte qui a marqué tous les participants tant par ses aspects techniques qu’humains.
Antonio, notre scribe, a noté l’absence de
notre président bien-aimé et lui adresse l’appel ci-dessous.
Bon, nous espérons qu’il va quand même nous
revenir …
En prison !
Le 15 mai, seize
Alumni(e)s ont accepté une mission peu banale : visiter la Maison d'arrêt de
l'Elsau. Manquait toutefois à l'appel notre illustre Président – un certain JF
–, que l'on dit parti à l'autre bout du monde pour tenter d'échapper aux
pourtant sympathiques geôles alsaciennes. Désertion, ça s'appelle !
Cher Président, si tu
nous lis, reviens ! Tu seras bien installé, avec accès direct à l'autoroute.
Certes, les suites sont un peu étroites, mais elles disposent toutes de
sanitaires très pratiques : ils sont situés juste à côté de la porte.
S'agissant des douches, elles sont sur le palier, sauf chez les mineurs (une
vingtaine actuellement en villégiature, à peu près autant que les femmes).
Certes, il règne une odeur particulière dans chaque chambrée, mais on s'y
habitue, parole de surveillant ! Certes, on s'y entasse un peu : deux lits
superposés, auxquels s'ajoute un matelas délicatement disposé par terre. Mais
tu comprends, Président : une maison d'arrêt, ça ne peut refuser personne,
c'est la variable d'ajustement de la politique pénitentiaire – contrairement
aux centres de détention ou aux maisons centrales, où la question de la
surpopulation ne se pose pas. A l'Elsau, par exemple, on trouvera toujours un
petit matelas pour un Président en désertion : ils sont 617 détenus (dont une
vingtaine de femmes) pour 444 places, alors un de plus, un de moins… Respire,
Président : elle est loin, l'année où on dépassait les 800 !
Alors, reviens ! Quand
ils te coffreront pour ta subite désertion, que tu sois prévenu ou détenu, tu
seras logé au quartier des arrivants pendant au moins trois jours, où l'on
scrutera tes faits et gestes pour voir avec quel quartier tu es compatible. Et
en cadeau de bienvenue, un paquetage te sera offert : oreiller, serviette,
éponges (pas de personnel de nettoyage, c'est le gros hic), nécessaire de
toilette, assiette en verre et même fourchette en métal : eh oui, c'est pension
complète avec room service tout de même ! Seul le couteau te surprendra : il
est à bout rond.
Pour remplir le minibar,
tu pourras acheter de tout et de rien à la "cantine", contre quelques
euros : eau gazeuse, nourriture, et même cigarettes ! Et ce, à des prix défiant
toute concurrence. Si tu as les moyens, tu pourras acquérir une plaque vitro
pour chauffer ton café. Sinon il y a l'eau chaude au robinet. Tu pourras parler
à tes voisins simplement en criant, vers la porte ou vers la fenêtre, mais à
Strasbourg on est d'un tempérament plutôt calme, on sait se tenir, c'est pas
trop bruyant. Et si tu t'ennuies parce que la série télévisée qu'a choisie ton
coloc ne te plaît pas et que tu ne te sens pas de le bastonner – on sait vivre
–, tu pourras toujours bricoler un couteau pointu en bois, fabriquer une
machine à tatouer artisanale ou dissimuler ton mini-portable (la taille du
pouce) dans ta bouteille d'eau ou en sandwich dans tes semelles : fastoche, je
te montrerai ! Mais sois un peu original, le coup de la brosse à dents aux
poils fondus pour y insérer une lame de rasoir (et c'est pas pour la barbe,
hein), c'est complètement has been. Pour expier tes péchés, tu pourras même
aller parler à un aumônier, et participer à une cérémonie religieuse chaque
semaine.
Par contre, Président, si tu veux t'évader un peu, ce sera difficile : par exemple, le type qui s'est caché entre des cartons avant que la palette entre dans le camion a vite été retrouvé. En revanche, on pourra tenter de t'envoyer un colis de Noël par les airs, en le lançant par-dessus les murs.
Par contre, Président, si tu veux t'évader un peu, ce sera difficile : par exemple, le type qui s'est caché entre des cartons avant que la palette entre dans le camion a vite été retrouvé. En revanche, on pourra tenter de t'envoyer un colis de Noël par les airs, en le lançant par-dessus les murs.
Et quand ton heure sera
arrivée, au bout de cinq ou six mois en moyenne – jamais plus de deux ans,
rassure-toi –, tu pourras te diriger presque librement vers le secrétariat, un
open space où tu prépareras tes papiers de sortie. Alors, je te réserve une
place ?
Antonio