Né en France, Rolands Lappuke a
fait ses études à Strasbourg où vivaient ses parents, réfugiés politiques
après-guerre. L’ancien ambassadeur vit depuis 2016 en Lettonie, son pays marqué
par les totalitarismes nazi et soviétique et dont la société s’est en grande
partie engagée auprès des Ukrainiens.
Avec malice, Rolands Lappuke montre
l’adresse de la rue qui longe une partie de l’ambassade de Russie au cœur de
Riga. « En 2022, le parlement letton a décidé de rebaptiser cette voie en
“rue de l’indépendance de l’Ukraine” ».
Depuis trois ans maintenant, les
drapeaux jaune et bleu de l’Ukraine flottent devant les façades de certains
bâtiments publics ou édifices culturels. « Après le début de l’offensive
russe, les Lettons ont eu une réaction spontanée de soutien à l’Ukraine,
raconte Rolands Lappuke. Tous les jours, des centaines de gens se rassemblaient
devant l’ambassade pour soutenir les Ukrainiens. Les Lettons se sont mobilisés,
inéluctablement. Ils voyaient des chars russes franchir la frontière, les mêmes
qui nous avaient envahis en 1940 ».
Cet ancien diplomate a également
apporté son soutien et continue de le faire, notamment en participant à la
collecte de matériels, notamment des drones, qui partent ensuite vers le front.
« Nous sommes en guerre mentalement, assure-t-il. Nous sommes
reconnaissants de leur sacrifice ».
Ambassadeur
en Espagne, au Portugal, en France…
Né à Paris, Rolands Lappuke a longtemps vécu en Alsace où il a suivi une scolarité au Gymnase Jean-Sturm puis à l’université Louis-Pasteur où il a décroché un doctorat en neurosciences.
Il n’était pas acquis que cet homme
né en 1956 pose définitivement ses cartons dans un pays que ses parents avaient
fui après la guerre. « Quand je suis allé la première fois en Lettonie, en
1975, je me suis juré de ne plus y revenir ». La chape de plomb soviétique
l’en avait clairement dissuadé.
Et puis ses parents ne vantaient
pas vraiment les charmes d’une Lettonie durablement marquée par deux
totalitarismes : le communisme et le nazisme. « Je les mets sur un
pied d’égalité concernant le manque d’humanité », dit-il. Les musées de
l’occupation et du KGB (service de renseignement de l’URSS), au centre de Riga,
rappellent ad nauseam les horreurs des nazis et des Soviétiques. Tandis que les
premiers ont éliminé plus de 90 % de la population juive de ce petit pays
et de si nombreux partisans, les autres torturaient et tuaient les opposants au
régime de Moscou.
« N’oublions
pas que le pouvoir russe est impérialiste »
La main de fer russe hante toujours
les esprits lettons, notamment ceux qui ont justement connu l’annexion.
Aujourd’hui, « il n’y a pas de peur mais plutôt de l’appréhension dans la
société, estime Rolands Lappuke. Une invasion peut avoir lieu. N’oublions pas
que le pouvoir russe est impérialiste. Qu’est-ce qui pourrait
l’arrêter ? »
L’occasion de partager d’autres talents avec ses anciens et toniques condisciples lors de leurs retrouvailles ?